Cent papiers
Des papiers si j'en ai ?
C'est peut-être le vent qui me les a volés ?
Mon pardessus trop grand qui les aurait cachés ?
Où c'est chez moi ? Le ciel c'est mon toit,
L'horizon ma fenêtre,
Mon adresse est gravée sur l'écorce d'un hêtre.
Quel est mon nom ? M’en souviens pas
Demandez-le aux pierres, à l’averse, au vent
Avec qui je converse souvent.
Si je n'ai rien volé ? Oui ! J'en ai tant volés !
Des lapis lazuli des pépites aux ordures
Et des lacets pour mes souliers défaits !
Des copains si j'en ai ? Des tas !
J'en ai tant et tant que pour tous les compter,
Il y a bien trop de doigts sur les doigts d'une main !
Quel est mon âge ?
Combien d'hivers déjà ont enneigé ma tête ?
J'ai des années-lumière, des sillons de poussière
Gravés dans le creux de mes mains.
Enlevez ces menottes, ouvrez grand cette porte,
Que je m'en aille aux quatre vents.
Michelle Grenier
Moi qui ai noirci temps de papier
Derrière cela, que puis-je dire ?
Le sol de l'autre glisse sous mes pieds
Merci Michelle, guide le navire !
Danyel Camoin
Nègre bleu
Tapi comme un animal,
Peur aux entrailles,
Je suis le nègre bleu qui rame,
Lame de fond au fond des cales.
Plus vif que l’alizé, je courais,
Vibrant au galop des koras,
Arc bandé en plein zénith,
Tam-tam en cavale, je dansais,
Ivre de soleil et d’eau vive.
Je suis un baobab déraciné,
Un léopard indompté, indomptable,
Une bête féroce…
Je suis la note bleue,
Tatouée au cœur de mon âme,
Mise à nue jusqu’à l’os.
Je bats le pouls profond de la terre,
Et je chante la mélopée des griots …
Plus noir que l'ébène et que la suie,
Je suis le nègre bleu qui rit, étincelant.
Michelle Grenier
Toutes ces couleurs vont en avalanche
Et leur tête mise à prix sur la planche.
Je siffle enfin le jour de leur revanche :
D'une ligne bleue unir sur la blanche
Le noir avec l'indienne ce dimanche…
L'égalité, ce n'est pas dans la manche !
Danyel Camoin
Concours littéraire au Père Lachaise
A la fête des vers s'ouvrait un grand concours
Où sonnets et pantoums se donnaient libre cours,
De chenilles et larves rampant sous la bruyère.
Un spectacle de choix où l'on conte fleurette,
Ah ! Que c'est bon de vivre au raz des pâquerettes !
C'est ainsi qu'on put voir le ver du hanneton
Anonner un quatrain de sa composition.
En hommage à la mite, sa mimite qu'il aime.
En vers et contre tous, un ténia solitaire
Composa un pamphlet à pas piquer des vers.
Quel toupet, c'est navrant ! Couinait vermisseau
Qui tortillait tout seul entrechats et rondeaux.
Le beau ver du bourdon voulut lever le sien
Trinquer à la santé des académiciens,
Mais sa voix se perdit dans le charivari :
Lauréate du jour, grand prix de poésie
La luciole, encensée pour son ode à la terre
Eclipsa pour un soir Verlaine et Baudelaire.
Michelle Grenier
Une fête des vers, qu’en dirais- je, Madame ?
C'est une idée d'enfer qui me remuerait l’âme ;
La verve déployée sur ce bel étendard
Ramène l'asticot près de Frédéric Dard.
Danyel Camoin
Quand la muse est... Nicole…
Après Natacha, Alice, Mireille, Janine, Rosette, Denise et Carine...
Ce trimestre la muse-poète prend le visage de Nicole Mutez-Figueras
"Bercée depuis l'enfance par la littérature, la peinture et le théâtre, l'adolescence m'a orientée dans ces trois directions et depuis l'écriture et la peinture m'accompagnent sur le chemin de la vie."
Nicole
Cupidon
L’amour est suspendu en l’air
Comme planent les grands oiseaux
Quand ils ne savent pas encore
Quelle sera leur destination.
L'amour est suspendu dans l'air
Tel, en été le souffle chaud,
Brise légère frôlant nos corps,
Créant des douces émotions.
L'amour est suspendu dans l'air
Comme les notes d'un concerto
D'une mélodie, de deux accords
Sur un piano ou un violon !
L'amour est suspendu dans l'air
Pour enfin trouver son berceau
Dans deux coeurs, au clair de l'aurore,
Sous le regard de Cupidon !
À l’amour…
L'amour est un trapéziste
Qui joue sa vie sans filet ;
Son coeur flotte sur la piste
Cupidon, bien sûr, le sait.
L'amour est un funambule
Parachuté sans gilet.
Éclatez-moi cette bulle
Libérez la vérité...
Danyel Camoin
Pantomime
Comme un petit clown triste
Tu coules ton chagrin
Sur tes pommettes lisses
Maquillée de carmin.
Douleur !
Comme Polichinelle,
Grotesque et maladroit,
Tu cherches toujours celle
Qui te tendra les bras.
Illusion !
Marionnettes ou pantin,
Tu rebondis de joie ;
Légers, tes pieds, tes mains
Caressent du bout des doigts !
Bonheur !
Tel Pierrot dans la nuit,
Sous le clair de la lune
Tu chanteras aussi,
Voguant sur la lagune.
Amour !
Pour la pure Colombine,
Tes masques tomberont ;
Pour la douce Colombine,
Tes yeux se voileront.
Emoi !
Réponse de Danyel
Les couleurs se marient la nuit
Pour noyer la réalité...
Qu'est ce qui tuera notre ennui
Quand le temps sera alité ?
Courage ! Fuyons.
Où est notre authenticité ?
Qui est réellement lui-même ?
La tragédie de l'être humain :
Croire à son authenticité,
Alors que l'autre agit pour lui !
Imaginer tenir les rênes
Alors qu'il n'est plus qu'un pantin.
L'entourage et la société
Ont sa vraie nature endormie.
Ils lui inventent ses joies, ses peines...
Victime d'une mode, d'un destin
Pensés pour lui et imposés,
Lhomme ne gère plus sa vie.
Tragique condition humaine,
Imitations, rôles et emprunts
Des opinions, passions, pensées,
Menant droit à la parodie !
Où est notre authenticité ?
Authenticité utopique
Cultiver de l'authentique
Dans la troupe d'assistés,
C'est déjà être paria
Chez les moutons entravés.
Cela restant utopique
Mais le poète arrêté
Est au-dessus de l'aria,
Il peut encore rêver.
Danyel Camoin
A Aubagne, le 18 juin au cours de la journée dédiée à l'odyssée de la Fable, Provence-poésie offrait une table de dédicaces à son adhérente poète Nicole Mutez-Figueras (éditions La petite édition) dont le sourire illumine les stands afin qu'elle puisse présenter aux aubagnais, habitués de nos portes ouvertes sur réservation, ses livres et cd.
Elle ouvrira la journée par la lecture d'un de ses poèmes. Dans l'attente, on vous présente Nicole par des photos de Denise Biondo prises sur les stands de Garéoult.
Article Frank Zorra Photos Denise Biondo
DANS LES YEUX DE MA MERE
Dans les yeux de ma mère
Brille tant de soleil.
Elle a giflé la misère
Et m’a offert tout le ciel.
Courbée sous le mistral,
Sans jamais compter son temps,
Elle a soigné mon mal,
Fait fuir tous mes tourments.
La voir de bon matin,
Ce n’est que du bonheur.
Ça t’explose un chagrin,
Te flingue une terreur.
Le sourire de ma mère,
J’ai envie de le figer
Et pour la vie entière
Me le faire tatouer.
Dans son cœur grand ouvert,
J’ai pris beaucoup de place.
Pour elle, ces quelques vers
En guise de dédicace.
Réponse : Les yeux bleus de ma mère
Les yeux bleus de ma mère
Je les ai vus briller
Durant sa vie entière
Ils étaient mes alliés.
Les yeux bleus de ma mère
Je les ai vus s’éteindre.
Et Carine, sois fière…
De me les faire peindre
.
De la fumée s’échappe
De mon esprit en fusion.
La mémoire dérape
Au bord de la confusion.
Moi je trouve joli
De faire jongler les mots
Et de jouer aussi
Avec ces foutus maux.
Je valse avec les phrases,
A leur faire perdre la tête.
Les syllabes s’écrasent,
Etourdies par les lettres.
J’additionne les voyelles,
Enchaîne les consonnes,
Ainsi c’est grâce à elles
Que les phrases fonctionnent.
Et j’écris tous mes textes
Les larmes au bord du cœur.
C’est sûrement un prétexte
Pour noyer mes erreurs.
Réponse : Mots à maux de Danyel Camoin
Tant pis pour l’écrit vain
C’est la valse des mots
Ô mirage divin !
Qui écrase mes maux.
Dans la ronde des textes,
Les couleurs parchemin
Nous formeront prétexte
Pour continuer demain.
TOI, ÉMOI
Je croque à pleines dents
Dans notre amour naissant,
Tout en moi s’émoustille
En ce jour qui croustille.
Et je me donne à toi,
De l’amour plein les bras
Tels des bouquets de fleurs,
Moi, j’explose en couleurs…
De parfums, de senteurs,
Comme des milliers de roses
Déposées sur ton cœur
Dans une ultime osmose.
Je t’envie, je te veux,
Caresse ton auréole.
Tu es béni des Dieux,
Je te vois et m’envole.
Réponse :
Émoi et moi
C’est le vol de la vie
Sur une aile du vent !
Un sourire à la pluie,
Aux caresses du temps.
La rose tue le souci
Les éclats sont des rires
Durant ce printemps-ci
La planète soupire.
Quand la muse
est poète…
rubrique trimestrielle de la poésie :
à chaque poème répondre par un ou plusieurs quatrains
Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de
Co-auteur(e) de plusieurs recueils poétiques puis auteur du recueil de nouvelles ; Au bout des doigts et co-auteur de Entre Deux Eaux en 2013
C’est aussi la vice-présidente de Pp éditions
Et l’animatrice des causeries spectacles.
« Quelques syllabes musicales égaient les mots d’une portée fleurie »
"SÉRÉNADE POUR PIANO"
Denise Biondo
Sous mes doigts naît la musique,
Et mon cœur bat la chamade.
C'est un air si romantique,
La plus belle sérénade.
Chut ! Écoutez… c'est magique,
Elle émeut même un nomade.
Sous mes doigts naît la musique,
Et mon cœur bat la chamade.
Voletez notes rythmiques !
Pour adoucir sans brimade,
Les mœurs des gens colériques.
Pianotant la douce aubade…
Sous mes doigts naît la musique.
Les rondes Danyel Camoin
Heureuses notes sous ses doigts
D’autres voudraient être à leur place
Mais elles s’enfuient sur les toits
Glissant sur le marbre et la glace.
Vous, les pressés, pour une fois
Saisissez donc la clé qui passe,
Heureuses notes sous ses doigts
D’autres voudraient être à leur place
Jonglez avec chants et patois
Sur les portées de nos terrasses,
Souriez à un bémol d’émoi,
Jouez à connaître l’ espace,
Heureuses notes sous ses doigts.
ODE CITADINE
Je sais, c'est Aubagne qui m'habite
Il me plaît de sentir sa présence
Etonnée d'être ainsi sans limite,
De fondre devant l'incandescence.
J'aime plonger dans la lueur des feux
Pour m'immerger puis aimer sans compter,
La ville et moi ne faisant qu'un des deux,
Portant l'amour que l'on peut souhaiter…
Si la nuit recouvre mon visage
On lira combien mon corps s'éclaire…
Si je dois vivre sans son image
Alors, je n'aurais plus de lumière.
Denise Biondo
La réponse du mime…
Est-ce la cité qui l’illumine
Ou la réciproque qui m’anime ?
Et même si je ne suis que mime
C’est dans Aubagne que j’ai mon hymne.
Et que l’on m’excuse si ma rime
Ne pouvait être que féminine.
Danyel Camoin
Borély
Il existe un lieu méritant le détour,
J'en ai pourtant vu des attrayants paysages
Où la nature dispense ses atours
Mais dans ce parc s’ouvre un merveilleux voyage.
Avec ces divers jardins qui se succèdent,
Les belles allées sinuent autour d'un lac
Et la terrasse du château où j'accède
Entend les vagues de la mer et son flic-flac.
Faites un tour du côté de la roseraie,
Puis allez près de la cascade en rocaille
Le parfum des roses m'a toujours chavirée
Et l'homme aux oiseaux m'a chanté des sonnailles.
_______Texte de Denise BIONDO_________________
Voyage de Danyel Camoin
Suivez le guide
Son parfum naturel
Mène au sol aride,
Souvenirs de ce ciel,
Tirez la bride
Et le fleuve éternel
À vos corps humides
Offrira tout le sel.
__________________________________________________________________________________________
Denise présente depuis 2010 toutes les réunions de l'association et notamment toutes les lectures-spectacles gratuites
en portes ouvertes sur réservation ; elle est aussi l'une des sélectionneuses du pré-jury et la présentatrice de la remise des prix des deux concours.
Elle est aussi la trésorière chargée de tous les dossiers du secrétariat pour lesquels elle a mis en veilleuse son piano.
Mais elle est aussi décoratrice, correctrice et nouvelliste (recueil : au bout des doigts) et poète qu'on peut apprécier dans le petit guide poétique des trésors de Marseille et dans Tous les chemins mènent à Aubagne.
Voici un petit récapitulatif des spectacles présentés et des recueils où on peut la trouver :
en décembre 2010
en mars 2011
en juin 2011
en décembre 2011
en mars 2012
en juin 2012
en décembre 2012...
Article Nicole Manday
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Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de
« Partager l’émotion, merveille de la terre,
est ce qui m’a conduite à l’expression littéraire.»
Rosette
Hisse-toi mon cœur
Fini le temps de la bravade,
Au-dessus de la bousculade
Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.
Au-dessus des folies, tourments,
Colères et ressentiments
Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.
Au-dessus des feux et des cendres,
Des émotions et leurs méandres
Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.
Au-dessus des songes perdus,
Carrousel d’amours éperdus
Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.
Escalade, marche après marche ;
Vers la lumière bleue de l’arche
Hisse-toi mon cœur, hisse-toi
Vers la source…
Rosette
À cœur flottant…
C’est si dur de parler à un cœur
Au fond d’un univers qui se meurt,
Un cœur qui cherche à se protéger
Des rancœurs, car il est si léger !
Oui, notre cœur est souvent fragile
Face à des agressions d’imbéciles
Qui loin de tenter d’éterniser
Ne pensent souvent qu’à diviser !
Danyel Camoin
Solitude
Elle ne parvient pas à franchir cette impasse.
Elle se sent meurtrie, sans illusion, si lasse.
Elle est sans compagnon et bien seule aujourd’hui ;
Sa famille est au loin et ses amis aussi.
Des enfants radieux jouent tout près sur le sable,
Elle sourit un peu restant seule à sa table.
Au nom de quelle loi, pourquoi est-ce interdit
De l’aimer au grand jour ? Pourquoi est-ce maudit ?
Elle avait tant et tant donné à sa famille
Acceptant sans compter que les autres la pillent.
Insultée, bafouée comme une sale ordure
Alors qu’elle a vécu les amours les plus pures.
Aujourd’hui, elle est là sans lui à cette table,
Lui, écrit-il son nom, là-bas, loin sur le sable ?
Rosette
Cendres d’Amour
Le froid vient engourdir chaque braise,
Les mains qu’on serrait ne sont que glaise ;
Le vieux temps joue avec tout amour
Qui voulait rimer avec toujours.
Le ciel bleu met sa robe de deuil,
Le soleil ne franchit plus le seuil
Et l’on cultive, parmi ses rides,
L’une après l’autre, les fleurs du vide.
Danyel Camoin----------------------------------------------------------------------
Enfin ce jour là j'aurais pu
Fuir ma peine dans le lointain
Partir au loin vers l'inconnu
Mais j'ai fait le tour du jardin
Et les roses m'ont retenue
Dans un effort exaspéré
Elles ont tant parfumé l'aire
Tant lissé leur tissu moiré
Tant enfoncé racines en terre
Que je n'ai pu m'en arracher
Puis le vent du Nord malvenu
Et le grand soleil du midi
Ont eu raison de leur cœur nu
Sécheresse haine et mépris
Mes fleurs se sont évanouies
Mais avant de tourner la page
Aujourd'hui ton cœur est trop lent
(M'ont-elles dit dans leur langage)
Crois-moi partir il est grand temps
Alors j'ai pris la clef des champs
Rosette
Si loin de mes cyprès
Quand les si grands cyprès s’éloignent,
Que toute l’angoisse nous empoigne,
On conserve en battement de cœur
L’impression de perdre son bonheur.
Quand la machine s’est animée
Dans un gros nuage de fumée…
Dans des au-revoirs allant vaquer
J’ai vu s’éloigner mon pauvre quai.
Danyel Camoin
Vous pourrez bientôt retrouver Rosette dans son premier livret poétique : Que me dis-tu, mon coeur ?
en cours d'édition qui vous sera présenté à la rentrée le jour de l'assemblée générale et lors de la deuxième partie de l'atelier de Septembre 2012 si accord de l'auteur, Ainsi que dans son roman : Le rêve bleu.
Tous les livres de nos auteurs peuvent être commandés par l'intermédiaire de l'association.
A la demande de l'auteur, un petit supplément ci-dessous :
(Hommage à un poète disparu)
La lyre
Sais-tu que si l'archet du poète te charme
C'est par trop de bonheur, trop de rire, une larme.
Sais-tu combien son coeur fut maintes fois meurtri
Par un geste rageur, un regard qui l'a fui.
Connais-tu comme lui cette heure solitaire
Qui noue, enraciné à sa mère la terre ?
Connais-tu cette extase où le moindre frisson
Ebranle tout son être en ondes de passion ?
As-tu senti parfois ce trou dans la poitrine
Ce regard intérieur ne trouvant que la ruine ?
As-tu senti ce vide avec ces désirs fous
De ployer en avant et tomber à genoux ?
Chantes-tu haut la vie où quelqu'aurore allume
De ses feux enchantés les prés noyés de brume ?
Chantes-tu le bonheur comme font les enfants
Emerveillé, béat, malgré le poids des ans ?
Regardes-tu le ciel, le soleil, les étoiles,
La rosée au matin sans soulever leurs voiles ?
Plonges-tu dans les yeux d'un être au plus profond
Jusqu'à tisser un piège où ton âme se fond
Peux-tu le délivrer d'une phrase muette
Qui caresse pourtant d'un hochement de tête ?
Peux-tu sentir ce flot d'intarissable amour,
Ces efforts souvent vains pour l'offrir alentour ?
Cours au devant de lui, frémis avec sa lyre
Afin qu'un bel accord dans ton oeil clair se mire.
Cours chercher avec lui des trésors de bonheur ;
Alors, reconnaissant il t'ouvrira son coeur !
Rosette
article FZ
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Quand la muse
est poète…
rubrique trimestrielle de la poésie :
à chaque poème répondre par un ou plusieurs quatrains
Après Natacha, Alice et Mireille,
Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de
Janine RAVEL
Lauréate du grand prix du Conseil Régional
pour le concours de nouvelles 2012; « Inspiration libre »
«C'est la nature qui a guidé mes pas vers la poésie... »
Janine Ravel, de l'Académie de Provence.
Terre brûlée, assassinée.
Les longs spectres des pins la frimousse endeuillée,
Défilent au sommet du gris relief aride.
Et le sol orphelin vient de s’agenouiller ;
L’on voudrait sans un mot égayer son œil vide.
Sur son minois obscur c’est la désolation,
Le désert infini a torturé ses tripes.
Elle avait enfanté avec adoration,
La sylve aux beaux yeux verts débordant de principes
Savamment instaurés depuis la nuit des temps,
Des règles respectées par l’univers antique ;
Mais hélas l’homme un jour, et ce, depuis longtemps,
A manqué de respect à la loi fantastique.
Ô ! Lancinant décor où se perdent mes yeux,
Je n’entends plus chanter cigalons éphémères,
Quant au nid du coucou locataire audacieux,
Est parti en fumée amarré aux chimères.
À genoux pour ces fous, j’implore ton pardon,
N’étant pas l’un d’entre eux, que la raison m’en garde ;
J’attendrai patiemment la fleur bleue du chardon,
Écoutant jacasser, au loin la pie bavarde. Ma terre
Janine Ravel Future planète des singes,
Tu connais les fleurs de méninges!
Regarde ce qu’ils ont fait de toi
Sous le prétexte d’hisser leur toit.
Pourquoi ce parfum serait pire
Que les hommes et leur empire ?
Bientôt ils iront chercher ailleurs
Un sol lointain où l’air est meilleur !
Danyel Camoin
Poète des quatre saisons
Dis Poète… qui donc es-tu ?
Oh ! Je ne suis que peu de chose
Un p’tit bonheur inattendu
Au printemps où fleurit la rose.
Au ciel d’été, je vais chantant,
Je suis fourmi et puis cigale,
Mon verbe haut va s’exaltant
Au gré des jours, je suis loyale.
Mon cœur bat lent et fait tourment.
Au tourbillon de cet automne,
Rêvant d’amour discrètement,
Au vent du Nord, craintif, frissonne.
Me plaît à voir danser le feu,
Quand vient l’hiver chanter à l’âtre,
Les flammes jouent… je fais un vœu,
Fermant les yeux au mur d’albâtre.
Ami, si j’t’ai rendu heureux,
Tout en étant si peu de chose,
Viens donc vers moi ! Soit généreux !
Fait s’éclairer l’apothéose.
Janine Ravel
Dis, poète…
Danyel Camoin
Dis-nous, poète, que fais-tu ?
Oh ! Tu ne fais que peu de chose…
Et tu n’es rien ! Rien qu’un fétu
Qui soulève une apothéose !
Tu ouvriras notre horizon,
Fera jaillir la pluie en mots,
Au prix même de ta toison,
Du rayonnant ciel de hameau.
Et, poète, oui, tu le sais !
Terre, eau et feu sont passés ;
C’est de toi seul que nous viendront
Les Arts de cinquième saison.
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Doléances d'un fou
Traînant son pas sur la grand’ route,
Il a surgi d’on ne sait où,
Au point du jour que l’on rajoute…
À ce destin de chien et loup.
Evidemment il le redoute,
Tel le spectre d’un passé flou
Traînant son pas sur la grand’ route
Il a surgi d’on ne sait où.
Pour occulter vie en déroute,
Veut se tapir au fond d’un trou,
Aux nues rêver dessous la voûte,
Et oublier, qu’il n’est qu’un fou
Traînant son pas sur la grand’ route.
Janine Ravel
Poétesse et conteuse
Danyel Camoin
Même au sortir d’un cahier flou
L’inspiration en bandoulière
Sait nous donner un désir fou
De lire ses œuvres entières…
Quand chantent les pies dans le lierre,
Valse de mots revient vers nous,
Même au sortir d’un cahier flou
L’inspiration en bandoulière…
Elle a rejoint nos âmes fières
D’un simple jet, haussant le cou,
Prose et longs vers restent en nous
En s’intégrant aux littéraires,
Même au sortir d’un cahier flou.Le troisième trimestre, à cause des vacances, comprend les évènements du 10 septembre au 10 décembre 2011. La prochaine rubrique : Quand la muse est poète paraîtra donc en fin décembre sur la décision du bureau.
Pour succéder à Alice Hugo
Provence-poésie a désigné Mireille Talotti-Miau qui l'a représentée merveilleusement à la fête de la fable le 18 juin à Aubagne, fan d'Alice et partenaire fidèle de Provence-poésie depuis le début : Mireille a accepté.
Les poèmes : poétesses, mes soeurs, un coeur de rose et le baiser viennent donc de rencontrer une réponse plus ou moins directe de Danyel Camoin: Mes muses,Stances à Mireille et Rondel de rose... poèmes en italiques que vous pouvez voir ci-dessous ; ceux qui n'ont pas Internet recevront le périodique après les fêtes.
LE BAISER
Quoi de plus chaste et de plus convenable,
Apparemment, qu’un baiser sur la main
Qui se veut bref, mais n’a d’autre dessein
Que d’investir une bouche adorable ?
De compliment en frôlement hardi,
Savoir ruser car lorsqu’on veut séduire,
Il faut oser et braver l’interdit
En se moquant de se faire éconduire.
Le but visé : voir succomber la belle,
Aux longs frissons qui courent sur sa peau,
Et, à l’instant où l’oiseau n’a plus d’aile :
Sur ses deux lèvres planter son drapeau.
Stances à Mireille
Le doux baiser de Mireille
Vincent a prêté l'oreille
Et ce n'est pas drapeau qui sommeille
C'est un étendard qu’elle émerveille...
Tous en Provence rêvent de Mireille
Alignant ces mots sortis de la treille,
Et c'est bien pourquoi la muse est pareille...
À ces poètes des couleurs vermeilles.
POETESSES, MES SŒURS !
Femmes de Poésie, ardemment, nous offrons
Notre cœur à l’Humain, notre tête à l’Etoile.
Fidèles à nos mots, nous avançons nos fronts,
Pénélopes, sans fin recomposant la toile.
Nous faisons au papier l’offrande de nos maux
Pour que croisse cet arbre à la branche orpheline
Et avons, à la plume, accroché des rameaux,
Refusant d’un seul chœur toute voix sibylline.
Le présent se nourrit d’une riche mémoire
De poèmes choisis d’où percent nos valeurs
Où la rime, en prenant les reflets de la moire,
Peuple notre univers d’ineffables couleurs.
Poétesses, mes sœurs, nos âmes se confondent
En un chant silencieux qui n’appartient qu’à nous,
Et qui donne à nos vers cette lyre profonde :
L’écho de ces soupirs, je l’écoute à genoux.
Frangine !
C'était presque argotique,
Fondu ésotérique
Qui rappelle les années d’angine,
Lorsque je ne parlais pas.
Lorsque j'étais cet inconnu,
Perdu dans les écrits de ses pas.
J'allais seul et presque nu
Puisque ne vous voyant pas.
Maintenant, ma voix chemine…
Aujourd'hui, vous êtes là !
Frangines.
Un cœur de rose
Dans mon jardin est une rose
Avec un cœur qui bat, qui bat...
Elle veut dire quelque chose,
Mais nul n’écoute de son débat.
Tôt le matin coulent des larmes
Sur ces pétales de taffetas.
Dès qu’on lui parle de ses charmes,
Elle se plaint de son état :
On ne vient de voir que sa corolle,
Sa robe rose, sa beauté,
Puis sans un mot ni protocole,
Dans un panier se fait jeter.
Briller jusqu'à l'heure dernière
En conservant sa majesté,
C'est là son ultime prière
Tout en rêvant d'éternité.
Dans mon jardin pleure une rose
Avec un cœur qui bat, qui bat,
Écoutez-la dire sa prose
Pour adoucir son fier combat.
Rondel(le) de rose
Effeuillant ses larmes de satin,
Dans la chaleur que l’on amoncelle
La rose riait sous le sapin,
Avec un éclat de jouvencelle.
Ma rose rencontre son destin
Sous l’éclat troublé de nos prunelles,
Effeuillant ses larmes de satin,
Dans la chaleur que l'on amoncelle.
Alors elle gît dans le sapin,
Car nulle fleur ne reste éternelle,
Ainsi chacun obtient son lopin,
Silencieuse et lente ritournelle,
Effeuillant ses larmes de satin.
Nous vous rappelons que vous pouvez retrouver Mireille dans le petit guide des trésors de Marseille ou dans son recueil personnel l'heure Bleue et bientôt dans les chemins d'Aubagne... avec dix-neuf auteurs réunis autour d'un hommage à Paul Dol et Robert Bruguière.
Mireille fait également partie des auteurs retenus dans le guide pour le dvd de l'anniversaire du comité du vieux Marseille (Avec Danyel Camoin et Jean Difusco)
Merci Mireille et à bientôt...
Ci-dessous les précédentes muses poètes :
Le deuxième trimestre 2011 se termine pour Provence-poésie par deux journées exceptionnelles : l'odyssée de la Fable le 18 juin et la remise des prix de l'Académie de Provence le 26 juin.
Nous ne manquerons pas de les retracer dans notre périodique à paraître avec la présentation à la Médiathèque en Avril, les salons du mois de mai, la journée dédiée au dieu vent à Longchamp et les arcades de Nyons en Juin avec la fête de l'olivier au retour.
Mais ce trimestre, c'est Alice Hugo, grand prix du recueil des Apollons d'or et prix d'honneur de la Nouvelle à Aubagne qui sera la muse poète pour notre rubrique.
(Le canotier, la fragilité des promesses et Alice et le Hérisson prendront place dans le feuillet réservé avec les poèmes réponses de Danyel Camoin)
Dans l'intervalle, la photo ci-dessous montre Alice lors de son duo avec Danyel à Aubagne pour Le guetteur de chimères. Les autres textes suivent...
LE CANOTIER
Sous la brise légère, un fringant canotier
S'alla poser sans bruit aux pieds de
la baigneuse,
Dont la peau ruisselait de la vague fougueuse
Qui s'était pourléchée à son ample bustier.
Se croyant solitaire en cette anse sauvage,
La belle frissonna,
nonobstant la chaleur
Et, jetant alentour un œil inquisiteur,
Emprisonna son sein dans une main en cage.
Puis elle se saisit du couvre-chef volant
Pour en faire un rempart
à sa nudité blonde,
Espérant que jamais, sur la terre et sur
l'onde,
L'on ne devinât point son trouble pantelant.
Le galant décoiffé, ignorant de la chose,
Dévalait le talus,
cherchant son galurin ;
Le tableau qui s'offrit à son regard
coquin,
Ebranla tous ses sens en une apothéose.
L'ingénue, de son drap se fit un oripeau,
Lâchant, dans son ardeur,
l'objet de convoitise
Que le quidam huma telle une friandise,
Jurant que jamais plus il n'irait sans chapeau !
Alice Hugo
Moi qui n'ai jamais pu couvrir ma tête
Sous ce couvre-chef, j'aurais fait la fête.
J'eusse aimer une fois, une fois seulement,
Sentir sur mon front ce courant aimant…
L'empreinte des doigts maquillant le bord,
Sous le parfum chaud d'un fringant abord,
Dont imaginer la sublime étreinte,
Laisserait l'âme à jamais atteinte.
Combien de Vénus, cachant leur peau lisse,
Courant au cours d'eau avec ce complice
Auraient eu, céans, réflexe amusant,
D'en utiliser mon bien comm’ collant ?
Sans détour, souffrez que parfois je puisse
Vêtir ma pensée à ces vers d'Alice
Et lui adresser, sans un oripeau,
Un véritable grand coup de chapeau !
Danyel Camoin
Je n'ai que faire des promesses
Qui fragilisent les saisons
Et vos beaux discours, vos caresses,
Ne sont pour moi que vils poisons !
Ah ! Prenez garde que vos fesses
Ne goutte au feu des tisons.
Je n'ai que faire des promesses
Qui fragilisent les saisons.
N'espérez plus en mes faiblesses
Que vous sublimez de visons
Vos serments sont des forteresses,
Moi qui déteste les prisons
Je n'ai que faire des promesses.
Alice Hugo
Réponse à Alice Hugo
Je ne ferai pas de promesse
Et n'ouvrirai pas ma maison.
Comme à la Diane chasseresse
Je vénérerais la toison.
O ma divine pécheresse.
Je rapprocherai l'horizon.
Je ne ferai pas de promesse
Et n'ouvrirai pas ma maison.
Je sais que ma grande faiblesse
C’est de rallumer un tison
Mais sur la vague enchanteresse,
Au tremblement de ma raison
Je ne ferai pas de promesse.
.
Danyel Camoin
Si vous connaissez Alice et le hérisson :
sur le blog dans les coups de cœur de Danyel
voici la réponse
Alice et le troubadour
Que n'ai-je été simple hérisson
Pour avoir croisé certains jours Alice
À ces moments creux de chaque chanson
Parmi multiples peurs et quelque vice
Pour qu’elle garde mon vieux pas perdu
Par son grand cœur d’or dans son doux calice.
Qu’honneur maintenant lui soit donc rendu
Pour que le conseil cet ange me glisse
Au creux de l'oreille offerte simplement,
Afin que jamais plus ne s’immiscent
Les profondes peurs de ce vieux tourment
Sur l'homme pour qui ces vers sont délices.
Maudit fus-je d’ne point prendre sa main
Au lieu de courir vers ces aventures
Au creux tout tordu de mauvais chemin
Qui ne menait qu’à de fausses parures !
Pour être sacré des courants de vie
Il convient céans d’être bien piquant.
Ceux qui n’ont pour eux qu’un élan d’envie
Peuvent retourner voir le rat des champs.
Danyel Camoin 2010
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EN VERS... ET CONTRE TOUT
La poésie se meurt. Le Poète agonise.
La muse, aux fers du temps, s’est lentement soumise,
Réduite par le joug d’une banalité
Jetant nos idéaux dans la fosse publique,
Et nous asservissant au tube cathodique
Sous couvert d’actualité !
Sonnets, pantoums, maillets, oriflammes des rimes,
Votre encre s’est lavée en de sombres abîmes
Où les sens corrompus ont enchaîné l’esprit.
Noyé l’alexandrin ! Coulé l’octosyllabe !
Fracassé le quatrain dans les pinces du crabe !
L’image a dilué l’écrit.
Pourtant… Que de trésors dans le vocabulaire
Quand il s’offre à la feuille en vague épistolaire,
Et quel plus grand bonheur que de conter en vers
Des chroniques de vie, entre bonheur et peine,
Exposant aussi bien - et sans mauvaise haleine -
Le contenu des faits-divers !
Lire ! Non, seulement, que des romans de gare,
Des Goncourt, des essais où la raison s’égare,
De barbares récits, contes de malemort
Qui ne font qu’alourdir votre fardeau d’angoisse,
Mais de nobles recueils où pas un trait ne froisse
Dans la liberté du transport.
Lecteurs ! Ne laissez pas mollir votre cervelle !
L’art de la prosodie et sa lyre immortelle
Peuvent sans coup férir vous enseigner autant.
La muse des anciens s’est tenue à la page,
Elle dit le vécu sans nul caviardage,
D’un ton moderne et exaltant.
Ouvrez les manuscrits ! Récitez des poèmes !
Ecoutez le refrain généreux des phonèmes
Offrant à l’intellect tant de raffinement.
Voyez ! L’ombre des mots à vos yeux s’illumine,
Chassant de votre cœur le fiel qui calamine
Les rouages du sentiment.
Et vous, grands éditeurs, censeurs des temps modernes,
Vos comités ne sont que des nids de badernes
Où les contributeurs n’élèvent qu’une voix,
Celle qui fait écho dans le fer de votre âme,
Tandis qu’en vos maisons vous consacrez l’infâme :
« Ci-git la poésie en croix ».
Sera- t’il parmi vous un sujet moins rigide
Conférant aux rimeurs l’appui de son égide ?
Lequel, abolissant l’anathème indécent
Qui signe le trépas des enfants du Parnasse,
Un seul, moins boursouflé d’un pyrrhonisme crasse,
Se montrera munificent ?
Producteurs ! Rédacteurs ! Chroniqueurs d’opérette !
Mornes littérateurs au zèle de soubrette
Dont l’éclat s’affadit sous le vernis mondain,
Vous croyez-vous nantis d’un talent d’aristarque
Tandis que vous tissez, au fuseau de la Parque,
Le brocart de votre dédain ?
Allez-vous rester sourds, aveugles, inflexibles
Au prétexte vénal des audimat futiles,
Les synapses soudées au sceau du coffre-fort ?
Lequel s’élèvera de ces puits d’indigences ?
Un seul, pour exalter de nobles émergences :
Celles du cœur et de l’effort !
Vous tous, qui fustigez la sotte platitude
Des textes solfiés n’offrant que lassitude,
Tirez le jus fécond des novices auteurs !
Les Illustres sont morts : vive la Jeune Flamme !
Ne l’entendez-vous pas quand sa plume réclame
L’oreille des compositeurs,
Et l’intérêt hardi des hommes de théâtre
Serinant à l’envi leur emploi de bellâtre
Alors que tant d’opus dorment dans les tiroirs,
Des textes inédits, œuvres contemporaines
Que rongent le mépris et vos lois souveraines,
Plus sordides que des mouroirs !
J’en appelle au sauveur du verbe poétique,
A celui dont la sève est d’essence authentique
Et qui lira ces mots encrés de ma ferveur ;
Un seul, plus éclairé, plus courageux sans doute,
Dont je salue ici l’éventuelle écoute,
Espérant qu’il loge un rêveur…
Alice Hugo
Réponse
Et que nous reste-t-il ?
Espoir, je te saisis dans ton ultime vol
Car la poésie est en état de viol !
Toutes ces clameurs qui haussent une bannière
Ont fait jaillir mon loup bien loin de sa tanière.
Pour mordre plagiaires et autres visiteurs,
Ces peuples sans idée assemblés en voleurs
De ces oeuvres peinées souvent par tant des nôtres,
Qui versifièrent à la lueur des âtres,
Extirpant par les mots tout le sang de leur cœur …
Face à tout éditeur, marchandant la valeur,
Développant ainsi nombreuses injustices,
Qui refoule la plume en faveur du factice !
Danyel Camoin 2010
Trimestre précédent_______________________________________________________________________
Le premier trimestre 2011 s'est terminé ; trimestre trés chargé pour Provence-poésie, avec le concours de nouvelles dont la gagnante a été justement invitée à être la muse de la rubrique trimestrielle face à la réponse en quatrain du président.
Nous vous invitons à découvrir avec nous le côté poète de la nouvelliste de "Peignez vos rêves"...
Danyel Camoin présente (avec l'autorisation de la muse)
Quand la muse
est poète…
rubrique trimestrielle de la poésie :
à chaque poème répondre par un quatrain
Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de
Lauréate du grand prix de la nouvelle de la ville d’Aubagne
pour le concours 2011 ; « En Provence »
« J’ai été très tôt happée par un monde littéraire plus passionnant peut-être que ma vision du monde officiel »
Natacha
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L’Homme
Ainsi, on prête à l’Homme un cœur qui se débat
Ainsi, s’offre à l’Homme une vie jusqu’au trépas
Il joue en scène un rôl’ qu’il ne connaît pas
Ainsi, il court, il va et puis ne revient pas.
Il s’éveille un matin paupières entr’ouvertes
Découvrant tout et rien sur son nouveau décor
Membres agités dans une danse imparfaite
Encor’ tout effrayé de ce présent record.
Puis la fleur s’ouvre alors à l’aube de sa vie
Un masque de jeunesse est porté malgré lui
La Peine et le Bonheur s’imposent jusqu’ici
Bout d’être s’émerveille et peu à peu grandit.
Insouciance flétrit face à Maturité
S’égrènent ses hivers, on parle d’Age d’Or
Le Temps, son ennemi, le Temps lui est compté
Cœur et Expérience sont ses nouveaux trésors.
Et l’Homme est cruauté, mais bon, quoi qu’il en soit
Il se prépare pour son ultime patrie
Paré puis orné, il obéit à la Loi
Du théâtre du monde il prépare sortie.
Natacha Rosso
Mais que serait un Homme éperdu sans la flamme ?
Sans la muse aurait-il jamais pu s’envoler ?
Son avenir mourrait sans le cœur d’une Femme
Plongeant dans le tableau pour l’amour dévoiler.
Danyel Camoin
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Les photographies
Ils sont tous enfermés dans un cadre de verre
Multitude apparente en des lieux ordinaires
Bonheur palpable, événements célébrés
Ces gens que l'on connaît et que l'on a aimé.
Ils sont bien enfermés dans un cadre de bois
Liens ineffaçables ou grands moments d’émoi
Toi, l'ami disparu, un beau jour revenu
Toi, le tendre aimé, à qui tu ne parles plus.
Ils sont bien enfermés dans un cadre de pierr'
Disponibles à jamais, ceux que tu ne vois plus
Ces gens que tu aimes, tous ces venus d’hier
Ils sourient encore ces nombreux disparus.
L'amour est enfermé dans un cadre de verre:
Au cœur de cette foule un être solitaire,
Personnes uniques encerclées de passants
Vous êtes fantômes mais demeurez présents.
L'amour est bien scellé dans un cadre de bois,
Les souvenirs patients disant "regardez-moi"
Toi, l'ami retrouvé, un beau jour reparti
Toi, l'aimé regretté, de nouveau attendri.
Et l'amour s'est laissé enfermé simplement
Puis, de pierre, de bois, ne s'est pas dit vivant
Puisqu'il s'est glissé dans notre cadre de verr’
Il s'écoute à présent et se raconte en vers.
Natacha Rosso
Les meilleurs souvenirs se reposent sur l’âme,
Et nos coeurs empêchent les défunts de mourir.
La mort ne devient vraie qu’au jour où l’oubli brâme
Heureux qui de la muse a gardé le sourir’.
Danyel Camoin
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La Liberté
De sa lucarne sombre il mire le lointain
Ses mains translucides caressent les barreaux
Il suppose ainsi que l’objectif est atteint
Effleurer ce ciel qui encercle les bateaux.
Les feux de fin d’un jour animent ses yeux noirs
Le crépuscule inonde un angle de ses joues
L’oiseau majestueux devient son seul espoir
De son aile immense il est un peu jaloux.
Front collé à sa cage et jusqu’à la douleur,
Il ne craint aucun mal car le rêve est si beau
Il s’imagine caméléon pour une heur’
Mais seul le gris des murs lui colore la peau.
Libre, l’oiseau se pose au gré de son humeur,
Tous les passants errent au hasard des chemins
Les écrivains-conteurs nous inventent des leurr’s
Le pauvre vagabond n’écoute plus sa faim.
Vu de sa fenêtre, la nature est poème
Mais qui prétend connaître une réalité ?
Alors qu’adviendra-t-il des flâneurs, des bohèmes ?
Une aile déployée peut-elle être abîmée ?
L’homme se retourne, le verrou est ouvert :
« Prisonnier, tu es libre et tu peux t’en aller ! »
« Je reste encore un peu » dit-il assis par terr'
« C’est d’ici que je vois le mieux la Liberté ».
Natacha Rosso
La Liberté n’est que le choix de sa prison,
Son âme chevauche le vieux coursier fourbu
Qui se heurte aux ailes de la forte raison
Au fond de l’univers violé pour le tribut.
Danyel Camoin
Article Nicole Manday