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Quand la muse est...
Ce trimestre 2014 c'est Michelle Grenier qui relève notre flambeau
La muse-poète
apporte à notre moulin trois poèmes fabuleux
qui seront répercutés dans la rubrique du périodique (parution janvier).
Voici les trois poèmes avec les réponses du président.
Retrouvez Michelle dans la rubrique : nos auteurs à l'honneur

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Cent papiers

 

Des papiers si j'en ai ?

C'est peut-être le vent qui me les a volés ?

Mon pardessus trop grand qui les aurait cachés ?

Où c'est chez moi ? Le ciel c'est mon toit,

L'horizon ma fenêtre,

Mon adresse est gravée sur l'écorce d'un hêtre.

Quel est mon nom ? M’en souviens pas

Demandez-le aux pierres, à l’averse, au vent

Avec qui je converse souvent.

Si je n'ai rien volé ? Oui ! J'en ai tant volés !

Des lapis lazuli des pépites aux ordures

Et des lacets pour mes souliers défaits !

Des copains si j'en ai ? Des tas !

J'en ai tant et tant que pour tous les compter,

Il y a bien trop de doigts sur les doigts d'une main !

Quel est mon âge ?

Combien d'hivers déjà ont enneigé ma tête ?

J'ai des années-lumière, des sillons de poussière

Gravés dans le creux de mes mains.

Enlevez ces menottes, ouvrez grand cette porte,

Que je m'en aille aux quatre vents.

 

Michelle Grenier

 

 

 

 

 

Moi qui ai noirci temps de papier

Derrière cela, que puis-je dire ?

Le sol de l'autre glisse sous mes pieds

Merci Michelle, guide le navire !

 

 

Danyel Camoin

 

Nègre bleu

 

Tapi comme un animal,

Peur aux entrailles,

Je suis le nègre bleu qui rame,

Lame de fond au fond des cales.

Plus vif que l’alizé, je courais,

Vibrant au galop des koras,

Arc bandé en plein zénith,

Tam-tam en cavale, je dansais,

Ivre de soleil et d’eau vive.

Je suis un baobab déraciné,

Un léopard indompté, indomptable,

Une bête féroce…

Je suis la note bleue,

Tatouée au cœur de mon âme,

Mise à nue jusqu’à l’os.

Je bats le pouls profond de la terre,

Et je chante la mélopée des griots …

 

Plus noir que l'ébène et que la suie,

Je suis le nègre bleu qui rit, étincelant.

 

 

Michelle Grenier

 

 

 

Toutes ces couleurs vont en avalanche

Et leur tête mise à prix sur la planche.

Je siffle enfin le jour de leur revanche :

D'une ligne bleue unir sur la blanche

Le noir avec l'indienne ce dimanche…

L'égalité, ce n'est pas dans la manche !

 

 

Danyel Camoin

Concours littéraire au Père Lachaise

 

A la fête des vers s'ouvrait un grand concours

Où sonnets et pantoums se donnaient libre cours,

Lyrisme et fantaisie enchantaient un parterre

De chenilles et larves rampant sous la bruyère.

Un spectacle de choix où l'on conte fleurette,

Ah ! Que c'est bon de vivre au raz des pâquerettes !

C'est ainsi qu'on put voir le ver du hanneton

Anonner un quatrain de sa composition.

En verve, l'asticot déclama un poème

En hommage à la mite, sa mimite qu'il aime.

En vers et contre tous, un ténia solitaire

Composa un pamphlet à pas piquer des vers.

Quel toupet, c'est navrant ! Couinait vermisseau

Qui tortillait tout seul entrechats et rondeaux.

Le beau ver du bourdon voulut lever le sien

Trinquer à la santé des académiciens,

Mais sa voix se perdit dans le charivari :

Lauréate du jour, grand prix de poésie

La luciole, encensée pour son ode à la terre

Eclipsa pour un soir Verlaine et Baudelaire.

 

 

Michelle Grenier

 

 

 

Une fête des vers, qu’en dirais- je, Madame ?

C'est une idée d'enfer qui me remuerait l’âme ;

La verve déployée sur ce bel étendard

Ramène l'asticot près de Frédéric Dard.

 

 

Danyel Camoin

 

 

précédent trimestre :----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Quand la muse est... Nicole…

Après Natacha, Alice, Mireille, Janine, Rosette, Denise et Carine...

Ce trimestre la muse-poète prend le visage de Nicole Mutez-Figueras

 

 

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"Bercée depuis l'enfance par la littérature, la peinture et le théâtre, l'adolescence m'a orientée dans ces trois directions et depuis l'écriture et la peinture m'accompagnent sur le chemin de la vie."

Nicole

 

Cupidon

L’amour est suspendu en l’air

Comme planent les grands oiseaux

Quand ils ne savent pas encore

Quelle sera leur destination.

 

L'amour est suspendu dans l'air

Tel, en été le souffle chaud,

Brise légère frôlant nos corps,

Créant des douces émotions.

L'amour est suspendu dans l'air

Comme les notes d'un concerto

D'une mélodie, de deux accords

Sur un piano ou un violon !

L'amour est suspendu dans l'air

Pour enfin trouver son berceau

Dans deux coeurs, au clair de l'aurore,

Sous le regard de Cupidon !

 

 

À l’amour…

 

L'amour est un trapéziste

Qui joue sa vie sans filet ;

Son coeur flotte sur la piste

Cupidon, bien sûr, le sait.

L'amour est un funambule

Parachuté sans gilet.

Éclatez-moi cette bulle

Libérez la vérité...

Danyel Camoin

Pantomime

 

Comme un petit clown triste

Tu coules ton chagrin

Sur tes pommettes lisses

Maquillée de carmin.

Douleur !

Comme Polichinelle,

Grotesque et maladroit,

Tu cherches toujours celle

Qui te tendra les bras.

Illusion !

Marionnettes ou pantin,

Tu rebondis de joie ;

Légers, tes pieds, tes mains

Caressent du bout des doigts !

Bonheur !

Tel Pierrot dans la nuit,

Sous le clair de la lune

Tu chanteras aussi,

Voguant sur la lagune.

Amour !

Pour la pure Colombine,

Tes masques tomberont ;

Pour la douce Colombine,

Tes yeux se voileront.

Emoi !

 

Réponse de Danyel

 

Les couleurs se marient la nuit

Pour noyer la réalité...

Qu'est ce qui tuera notre ennui

Quand le temps sera alité ?

Courage ! Fuyons.

Où est notre authenticité ?

 

Qui est réellement lui-même ?

La tragédie de l'être humain :

Croire à son authenticité,

Alors que l'autre agit pour lui !

Imaginer tenir les rênes

Alors qu'il n'est plus qu'un pantin.

L'entourage et la société

Ont sa vraie nature endormie.

Ils lui inventent ses joies, ses peines...

Victime d'une mode, d'un destin

Pensés pour lui et imposés,

Lhomme ne gère plus sa vie.

Tragique condition humaine,

Imitations, rôles et emprunts

Des opinions, passions, pensées,

Menant droit à la parodie !

Où est notre authenticité ?

 

 

 

 

Authenticité utopique

Cultiver de l'authentique

Dans la troupe d'assistés,

C'est déjà être paria

Chez les moutons entravés.

Cela restant utopique

Mais le poète arrêté

Est au-dessus de l'aria,

Il peut encore rêver.

Danyel Camoin

A Aubagne, le 18 juin au cours de la journée dédiée à l'odyssée de la Fable, Provence-poésie offrait une table de dédicaces à son adhérente poète Nicole Mutez-Figueras (éditions La petite édition) dont le sourire illumine les stands afin qu'elle puisse présenter aux aubagnais, habitués de nos portes ouvertes sur réservation, ses livres et cd.

Elle ouvrira la journée par la lecture d'un de ses poèmes. Dans l'attente, on vous présente Nicole par des photos de Denise Biondo prises sur les stands de Garéoult.

nicole.jpg

clients

 

Article Frank Zorra Photos Denise Biondo

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Trimestre précédent :
Carine Canu de l'Académie de Provence devient la muse du trimestre. Primée plusieurs fois en poésie chez nos amis de l'Académie poétique et littéraire de Provence et des Troubaïre Gemenen, à La Bouilladisse et à Gémenos, Carine a écrit des sénarios de films et en association avec Marie-Claude Collon-Castanier, Amélie Bannelier, Thérèsese Castex et une de nos adhérentes et amies: Josette Pons, un recueil poétique baptisé Insolite. Aujourd'hui, elle a été choisie parmi de nombreuses poétesses par le président de Provence-poésie pour être la muse-poète du trimestre.
(La prochaine muse en juin devrait être Nicole Mutez-Figuerras de la petite édition, également sur la liste des adhérents de Pp.)
canu.jpg

DANS LES YEUX DE MA MERE

Dans les yeux de ma mère

Brille tant de soleil.

Elle a giflé la misère

Et m’a offert tout le ciel.

 

Courbée sous le mistral,

Sans jamais compter son temps,

Elle a soigné mon mal,

Fait fuir tous mes tourments.

 

La voir de bon matin,

Ce n’est que du bonheur.

Ça t’explose un chagrin,

Te flingue une terreur.

 

Le sourire de ma mère,

J’ai envie de le figer

Et pour la vie entière

Me le faire tatouer.

 

Dans son cœur grand ouvert,

J’ai pris beaucoup de place.

Pour elle, ces quelques vers

En guise de dédicace.

Réponse : Les yeux bleus de ma mère

Les yeux bleus de ma mère

Je les ai vus briller

Durant sa vie entière

Ils étaient mes alliés.

Les yeux bleus de ma mère

Je les ai vus s’éteindre.

Et Carine, sois fière…

De me les faire peindre



.
Danyel Camoin
Les mots dits

 

De la fumée s’échappe

De mon esprit en fusion.

La mémoire dérape

Au bord de la confusion.

 

Moi je trouve joli

De faire jongler les mots

Et de jouer aussi

Avec ces foutus maux.

 

Je valse avec les phrases,

A leur faire perdre la tête.

Les syllabes s’écrasent,

Etourdies par les lettres.

 

J’additionne les voyelles,

Enchaîne les consonnes,

Ainsi c’est grâce à elles

Que les phrases fonctionnent.

 

Et j’écris tous mes textes

Les larmes au bord du cœur.

C’est sûrement un prétexte

Pour noyer mes erreurs.

Réponse : Mots à maux de Danyel Camoin

Tant pis pour l’écrit vain

C’est la valse des mots

Ô mirage divin !

Qui écrase mes maux.

Dans la ronde des textes,

Les couleurs parchemin

Nous formeront prétexte

Pour continuer demain.

TOI, ÉMOI

Je croque à pleines dents

Dans notre amour naissant,

Tout en moi s’émoustille

En ce jour qui croustille.

Et je me donne à toi,

De l’amour plein les bras

Tels des bouquets de fleurs,

Moi, j’explose en couleurs…

De parfums, de senteurs,

Comme des milliers de roses

Déposées sur ton cœur

Dans une ultime osmose.

Je t’envie, je te veux,

Caresse ton auréole.

Tu es béni des Dieux,

Je te vois et m’envole.

Réponse :

Émoi et moi

C’est le vol de la vie

Sur une aile du vent !

Un sourire à la pluie,

Aux caresses du temps.

 

La rose tue le souci

Les éclats sont des rires

Durant ce printemps-ci

La planète soupire.

 

 

précédentes muses :
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Danyel Camoin présente

Quand la muse

est poète…

 

rubrique trimestrielle de la poésie :

à chaque poème répondre par un ou plusieurs quatrains

Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de

Denise Biondo

Co-auteur(e) de plusieurs recueils poétiques puis auteur du recueil de nouvelles ; Au bout des doigts et co-auteur de Entre Deux Eaux en 2013

C’est aussi la vice-présidente de Pp éditions

Et l’animatrice des causeries spectacles.

 

 

 

« Quelques syllabes musicales égaient les mots d’une portée fleurie »

 

 

 

"SÉRÉNADE POUR PIANO"

Denise Biondo

Sous mes doigts naît la musique,

Et mon cœur bat la chamade.

C'est un air si romantique,

La plus belle sérénade.

Chut ! Écoutez… c'est magique,

Elle émeut même un nomade.

Sous mes doigts naît la musique,

Et mon cœur bat la chamade.

Voletez notes rythmiques !

Pour adoucir sans brimade,

Les mœurs des gens colériques.

Pianotant la douce aubade…

Sous mes doigts naît la musique.

Les rondes Danyel Camoin

 

Heureuses notes sous ses doigts

D’autres voudraient être à leur place

Mais elles s’enfuient sur les toits

Glissant sur le marbre et la glace.

 

Vous, les pressés, pour une fois

Saisissez donc la clé qui passe,

Heureuses notes sous ses doigts

D’autres voudraient être à leur place

 

Jonglez avec chants et patois

Sur les portées de nos terrasses,

Souriez à un bémol d’émoi,

Jouez à connaître l’ espace,

Heureuses notes sous ses doigts.

 

ODE CITADINE

Je sais, c'est Aubagne qui m'habite

Il me plaît de sentir sa présence

Etonnée d'être ainsi sans limite,

De fondre devant l'incandescence.

J'aime plonger dans la lueur des feux

Pour m'immerger puis aimer sans compter,

La ville et moi ne faisant qu'un des deux,

Portant l'amour que l'on peut souhaiter…

Si la nuit recouvre mon visage

On lira combien mon corps s'éclaire…

Si je dois vivre sans son image

Alors, je n'aurais plus de lumière.

Denise Biondo

 

 

La réponse du mime…

Est-ce la cité qui l’illumine

Ou la réciproque qui m’anime ?

Et même si je ne suis que mime

C’est dans Aubagne que j’ai mon hymne.

Et que l’on m’excuse si ma rime

Ne pouvait être que féminine.

Danyel Camoin

Borély

Il existe un lieu méritant le détour,

J'en ai pourtant vu des attrayants paysages

Où la nature dispense ses atours

Mais dans ce parc s’ouvre un merveilleux voyage.

Avec ces divers jardins qui se succèdent,

Les belles allées sinuent autour d'un lac

Et la terrasse du château où j'accède

Entend les vagues de la mer et son flic-flac.

Faites un tour du côté de la roseraie,

Puis allez près de la cascade en rocaille

Le parfum des roses m'a toujours chavirée

Et l'homme aux oiseaux m'a chanté des sonnailles.

_______Texte de Denise BIONDO_________________

Voyage de Danyel Camoin

 

Suivez le guide

Son parfum naturel

Mène au sol aride,

Souvenirs de ce ciel,

 

Tirez la bride

Et le fleuve éternel

À vos corps humides

Offrira tout le sel.

 

__________________________________________________________________________________________

Denise présente depuis 2010 toutes les réunions de l'association et notamment toutes les lectures-spectacles gratuites

en portes ouvertes sur réservation ; elle est aussi l'une des sélectionneuses du pré-jury et la présentatrice de la remise des prix des deux concours.

Elle est aussi la trésorière chargée de tous les dossiers du secrétariat pour lesquels elle a mis en veilleuse son piano.

Mais elle est aussi décoratrice, correctrice et nouvelliste (recueil : au bout des doigts) et poète qu'on peut apprécier dans le petit guide poétique des trésors de Marseille et dans Tous les chemins mènent à Aubagne.

Voici un petit récapitulatif des spectacles présentés et des recueils où on peut la trouver :

 

aff.brassensprovence-po%C3%A9sie%20019[1]

en décembre 2010

affiche-copie-112 mars malou

en mars 2011

aff 2011le miroir

en juin 2011

 

contescontes pies

en décembre 2011

concoursRéunion Alphonse Allais P.P 006

 

en mars 2012

 

ferra.jpgP6230011

 

en juin 2012

 

carpita + contesmeunière

 

en décembre 2012...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Article Nicole Manday

Précedent article---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de

Rosette Escoffier

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« Partager l’émotion, merveille de la terre,

est ce qui m’a conduite à l’expression littéraire.»

Rosette

Hisse-toi mon cœur

Fini le temps de la bravade,

Au-dessus de la bousculade

Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.

 

Au-dessus des folies, tourments,

Colères et ressentiments

Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.

 

Au-dessus des feux et des cendres,

Des émotions et leurs méandres

Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.

 

Au-dessus des songes perdus,

Carrousel d’amours éperdus

Hisse-toi mon cœur, hisse-toi.

 

Escalade, marche après marche ;

Vers la lumière bleue de l’arche

Hisse-toi mon cœur, hisse-toi

 

Vers la source…

Rosette

À cœur flottant…

 

C’est si dur de parler à un cœur

Au fond d’un univers qui se meurt,

Un cœur qui cherche à se protéger

Des rancœurs, car il est si léger !

 

Oui, notre cœur est souvent fragile

Face à des agressions d’imbéciles

Qui loin de tenter d’éterniser

Ne pensent souvent qu’à diviser !

 

Danyel Camoin

Solitude

Elle ne parvient pas à franchir cette impasse.

Elle se sent meurtrie, sans illusion, si lasse.

Elle est sans compagnon et bien seule aujourd’hui ;

Sa famille est au loin et ses amis aussi.

Des enfants radieux jouent tout près sur le sable,

Elle sourit un peu restant seule à sa table.

Au nom de quelle loi, pourquoi est-ce interdit

De l’aimer au grand jour ? Pourquoi est-ce maudit ?

Elle avait tant et tant donné à sa famille

Acceptant sans compter que les autres la pillent.

Insultée, bafouée comme une sale ordure

Alors qu’elle a vécu les amours les plus pures.

Aujourd’hui, elle est là sans lui à cette table,

Lui, écrit-il son nom, là-bas, loin sur le sable ?

Rosette

 

 

Cendres d’Amour

 

Le froid vient engourdir chaque braise,

Les mains qu’on serrait ne sont que glaise ;

Le vieux temps joue avec tout amour

Qui voulait rimer avec toujours.

 

Le ciel bleu met sa robe de deuil,

Le soleil ne franchit plus le seuil

Et l’on cultive, parmi ses rides,

L’une après l’autre, les fleurs du vide.

 

Danyel Camoin----------------------------------------------------------------------

La clef des champs

Enfin ce jour là j'aurais pu

Fuir ma peine dans le lointain

Partir au loin vers l'inconnu

Mais j'ai fait le tour du jardin

Et les roses m'ont retenue

Dans un effort exaspéré

Elles ont tant parfumé l'aire

Tant lissé leur tissu moiré

Tant enfoncé racines en terre

Que je n'ai pu m'en arracher

Puis le vent du Nord malvenu

Et le grand soleil du midi

Ont eu raison de leur cœur nu

Sécheresse haine et mépris

Mes fleurs se sont évanouies

Mais avant de tourner la page

Aujourd'hui ton cœur est trop lent

(M'ont-elles dit dans leur langage)

Crois-moi partir il est grand temps

Alors j'ai pris la clef des champs

Rosette

Si loin de mes cyprès

Quand les si grands cyprès s’éloignent,

Que toute l’angoisse nous empoigne,

On conserve en battement de cœur

L’impression de perdre son bonheur.

Quand la machine s’est animée

Dans un gros nuage de fumée…

Dans des au-revoirs allant vaquer

J’ai vu s’éloigner mon pauvre quai.

 

Danyel Camoin

 

 

 

Vous pourrez bientôt retrouver Rosette dans son premier livret poétique : Que me dis-tu, mon coeur ?

en cours d'édition qui vous sera présenté à la rentrée le jour de l'assemblée générale et lors de la deuxième partie de l'atelier de Septembre 2012 si accord de l'auteur, Ainsi que dans son roman : Le rêve bleu.

Tous les livres de nos auteurs peuvent être commandés par l'intermédiaire de l'association.

A la demande de l'auteur, un petit supplément ci-dessous :

(Hommage à un poète disparu)

La lyre

Sais-tu que si l'archet du poète te charme

C'est par trop de bonheur, trop de rire, une larme.

Sais-tu combien son coeur fut maintes fois meurtri

Par un geste rageur, un regard qui l'a fui.

Connais-tu comme lui cette heure solitaire

Qui noue, enraciné à sa mère la terre ?

Connais-tu cette extase où le moindre frisson

Ebranle tout son être en ondes de passion ?

As-tu senti parfois ce trou dans la poitrine

Ce regard intérieur ne trouvant que la ruine ?

As-tu senti ce vide avec ces désirs fous

De ployer en avant et tomber à genoux ?

Chantes-tu haut la vie où quelqu'aurore allume

De ses feux enchantés les prés noyés de brume ?

Chantes-tu le bonheur comme font les enfants

Emerveillé, béat, malgré le poids des ans ?

Regardes-tu le ciel, le soleil, les étoiles,

La rosée au matin sans soulever leurs voiles ?

Plonges-tu dans les yeux d'un être au plus profond

Jusqu'à tisser un piège où ton âme se fond

Peux-tu le délivrer d'une phrase muette

Qui caresse pourtant d'un hochement de tête ?

Peux-tu sentir ce flot d'intarissable amour,

Ces efforts souvent vains pour l'offrir alentour ?

Cours au devant de lui, frémis avec sa lyre

Afin qu'un bel accord dans ton oeil clair se mire.

Cours chercher avec lui des trésors de bonheur ;

Alors, reconnaissant il t'ouvrira son coeur !

Rosette

article FZ

 

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précédents

Quand la muse

est poète…

 

 

rubrique trimestrielle de la poésie :

à chaque poème répondre par un ou plusieurs quatrains

 

Après Natacha, Alice et Mireille,

Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de

Janine RAVEL

Lauréate du grand prix du Conseil Régional

pour le concours de nouvelles 2012; « Inspiration libre »

 

Janine

Réunion Alphonse Allais P.P 033

«C'est la nature qui a guidé mes pas vers la poésie... »

Janine Ravel, de l'Académie de Provence.


Terre brûlée, assassinée.

 

Les longs spectres des pins la frimousse endeuillée,

Défilent au sommet du gris relief aride.

Et le sol orphelin vient de s’agenouiller ;

L’on voudrait sans un mot égayer son œil vide.

 

Sur son minois obscur c’est la désolation,

Le désert infini a torturé ses tripes.

Elle avait enfanté avec adoration,

La sylve aux beaux yeux verts débordant de principes

 

Savamment instaurés depuis la nuit des temps,

Des règles respectées par l’univers antique ;

Mais hélas l’homme un jour, et ce, depuis longtemps,

A manqué de respect à la loi fantastique.

 

Ô ! Lancinant décor où se perdent mes yeux,

Je n’entends plus chanter cigalons éphémères,

Quant au nid du coucou locataire audacieux,

Est parti en fumée amarré aux chimères.

 

À genoux pour ces fous, j’implore ton pardon,

N’étant pas l’un d’entre eux, que la raison m’en garde ;

J’attendrai patiemment la fleur bleue du chardon,

Écoutant jacasser, au loin la pie bavarde. Ma terre

 

Janine Ravel Future planète des singes,

Tu connais les fleurs de méninges!

Regarde ce qu’ils ont fait de toi

Sous le prétexte d’hisser leur toit.

 

Pourquoi ce parfum serait pire

Que les hommes et leur empire ?

Bientôt ils iront chercher ailleurs

Un sol lointain où l’air est meilleur !

 

Danyel Camoin


Poète des quatre saisons

 

Dis Poète… qui donc es-tu ?

Oh ! Je ne suis que peu de chose

Un p’tit bonheur inattendu

Au printemps où fleurit la rose.

 

Au ciel d’été, je vais chantant,

Je suis fourmi et puis cigale,

Mon verbe haut va s’exaltant

Au gré des jours, je suis loyale.

 

Mon cœur bat lent et fait tourment.

Au tourbillon de cet automne,

Rêvant d’amour discrètement,

Au vent du Nord, craintif, frissonne.

 

Me plaît à voir danser le feu,

Quand vient l’hiver chanter à l’âtre,

Les flammes jouent… je fais un vœu,

Fermant les yeux au mur d’albâtre.

 

Ami, si j’t’ai rendu heureux,

Tout en étant si peu de chose,

Viens donc vers moi ! Soit généreux !

Fait s’éclairer l’apothéose.

 

Janine Ravel

 

 

Dis, poète…

 

Danyel Camoin

 

Dis-nous, poète, que fais-tu ?

Oh ! Tu ne fais que peu de chose…

Et tu n’es rien ! Rien qu’un fétu

Qui soulève une apothéose !

 

Tu ouvriras notre horizon,

Fera jaillir la pluie en mots,

Au prix même de ta toison,

Du rayonnant ciel de hameau.

 

Et, poète, oui, tu le sais !

Terre, eau et feu sont passés ;

C’est de toi seul que nous viendront

Les Arts de cinquième saison.

 

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Doléances d'un fou

Traînant son pas sur la grand’ route,

Il a surgi d’on ne sait où,

Au point du jour que l’on rajoute…

À ce destin de chien et loup.

 

Evidemment il le redoute,

Tel le spectre d’un passé flou

Traînant son pas sur la grand’ route

Il a surgi d’on ne sait où.

 

Pour occulter vie en déroute,

Veut se tapir au fond d’un trou,

Aux nues rêver dessous la voûte,

Et oublier, qu’il n’est qu’un fou

Traînant son pas sur la grand’ route.

 

 

Janine Ravel

 

 

 

 

 

Poétesse et conteuse

 

Danyel Camoin

 

Même au sortir d’un cahier flou

L’inspiration en bandoulière

Sait nous donner un désir fou

De lire ses œuvres entières…

 

Quand chantent les pies dans le lierre,

Valse de mots revient vers nous,

Même au sortir d’un cahier flou

L’inspiration en bandoulière…

 

Elle a rejoint nos âmes fières

D’un simple jet, haussant le cou,

Prose et longs vers restent en nous

En s’intégrant aux littéraires,

Même au sortir d’un cahier flou.
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Si l'Art n'a pas de frontière, les poètes sont des êtres libres !
Et par suite, les poètes d'abord de l'Académie de Provence ou des Troubaïre Gemenen sont aussi des poètes de Provence-poésie comme Jean Di Fusco qui vient d'obtenir son deuxième recueil primé par l'Académie poétique de Provence et édité par Provence-poésie : Colère et Nostalgie ou comme Danyel Camoin dont les fabulations du pays d'Aubagne, grand prix d'honneur de l'Académie a été édité par Provence-poésie. Tous deux étant amicalement liés aux troubaïre et à Robert Bruguière à qui sera rendu hommage dans les chemins d'Aubagne, prochain livre édité par Provence-poésie et groupant dix-neuf auteurs dont Lucien Pignol et Emile Mihière, fervents troubaïre.
Fervent aussi l'exemple de liaison : Sonia Kitaëff actuellement peintre, troubaïre, académicienne, adhérente à Vertiges en Provence et au club Castéropoulos, et soutien de Provence-poésie.
Signalons aussi les partenariats avec la petite édition, Zygo, le club Castéropoulos, Loin des sentiers battus, Portique et Passeport pour la poésie dont le président Guy Feugier nous a fait l'honneur à plusieurs reprises de sa participation à nos manifestations.
Et la poésie s'étend aussi au-delà des relations typiques à des associations comme l'olive et l'olivier, Apc 83, Artdrom, Art et musique 13, Créart, Plume d'Azur et bien d'autres...
Et le trimestre ouvre notre rubrique : Quand la muse est poète à Janine Ravel, académicienne de Provence, auteur de conte (les demoiselles en livrée représenté en spectacle en présence de Roger Blanc le 3 décembre à la Mdva d'Aubagne et plébicité par l'article de R.B sur le journal La Provence)
pour trois de ses oeuvres poétiques auxquelles répondra le président de Provence-poésie.
D'autre part se prépare à l'édition le deuxième recueil de Jean-Marie Arvieu, autre académicien de Provence, avec ses 52 hebdorimes.
Merci à tous !
Article Nicole Manday

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Article précédent :

Le troisième trimestre, à cause des vacances, comprend les évènements du 10 septembre au 10 décembre 2011. La prochaine rubrique : Quand la muse est poète paraîtra donc en fin décembre sur la décision du bureau.


Pour succéder à Alice Hugo

Provence-poésie a désigné Mireille Talotti-Miau qui l'a représentée merveilleusement à la fête de la fable le 18 juin à Aubagne, fan d'Alice et partenaire fidèle de Provence-poésie depuis le début : Mireille a accepté.

Les poèmes : poétesses, mes soeurs, un coeur de rose et le baiser viennent donc de rencontrer une réponse plus ou moins directe de Danyel Camoin: Mes muses,Stances à Mireille et Rondel de rose... poèmes en italiques que vous pouvez voir ci-dessous ; ceux qui n'ont pas Internet recevront le périodique après les fêtes.

 

LE BAISER

 

Quoi de plus chaste et de plus convenable,

Apparemment, qu’un baiser sur la main

Qui se veut bref, mais n’a d’autre dessein

Que d’investir une bouche adorable ?

De compliment en frôlement hardi,

Savoir ruser car lorsqu’on veut séduire,

Il faut oser et braver l’interdit

En se moquant de se faire éconduire.

Le but visé : voir succomber la belle,

Aux longs frissons qui courent sur sa peau,

Et, à l’instant où l’oiseau n’a plus d’aile :

Sur ses deux lèvres planter son drapeau.

Stances à Mireille

Le doux baiser de Mireille

Vincent a prêté l'oreille

Et ce n'est pas drapeau qui sommeille

C'est un étendard qu’elle émerveille...

Tous en Provence rêvent de Mireille

Alignant ces mots sortis de la treille,

Et c'est bien pourquoi la muse est pareille...

À ces poètes des couleurs vermeilles.

 

POETESSES, MES SŒURS !

 

Femmes de Poésie, ardemment, nous offrons

Notre cœur à l’Humain, notre tête à l’Etoile.

Fidèles à nos mots, nous avançons nos fronts,

Pénélopes, sans fin recomposant la toile.

Nous faisons au papier l’offrande de nos maux

Pour que croisse cet arbre à la branche orpheline

Et avons, à la plume, accroché des rameaux,

Refusant d’un seul chœur toute voix sibylline.

Le présent se nourrit d’une riche mémoire

De poèmes choisis d’où percent nos valeurs

Où la rime, en prenant les reflets de la moire,

Peuple notre univers d’ineffables couleurs.

Poétesses, mes sœurs, nos âmes se confondent

En un chant silencieux qui n’appartient qu’à nous,

Et qui donne à nos vers cette lyre profonde :

L’écho de ces soupirs, je l’écoute à genoux.

Mes muses

Frangine !

C'était presque argotique,

Fondu ésotérique

Qui rappelle les années d’angine,

Lorsque je ne parlais pas.

Lorsque j'étais cet inconnu,

Perdu dans les écrits de ses pas.

J'allais seul et presque nu

Puisque ne vous voyant pas.

Maintenant, ma voix chemine…

Aujourd'hui, vous êtes là !

Frangines.

 

Un cœur de rose

Dans mon jardin est une rose

Avec un cœur qui bat, qui bat...

Elle veut dire quelque chose,

Mais nul n’écoute de son débat.

Tôt le matin coulent des larmes

Sur ces pétales de taffetas.

Dès qu’on lui parle de ses charmes,

Elle se plaint de son état :

On ne vient de voir que sa corolle,

Sa robe rose, sa beauté,

Puis sans un mot ni protocole,

Dans un panier se fait jeter.

Briller jusqu'à l'heure dernière

En conservant sa majesté,

C'est là son ultime prière

Tout en rêvant d'éternité.

Dans mon jardin pleure une rose

Avec un cœur qui bat, qui bat,

Écoutez-la dire sa prose

Pour adoucir son fier combat.

 

Rondel(le) de rose

Effeuillant ses larmes de satin,

Dans la chaleur que l’on amoncelle

La rose riait sous le sapin,

Avec un éclat de jouvencelle.

Ma rose rencontre son destin

Sous l’éclat troublé de nos prunelles,

Effeuillant ses larmes de satin,

Dans la chaleur que l'on amoncelle.

Alors elle gît dans le sapin,

Car nulle fleur ne reste éternelle,

Ainsi chacun obtient son lopin,

Silencieuse et lente ritournelle,

Effeuillant ses larmes de satin.

mai 2011 015(2)

Nous vous rappelons que vous pouvez retrouver Mireille dans le petit guide des trésors de Marseille ou dans son recueil personnel l'heure Bleue et bientôt dans les chemins d'Aubagne... avec dix-neuf auteurs réunis autour d'un hommage à Paul Dol et Robert Bruguière.

Mireille fait également partie des auteurs retenus dans le guide pour le dvd de l'anniversaire du comité du vieux Marseille (Avec Danyel Camoin et Jean Difusco)

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Merci Mireille et à bientôt...

Ci-dessous les précédentes muses poètes :

 

Le deuxième trimestre 2011 se termine pour Provence-poésie par deux journées exceptionnelles : l'odyssée de la Fable le 18 juin et la remise des prix de l'Académie de Provence le 26 juin.

Nous ne manquerons pas de les retracer dans notre périodique à paraître avec la présentation à la Médiathèque en Avril, les salons du mois de mai, la journée dédiée au dieu vent à Longchamp et les arcades de Nyons en Juin avec la fête de l'olivier au retour.

Mais ce trimestre, c'est Alice Hugo, grand prix du recueil des Apollons d'or et prix d'honneur de la Nouvelle à Aubagne qui sera la muse poète pour notre rubrique.

(Le canotier, la fragilité des promesses et Alice et le Hérisson prendront place dans le feuillet réservé avec les poèmes réponses de Danyel Camoin)

Dans l'intervalle, la photo ci-dessous montre Alice lors de son duo avec Danyel à Aubagne pour Le guetteur de chimères. Les autres textes suivent...

 

 

12 mars duo 006

 

 

LE CANOTIER

Sous la brise légère, un fringant canotier
S'alla poser sans bruit aux pieds de la baigneuse,
Dont la peau ruisselait de la vague fougueuse
Qui s'était pourléchée à son ample bustier.

Se croyant solitaire en cette anse sauvage,
La belle frissonna, nonobstant la chaleur
Et, jetant alentour un œil inquisiteur,
Emprisonna son sein dans une main en cage.

Puis elle se saisit du couvre-chef volant
Pour en faire un rempart à sa nudité blonde,
Espérant que jamais, sur la terre et sur l'onde,
L'on ne devinât point son trouble pantelant.

Le galant décoiffé, ignorant de la chose,
Dévalait le talus, cherchant son galurin ;
Le tableau qui s'offrit à son regard coquin,
Ebranla tous ses sens en une apothéose.

L'ingénue, de son drap se fit un oripeau,
Lâchant, dans son ardeur, l'objet de convoitise
Que le quidam huma telle une friandise,
Jurant que jamais plus il n'irait sans chapeau !

Alice Hugo

Coup de canotier

 

Moi qui n'ai jamais pu couvrir ma tête

Sous ce couvre-chef, j'aurais fait la fête.

J'eusse aimer une fois, une fois seulement,

Sentir sur mon front ce courant aimant…

L'empreinte des doigts maquillant le bord,

Sous le parfum chaud d'un fringant abord,

Dont imaginer la sublime étreinte,

Laisserait l'âme à jamais atteinte.

Combien de Vénus, cachant leur peau lisse,

Courant au cours d'eau avec ce complice

Auraient eu, céans, réflexe amusant,

D'en utiliser mon bien comm’ collant ?

Sans détour, souffrez que parfois je puisse

Vêtir ma pensée à ces vers d'Alice

Et lui adresser, sans un oripeau,

Un véritable grand coup de chapeau !

Danyel Camoin

La fragilité des promesses

 

Je n'ai que faire des promesses

Qui fragilisent les saisons

Et vos beaux discours, vos caresses,

Ne sont pour moi que vils poisons !

Ah ! Prenez garde que vos fesses

Ne goutte au feu des tisons.

Je n'ai que faire des promesses

Qui fragilisent les saisons.

N'espérez plus en mes faiblesses

Que vous sublimez de visons

Vos serments sont des forteresses,

Moi qui déteste les prisons

Je n'ai que faire des promesses.

Alice Hugo

Réponse à Alice Hugo

 

Un serment sans raison

Je ne ferai pas de promesse

Et n'ouvrirai pas ma maison.

Comme à la Diane chasseresse

Je vénérerais la toison.

O ma divine pécheresse.

Je rapprocherai l'horizon.

Je ne ferai pas de promesse

Et n'ouvrirai pas ma maison.

Je sais que ma grande faiblesse

C’est de rallumer un tison

Mais sur la vague enchanteresse,

Au tremblement de ma raison

Je ne ferai pas de promesse.

.

Danyel Camoin

 

Si vous connaissez Alice et le hérisson :

sur le blog dans les coups de cœur de Danyel

voici la réponse

Alice et le troubadour

 

Que n'ai-je été simple hérisson

Pour avoir croisé certains jours Alice

À ces moments creux de chaque chanson

Parmi multiples peurs et quelque vice

Pour qu’elle garde mon vieux pas perdu

Par son grand cœur d’or dans son doux calice.

Qu’honneur maintenant lui soit donc rendu

Pour que le conseil cet ange me glisse

Au creux de l'oreille offerte simplement,

Afin que jamais plus ne s’immiscent

Les profondes peurs de ce vieux tourment

Sur l'homme pour qui ces vers sont délices.

Maudit fus-je d’ne point prendre sa main

Au lieu de courir vers ces aventures

Au creux tout tordu de mauvais chemin

Qui ne menait qu’à de fausses parures !

Pour être sacré des courants de vie

Il convient céans d’être bien piquant.

Ceux qui n’ont pour eux qu’un élan d’envie

Peuvent retourner voir le rat des champs.

 

Danyel Camoin 2010

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EN VERS... ET CONTRE TOUT

La poésie se meurt. Le Poète agonise.

La muse, aux fers du temps, s’est lentement soumise,

Réduite par le joug d’une banalité

Jetant nos idéaux dans la fosse publique,

Et nous asservissant au tube cathodique

Sous couvert d’actualité !

Sonnets, pantoums, maillets, oriflammes des rimes,

Votre encre s’est lavée en de sombres abîmes

Où les sens corrompus ont enchaîné l’esprit.

Noyé l’alexandrin ! Coulé l’octosyllabe !

Fracassé le quatrain dans les pinces du crabe !

L’image a dilué l’écrit.


Pourtant… Que de trésors dans le vocabulaire

Quand il s’offre à la feuille en vague épistolaire,

Et quel plus grand bonheur que de conter en vers

Des chroniques de vie, entre bonheur et peine,

Exposant aussi bien - et sans mauvaise haleine -

Le contenu des faits-divers !


Lire ! Non, seulement, que des romans de gare,

Des Goncourt, des essais où la raison s’égare,

De barbares récits, contes de malemort

Qui ne font qu’alourdir votre fardeau d’angoisse,

Mais de nobles recueils où pas un trait ne froisse

Dans la liberté du transport.


Lecteurs ! Ne laissez pas mollir votre cervelle !

L’art de la prosodie et sa lyre immortelle

Peuvent sans coup férir vous enseigner autant.

La muse des anciens s’est tenue à la page,

Elle dit le vécu sans nul caviardage,

D’un ton moderne et exaltant.

Ouvrez les manuscrits ! Récitez des poèmes !

Ecoutez le refrain généreux des phonèmes

Offrant à l’intellect tant de raffinement.

Voyez ! L’ombre des mots à vos yeux s’illumine,

Chassant de votre cœur le fiel qui calamine

Les rouages du sentiment.

Et vous, grands éditeurs, censeurs des temps modernes,

Vos comités ne sont que des nids de badernes

Où les contributeurs n’élèvent qu’une voix,

Celle qui fait écho dans le fer de votre âme,

Tandis qu’en vos maisons vous consacrez l’infâme :

« Ci-git la poésie en croix ».

 

Sera- t’il parmi vous un sujet moins rigide

Conférant aux rimeurs l’appui de son égide ?

Lequel, abolissant l’anathème indécent

Qui signe le trépas des enfants du Parnasse,

Un seul, moins boursouflé d’un pyrrhonisme crasse,

Se montrera munificent ?

Producteurs ! Rédacteurs ! Chroniqueurs d’opérette !

Mornes littérateurs au zèle de soubrette

Dont l’éclat s’affadit sous le vernis mondain,

Vous croyez-vous nantis d’un talent d’aristarque

Tandis que vous tissez, au fuseau de la Parque,

Le brocart de votre dédain ?


Allez-vous rester sourds, aveugles, inflexibles

Au prétexte vénal des audimat futiles,
Les synapses soudées au sceau du coffre-fort ?
Lequel s’élèvera de ces puits d’indigences ?
Un seul, pour exalter de nobles émergences :

Celles du cœur et de l’effort !

Vous tous, qui fustigez la sotte platitude

Des textes solfiés n’offrant que lassitude,

Tirez le jus fécond des novices auteurs !

Les Illustres sont morts : vive la Jeune Flamme !

Ne l’entendez-vous pas quand sa plume réclame

L’oreille des compositeurs,


Et l’intérêt hardi des hommes de théâtre

Serinant à l’envi leur emploi de bellâtre

Alors que tant d’opus dorment dans les tiroirs,

Des textes inédits, œuvres contemporaines

Que rongent le mépris et vos lois souveraines,

Plus sordides que des mouroirs !


J’en appelle au sauveur du verbe poétique,

A celui dont la sève est d’essence authentique

Et qui lira ces mots encrés de ma ferveur ;

Un seul, plus éclairé, plus courageux sans doute,

Dont je salue ici l’éventuelle écoute,

Espérant qu’il loge un rêveur…

Alice Hugo

Réponse

Et que nous reste-t-il ?

Espoir, je te saisis dans ton ultime vol

Car la poésie est en état de viol !

Toutes ces clameurs qui haussent une bannière

Ont fait jaillir mon loup bien loin de sa tanière.

Pour mordre plagiaires et autres visiteurs,

Ces peuples sans idée assemblés en voleurs

De ces oeuvres peinées souvent par tant des nôtres,

Qui versifièrent à la lueur des âtres,

Extirpant par les mots tout le sang de leur cœur …

Face à tout éditeur, marchandant la valeur,

Développant ainsi nombreuses injustices,

Qui refoule la plume en faveur du factice !

Danyel Camoin 2010

 

 

 

 

 

 

 

 

Trimestre précédent_______________________________________________________________________

Le premier trimestre 2011 s'est terminé ; trimestre trés chargé pour Provence-poésie, avec le concours de nouvelles dont la gagnante a été justement invitée à être la muse de la rubrique trimestrielle face à la réponse en quatrain du président.

Nous vous invitons à découvrir avec nous le côté poète de la nouvelliste de "Peignez vos rêves"...

Danyel Camoin présente (avec l'autorisation de la muse)

Quand la muse

est poète…

rubrique trimestrielle de la poésie :

à chaque poème répondre par un quatrain

Ce trimestre la muse prend le visage et les vers de

Natacha ROSSO

Lauréate du grand prix de la nouvelle de la ville d’Aubagne

pour le concours 2011 ; « En Provence »

 

 

« J’ai été très tôt happée par un monde littéraire plus passionnant peut-être que ma vision du monde officiel »

Natacha

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L’Homme

Ainsi, on prête à l’Homme un cœur qui se débat

Ainsi, s’offre à l’Homme une vie jusqu’au trépas

Il joue en scène un rôl’ qu’il ne connaît pas

Ainsi, il court, il va et puis ne revient pas.

Il s’éveille un matin paupières entr’ouvertes

Découvrant tout et rien sur son nouveau décor

Membres agités dans une danse imparfaite

Encor’ tout effrayé de ce présent record.

Puis la fleur s’ouvre alors à l’aube de sa vie

Un masque de jeunesse est porté malgré lui

La Peine et le Bonheur s’imposent jusqu’ici

Bout d’être s’émerveille et peu à peu grandit.

Insouciance flétrit face à Maturité

S’égrènent ses hivers, on parle d’Age d’Or

Le Temps, son ennemi, le Temps lui est compté

Cœur et Expérience sont ses nouveaux trésors.

Et l’Homme est cruauté, mais bon, quoi qu’il en soit

Il se prépare pour son ultime patrie

Paré puis orné, il obéit à la Loi

Du théâtre du monde il prépare sortie.

Natacha Rosso

Mais que serait un Homme éperdu sans la flamme ?

Sans la muse aurait-il jamais pu s’envoler ?

Son avenir mourrait sans le cœur d’une Femme

Plongeant dans le tableau pour l’amour dévoiler.

Danyel Camoin

 

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Les photographies

 

Ils sont tous enfermés dans un cadre de verre

Multitude apparente en des lieux ordinaires

Bonheur palpable, événements célébrés

Ces gens que l'on connaît et que l'on a aimé.

Ils sont bien enfermés dans un cadre de bois

Liens ineffaçables ou grands moments d’émoi

Toi, l'ami disparu, un beau jour revenu

Toi, le tendre aimé, à qui tu ne parles plus.

Ils sont bien enfermés dans un cadre de pierr'

Disponibles à jamais, ceux que tu ne vois plus

Ces gens que tu aimes, tous ces venus d’hier

Ils sourient encore ces nombreux disparus.

L'amour est enfermé dans un cadre de verre:

Au cœur de cette foule un être solitaire,

Personnes uniques encerclées de passants

Vous êtes fantômes mais demeurez présents.

L'amour est bien scellé dans un cadre de bois,

Les souvenirs patients disant "regardez-moi"

Toi, l'ami retrouvé, un beau jour reparti

Toi, l'aimé regretté, de nouveau attendri.

Et l'amour s'est laissé enfermé simplement

Puis, de pierre, de bois, ne s'est pas dit vivant

Puisqu'il s'est glissé dans notre cadre de verr’

Il s'écoute à présent et se raconte en vers.

Natacha Rosso

Les meilleurs souvenirs se reposent sur l’âme,

Et nos coeurs empêchent les défunts de mourir.

La mort ne devient vraie qu’au jour où l’oubli brâme

Heureux qui de la muse a gardé le sourir’.

Danyel Camoin

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La Liberté

De sa lucarne sombre il mire le lointain

Ses mains translucides caressent les barreaux

Il suppose ainsi que l’objectif est atteint

Effleurer ce ciel qui encercle les bateaux.

Les feux de fin d’un jour animent ses yeux noirs

Le crépuscule inonde un angle de ses joues

L’oiseau majestueux devient son seul espoir

De son aile immense il est un peu jaloux.

Front collé à sa cage et jusqu’à la douleur,

Il ne craint aucun mal car le rêve est si beau

Il s’imagine caméléon pour une heur’

Mais seul le gris des murs lui colore la peau.

Libre, l’oiseau se pose au gré de son humeur,

Tous les passants errent au hasard des chemins

Les écrivains-conteurs nous inventent des leurr’s

Le pauvre vagabond n’écoute plus sa faim.

Vu de sa fenêtre, la nature est poème

Mais qui prétend connaître une réalité ?

Alors qu’adviendra-t-il des flâneurs, des bohèmes ?

Une aile déployée peut-elle être abîmée ?

L’homme se retourne, le verrou est ouvert :

« Prisonnier, tu es libre et tu peux t’en aller ! »

« Je reste encore un peu » dit-il assis par terr'

« C’est d’ici que je vois le mieux la Liberté ».

Natacha Rosso

La Liberté n’est que le choix de sa prison,

Son âme chevauche le vieux coursier fourbu

Qui se heurte aux ailes de la forte raison

Au fond de l’univers violé pour le tribut.

Danyel Camoin

 

 

 

 

 

 

 

Article Nicole Manday

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