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Règlement de contes avec musique et moulins à Provence-poésie : quatre auteurs invités à la dédicace (Claude Iconomou, Picosse, Gaël Angélis et Françoise Cordier) et un invité d'honneur remarquable : Henri Rocca.

Malgré l'absence de certains interprètes comme Geneviève Casaburi et Janine Ravel présente dans la salle avec un poignet cassé, une pléiade de textes provençaux déferlaient le 30 novembre dans la première partie ouverte par Denise Biondo en fleuriste face à un étrange client.

On y remarquait Béatrice Saussol dans la clef des champs et Monique Morucci en commère auprès d'Alain D'Aix. Cinq interprètes en marseillais pour le conte de Michel Isard et Mireille Miau dans l'univers de Giono. Le clou final Henri Rocca en Maître Cornille !

La deuxième partie, ouverte par un indien et une indienne, rendait un hommage à Gilbert Bécaud avec une rencontre imaginaire de Léo Ferré (Guy Feugier) et Bécaud (Danyel Camoin) au paradis ! (texte ci-dessous) et ajoutait deux conteuses : Rosette Escoffier et Julia Morandy.

Un final en Rosy and John sur trois pas de danse puis Francis Triay et Michel Isard poussaient avec Edouard la chansonnette pour ouvrir l'accés au verre de l'amitié.

Ont été également présentés les deux nouveaux livres à plusieurs auteurs en parution 2014 de Pp éditions : Les fantômes de Marseille (trois auteurs pour un roman sur deux époques) et Un papillon sur l'aile du vent (16 auteurs de nouvelles))

Voici quelques images de l'après-midi prises par Yves Ravel :

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final

 

 

Alors raconte... (Façon Provence -poésie)

 

 

 

Léo (Guy Feugier) arrive et pose sa main sur l'épaule de Gilbert (Daniel)

 

 

- Alors raconte... Que t'est-il arrivé ? Comment es-tu ici, au para... Dis ?

- Elle m'a regardé, regardé, regardé... Comme si j'étais le bon dieu, tu vois Léo ?

- Ah! Oui, je la vois ! Je la vois... Toute nue sous son pull, y a la rue qui est maboul...

Et après, raconte ce qui t'est arrivé.

- Elle avait des yeux, des grands yeux, qui me regardaient... Et alors, on s'est embrassé, embrassé...

- Mais c'est extra... C'est extra : (il crie) 100 000 Volts ! Et puis ?

- La place rouge était vide, l'important c'était sa rose qui... Je ne peux pas te le raconter ici.

- Sacré Bec, ho ! Tu ne l'avais pas volé, l'orange !

- Mais toi, Léo, que deviens-tu ?

- C'est grave ! Avec le temps, avec le temps, va, tout s'en va... Pépé... Je suis... Mort !

- Non, les poètes ne meurent jamais, ils s'endorment. Quand tu es parti, le monde entier pleurait.

- Et on a enterré mon étoile dans un grand champ de blé ?

- Ouï, viens, toi, l'anar, viens me raconter... Comment c'est arrivé, allez viens !

 

 

Il pose sa main sur son épaule et l'entraîne derrière le rideau noir

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Musique : Alain et Jean-Paul

Présentation et réglages techniques : Denise Biondo

Mise en scène et quelques interprétations : Danyel Camoin

Interprètes : Joëlle Foin - Monique Morucci - Béatrice Saussol - Mireille Miau

Guy Feugier - Alain D'Aix - Henri Rocca

Jean-Claude Colay - Michel Isard - Joseph Lévonian et Edouard

Chants supp. : Francis Triay - Michel Isard et Edouard

Conteuses : Rosette Escoffier - Julia Morandy

Photos : Yves Ravel

Accueil : Isabelle George - Jean-Claude Colay

Article : Frank Zorra

 

 

  

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Les premiers films du monde ont été tournés et projetés en Provence par les frères Lumière : il s'agissait entre autres de l'arrivée d'un train en gare de La Ciotat...

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A l'occasion de sa 7e lecture-spectacle, portes ouvertes sur réservations, Provence-poésie vous invitait le 1er décembre 2012 à retrouver l'équipe endiablée présentée par Denise Biondo à la Mdva d'Aubagne dans sa formule habituelle pour :

Les contes du 7e art provençal  

Isabelle et Jean-Claude à l'accueil ont vu passer : Andrée Ataroff (voir ci-dessous) - Mauricette Buffe - Erine Lechevalier - Denise Beltramo - Denise Roman - Denise Pioch - Sonia Kitaëf f- Rose-Marie Palun - Monique Morucc i- Claude-Marie Roux - Albert Borelli - Michel Camoin - Zaven Sarafian parmi plus de cinquante autres spectateurs entre les deux parties. 

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Danyel Camoin, presque né dans un cinéma (l'Artistic-cinq avenues,) rend hommage à Paul Carpita, l'instituteur marseillais du 14e, cinéaste maudit au film interdit durant  plus de trente ans, metteur en scène du monde ouvrier, chaînon manquant du cinéma français, précurseur de la nouvelle vague, devenu célèbre à 80 ans par son troisième et dernier long métrage : Marche et rêve ! Ou les homards de l'Utopie, tourné à Martigues. Mais Carpita fut aussi le réalisateur de nombreux courts métrages dont un sur Aubagne et le pari de Danyel c'est de faire découvrir par des interprétations d'extraits l'écriture poétique méconnue du cinéaste.


(extraits-lectures ou scènes de : Le rendez-vous des quais - Les sables mouvants - Marseille sans soleil - Demain l'amour - Des lapins dans la tête - Les homards de l'utopie)


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Cette première partie était titrée:

Carpita, des lapins dans la tête, d'après le titre du court-métrage primé cité en 2008 dans le livre de Danyel : J'ai même rencontré le chaperon rouge.


   vassal.jpgadieu-Jesus.jpgvassal-livre.jpg

 

 Etaient invités à cette date :

Invité d'honneur : Lucien Vassal romancier historien marseillais qui a trés bien connu Carpita, assistant et interprète de l'auteur de Adieu Jésus.

Autre invité : Jean-Yves Calassi, auteur d'un livre sur les cinémas de quartier de Marseille.

Autre invité : Michel Isard de l'Académie de Provence, guitariste et auteur de contes provençaux.


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Présentation exceptionnelle de Madame Andrée Ataroff, interprète du film : le rendez-vous des quais de Paul Carpita

venue voir la représentation (photo dans le film ci-dessous).

 

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La deuxième partie de cette journée de contes, après l'entracte et le tirage du gagnant du jour, était dédiée aux conteurs du cinéma de chez nous : Giono, Pagnol, Verneuil, Colpi...

avec des lectures et des interprétations de :

La belle Meunière, Marius, Cigalon, Le secret de Maître Cornille, Le mouton à cinq pattes, Heureux qui comme Ulysse, Manon des Sources, Regain, Jofroi, La femme du boulanger et Le schpountz

Pas de projection, de vrais personnages sur fond noir...

Comme disait Claude Nougaro : sur l'écran noir de mes nuits blanches...

Avec la participation de Guy Feugier (Toine, Panturle et César), Philippe-Auguste Malsheres (Fonse et Escartefigue) et Alain Daix  (Monsieur Brun)

 

 

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 et l'équipe de Pp :


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 Jean-Claude Colay (Alphonse Daudet et le docteur) Joseph Lévonian (Le curé et le maire) Joêlle Foin (Monique)

Geneviève Casaburi (Aurélie) Mireille Miau (Madeleine) Janine Ravel (Marinette) Francis Triay (Cigalon)

Danyel interprète : le récitant, Carpita, Bernard, Roger,Toinou, Schubert,Gédémus le rémouleur, Panisse, Joffroi, le boulanger, le père des quintuplés, Antonin, le papet et  le schpountz)

Denise :  la journaliste, Louisette, la belle meunière, la voix off, Françoise et la récitante.

Edouard ( Gérard, Marcellin et le dessin) 

 

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Final en chantant avec Edouard avant le verre de l'amitié

Partition musicale Alain à l'accordéon  et Jean-Paul  à la Guitare

 

Evidemment tout était gratuit...

De 16h à 19h30

 

Photos Geneviève Casaburi et Janine Ravel 

Article  F Z 

 

 

A nous , contes, des mots ! 

 

C'était le 3 décembre 2011 à seize heures que les portes de Provence-poésie comme annoncé dans l'AJJ étaient ouvertes pour vous sur les contes !

Et ce n'était pas simplement pour deux mots...

 

Retrouvailles de l'équipe à l'approche de Noël accompagnées par Alain et Jean-Paul qui offraient un voyage musical chez Disney en prime.


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Malgré la concurrence : spectacles dans la ville et téléthon, une sublime aprés-midi avec une bonne participation gérée par Denise Biondo.

 

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   L'après-midi se décomposait en 3 parties:

 

Présentation de 3 auteurs de contes (dédicaces à la demande) dont l'invité d'honneur M.Roger Blanc, Président de l'Académie Littéraire de Provence, Marie-Thérèse Habert, nouvelle adhérente, et Denise Biondo aux multiples casquettes.(Histoires étranges d'ici et d'ailleurs, Pour retrouver Louise et Au bout des Doigts)

 

Présentation des contes écrits:

3 contes de La Fontaine interprétés par  l'inimitable Rosette Escoffier et Philippe-Auguste Malsheres de retour parmi nous.


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3 contes d'après Maupassant, Daudet, J-C Rey  interprétés par Joelle Foin (la folle) en haut de forme et Jean-Claude Beltramo (Comment Clément VI inventa la crèche provençale) en papet, Joseph Lévonian et Danyel Camoin, le curé face au diable (inspiré du curé de Cucugnan)

 

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3 surprises :

La légende de la tour Marguerite d'après Georges Brassens interprété en duo par Denise Biondo et Danyel Camoin,

Les naufragés de l'Aïoli d'après Danyel Camoin avec Denise Biondo et Jean-Claude Colay,

et Les demoiselles en livrée d'après Janine Ravel, l'auteur en duo de pies avec Denise Biondo. 

 

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Et libre cours aux contes sans écrits sur 3 présentations :

Carte blanche à Monique et Louis Moulet,  

La mauvaise réputation corse par Guy Feugier

Il était deux fois... Denise Biondo avec Danyel Camoin 

pour le final

 

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+ un invité suprise (au moment du verre de l'amitié) : petit récital d'Edouard.

 

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A signaler la présence de Madame Christiane Petetin, organisatrice du salon de La Destrousse... 

 

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Et quelques visages de la littérature et de la poésie : Gaël Angelis

Geneviève Casaburi, Paul Di Giovanni, Jean Di Fusco, Mireille Talotti-Miau, Pierre Boyer, Sonia Kitaëff, Tony Franck et Erine Lechevalier, entre autres...


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Un tirage au sort récompensait un gagnant  de livre de contes

(Denise Roman) et le verre de l'amitié en musique

clôturait la journée vers 19h45.


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Pour une  autre interprétation de textes gratuite, il vous suffit de réserver votre nombre de places.

 

  

  

 

 

Photos Yves Ravel et Erine Lechevalier  (toutes les photos ne sont pas encore installées)

Article: Nicole Manday et Frank Zorra

 

 

 

 

 

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Article précédent:

 

Provence-poésie prépare sa nouvelle prestation publique :  date prévue le 3 décembre 2011  de 16h à  19h30.
Le clou de la soirée Janine Ravel et Denise Biondo en... pies pour les demoiselles en livrée ! Inédit.
Comptez 1...2...3...
Les contes ne proviennent-ils pas d'anciennes comptines ?
Après la face cachée de Georges Brassens dans Si Brassens m'était conté... de Danyel Camoin
et les oeuvres particulières de Maupassant dans Quelques mots en passant pour Maupassant réglés par Denise Biondo
suivies en juin dernier de 2011 l'odyssée de la fable de Esope à Jean DiFusco avec quatorze participants,
l'association clôturera l'année  avec : A nous, Contes, Des mots !
Après-midi  (16-19h30)  dédiée aux contes avec
 
Une première partie en lecture-spectacle d'après les oeuvres de La Fontaine, Maupassant, Daudet, Jean-Claude Rey, Janine Ravel et... Georges Brassens !  Et oui, quand on aime, on ne quitte pas: dans toutes nos causeries spectacles un texte au moins de Georges !
Les spectateurs ont  déjà pu découvrir entres autres au cours de ces rencontres :
La bouée sonnet de Georges Brassens inédit de base dans Si Brassens m'était conté...
La ballade des dames du temps jadis de Villon dans une nouvelle de Maupassant depuis mise en musique par Brassens...
La bergerette et la fourmi, fable en vers de Brassens dans l'odyssée de la Fable...
Et ce n'est pas fini...
pour 2012 prévision sans engagement :
Allais(Alphonse) à la manière de Bellemare en mars pour la remise des prix du concours de Nouvelles
La différence entre Aragon et Ferrat (poésie) avec le concours de Rosette Escoffier en juin probablement
Causerie autour d'un livre contemporain : Au delà du seuil Invisible (polar fantastique) sortie 2012
Les poètes mis en musique par Brassens de Corneille jusqu'à Antoine Pol date non fixée
Il était autrefois... les contes de la bécasse d'après Maupassant peut-être en décembre 2012.
  
Et une deuxième partie contée sans texte par Monique et Louis Moulet, Guy Feugier, Denise Biondo, Joseph Lévonian, Jean-Claude Colay et Danyel Camoin qui monte une version scénique de son conte : Les naufragés de l'aïoli.
 
Alain et Jean-Paul devraient être là pour donner la note musicale et en prime Philippe-Auguste Malsheres, notre invité d'honneur de la dernière fois, nous fera peut-être le plaisir de venir dire un conte de La Fontaine. 
 
Nous invitons les adhérents désireux de participer à ces causeries pour interprétation ou lecture à se manifester trois mois avant leur programmation : le bureau est trés strict sur l'organisation.
Le générique du 3 décembre est déjà fait et Marie-Thérèse Habert sera sans doute la troisième Auteur(e) de contes invitée aux tables de dédicaces présentées par Denise Biondo.
biondo
Pour ceux qui préfèrent les contes pour enfants, Danyel Camoin propose un recueil fait avec la collaboration de sa petite-fille Marie-Anne, recueil également en vente librairie Thiéblemont à La Destrousse et qui y sera dédicacé par l'auteur le 10 décembre prochain : Avis aux amateurs !
Age mini 12 ans prix maxi 9 euros
face avant fées 
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Pour les impatients écoutez La Vouivre en attendant :
ou si vous préférez lire un conte digne de : Au seuil de l'inexplicable ;
Attention, ce n'est pas un conte pour enfant, c'est un conte érotique de la belle époque...
Métempsycose

 

             Quand il entra dans le salon, la pièce était vide. Il appela « « Madame Eve » mais il n’entendit pas sa douce voix répondre. Les tapis qui s’étiraient sur le plancher paraissaient moins propres ou, en tout cas, moins soignés que de coutume ! Ce fait l’amena à penser que la veuve pouvait être malade ou avoir eu un malaise ! Le jardinier venait de lui affirmer que la dame n’était point sortie depuis plusieurs jours.

Craignant pour la santé de sa partenaire officielle de l’interminable partie d’échec qu’ils reconduisaient, de jour en jour, sans qu’il n’y eut vainqueur, il se hasarda à faire ce qu’il n’aurait jamais osé sans cela : guider ses pas jusqu’à la porte de sa chambre… Jugeant aimable de ne pas crier de nouveau pour l’appeler quand elle risquait de dormir pour récupérer, il prêta l’oreille contre le panneau de bois pour essayer d’entendre un souffle de vie qui l’eut rassuré mais il entendait un bruit étrange, inhabituel comme un grincement ; les ressorts du lit paraissaient chanter ! Il ouvrit doucement la porte, inquiet, sa main tremblait sur  la bascule de la poignée et il risqua un œil indiscret dans le bâillement de l’ouverture ; là, il n’en crut pas ses yeux ! Il recula, referma la porte et retourna sur ses pas sans un bruit comme un petit garçon surpris dans une quelconque faute. Ce qu’il avait vu était inconcevable, une sorte de mirage directement illuminé par les feux de l’enfer !

Il alla sans s’arrêter, livide, les dents qui claquaient… Les derniers cheveux de son crâne s’étaient hérissés comme pour lui faire une crête, c’était cela, le transformer en animal pour avoir osé découvrir, même sans le vouloir l’infâme secret de celle que jusque-là, il vénérait ! Le jardinier qui passait une pierre à aiguiser sur son sécateur géant l’observa et ne put s’empêcher de le tirer de sa torpeur par la fameuse question :

« Que se passe-t-il, Docteur ? Est-elle donc souffrante ? »

 

        Erasmus était professeur de théologie mais dans l’entourage de son époque où tout ses amis l’appelaient Docteur, nul ne savait exactement en quoi il était docteur et la plupart l’assimilait à un simple médecin de quartier… Pour répondre, il se contenta de secouer sa tête négativement, il parvenait mal à diriger ses mâchoires et il mit longtemps pour articuler :

« -Non, mon ami, elle va bien, très bien même mais elle est très occupée et vous prie de ne pas la déranger quand vous partirez ! »

En lui-même, il se répétait : « Impossible, inconcevable, surréaliste ! Pas elle ! Et pourtant… »

Il eut du mal à en dormir ; Eve De Montmajour était la riche veuve d’un soldat mort au champ d’honneur, fidèle et obéissant, dévoué à sa patrie plus encore qu’à son épouse et il l’avait laissée en proie aux courtisans ! Erasmus, son ami, avait un peu fait fuir les canards boiteux qui venaient se déplumer sur ses coussins et il demeurait depuis l’un des seuls à faire la cour à cette jolie blonde de quarante ans, et, juste quand il se croyait près du but, il était décontenancé par cette effroyable vision !

            Le lendemain, prudemment, son parapluie, accroché au bras et son haut de forme bien enfoncé pareil à un casque, il se présenta à la demeure. Elle le reçut à bras ouverts, en l’embrassant sur les deux joues, familiarité à laquelle, lui, un fier défenseur du baise-main traditionnel dû à la noblesse, n’était bien sûr pas habitué ! Elle le tira par le bras en criant :

« -Vous, docteur en théologie, vous allez certainement comprendre … Il est revenu ! »

Elle montrait, vautré dans son canapé, cet être plein de poils qu’il avait surpris la veille sur son corps nu dans la chambre ! Un chimpanzé de très grande taille, tout noir qui se grattait sauvagement, un être indigne de baiser… les pieds de la dame ! Comment pareil accouplement pouvait-il être compris même par un docteur comme lui et que voulait-elle signifier par « il est revenu » ?

Erasmus n’avait souvenance de pareille rencontre en ces lieux.

            Elle ajouta en s’asseyant au côté de l’animal qui se dressa sur ses pattes de derrière en s’exhibant :

« -Regardez-donc ses yeux, ne les reconnaissez-vous pas ? Ils ont ce bleu de l’océan qui vous entraîne sur un remous pour vous porter dans une île paradisiaque… Et je vous garantis avoir reconnu sa ferveur un peu brutale de soudard qui vous prend d’assaut pour vous hisser comme un drapeau jusqu’aux premiers nuages et vous déposer comme un corps avide de plaisirs sublimes…

-Ce singe ? Ce serait…

-Mon mari …Edouard, son âme de soldat obéissant s’est réincarnée dans cet animal !

Ne m’avez-vous un jour soutenu que l’âme d’un humain mort va expier dans le corps d’un animal ses fautes non pardonnées, ce pour une longueur variable à l’échelle de la faute, et que les principaux animaux variaient du serpent jusqu’au singe, justement !

-Si, Madame, mais je n’ai point soutenu que votre époux puisse être un singe ou encore que ce primate ait la moindre parcelle de bon sens tel que celui de votre mari !

-Regardez comme il est gentil, il vous écoute ! »

            En fait, le singe penchait sa tête sur la gauche, puis sur la droite comme faisaient les petits chiens,

mais il semblait, pour Erasmus avant tout exhiber son bas ventre à la hauteur du visage de Madame. Erasmus regardait la belle dame dont les manières semblaient tout à coup toutes différentes, elle s’étalait sur le canapé en croisant ses jambes et ses pieds nus laissant s’écarter devant ses yeux sa blouse qui offrait à son regard des horizons jusque là inconnus ! Il s’extasiait déjà sur ses pieds qu’il n’avait jamais vus ainsi, plante déployée et orteils libres, elle portait d’ordinaire des bas de deuil sombres et une jupe noire plus longue et plus fermée aux aventuriers ; il était vrai que si son mari était revenu sous forme de cet animal, elle n’était plus seule, la réserve et le deuil qu’elle déployait à l’égard de son ami n’était plus une obligation mais ces pieds nus et ce mollet rond et charnu excitaient le regard du pauvre docteur qui en oublia un instant le singe pour les admirer. Sa main se tendit pour les caresser mais la voix de la dame le ramena à sa correction.

Pour le convaincre, elle demanda au chimpanzé :

« -Fais-moi un bisou, Edouard ! »

L’animal se pencha et l’embrassa doucement sur les lèvres, après quoi, il se remit au garde à vous :

« -Edouard, pour le reste, tu attendras ! »

 

            Erasmus rentra chez lui, perplexe : il se rua sur sa bibliothèque et en dévora des pages toute la nuit à la lueur des chandelles mais aucune ne le rendit plus sûr du fait ; rien ne parvint à le convaincre que son ami, capitaine de Montmajour, héritier d’une famille de barons et de comtes, puisse s’être laissé aller à planter son âme dans cet élément simiesque, fut-il dans la lignée l’animal le plus proche de l’homme ! Comment Dieu, de son siège céleste, aurait-il pu punir Edouard de cette façon ignoble et le laisser revenir dans le lit de sa femme dans le corps du chimpanzé, si grand soit-il ?

En outre, cet animal paraissant très porté sur la « bagatelle » laissait paraître une énergie qui s’apparentait quelque peu à celle d’Edouard qui ne lésinait pas, avant son mariage à torpiller les maisons closes ! Mais tout de même, un homme aussi sage et aussi intelligent ne pouvait descendre à l’esprit simple et méthodique de cet imitateur né, de ce perroquet à poils, même un chien eut paru à Erasmus plus convenable ! Certes dans l’obéissance de militaire, un toutou eut été parfait d’autant que plus doué dans la relation mais le singe gardait bien sûr la possibilité plus nette de marcher sur deux pieds… Celui-là exhibant la basse partie de son anatomie devait avoir un cousinage certain avec les lapins et cette liaison inter-âme était contraire à toute religion !

Le réduire à cet état et le renvoyer ainsi près de son épouse après qu’elle l’ait si longtemps pleuré, c’était impensable quoi que l’intéressée n’avait pas eu l’air de s’en plaindre ; ce genre d’animal pouvait dit-on être un merveilleux… Amant ! Ah ! Non ! C’était son mari tout de même, enfin c’est ce qu’elle dit : rien n’est prouvé !

            Il se demanda s’il devait en parler à son vieil ami le juge Rollin et la faire séparer de cet animal nuisible à toute morale ! Imaginer qu’elle ait pu avoir un enfant de... son mari à titre posthume l’affola complètement et le lendemain, il rencontra le juge.

Rien ne pouvait à première vue empêcher la pauvre veuve de posséder un singe domestique si elle le désirait au lieu d’un chien, cependant, ce singe ne pouvait vivre en ces lieux depuis longtemps, il s’était certainement échappé d’un cirque ou d’un zoo, il fallait enquêter et savoir, dans lequel cas, on pourrait le lui ôter pour le restituer à son entourage régulier !

            Erasmus n’était pas satisfait de la tournure prise par les évènements, surtout que le chimpanzé qu’elle nommait maintenant Edouard venait lui lécher les orteils devant lui lors de sa visite et il ne lui trouvait aucune tenue ; à un moment, contrarié par Madame Eve qui ne voulait pas le suivre dans la chambre, il renversa le jeu d’échec au moment où la partie allait enfin se terminer ! La dame demanda au professeur de ramasser les pièces et de les ranger pendant qu’elle allait lui donner une friandise pour le calmer. Erasmus se mit en devoir de lui faire plaisir et pendant qu’il récupérait un à un tous les sujets, minutieusement pour ne point les abîmer comme des saintes reliques, il entendit un bruit qui le fit frémir d’horreur et d’indignation, le grincement de plus en plus sinistre du lit pris d’assaut.

Il s’approcha sur la pointe des pieds, espérant se tromper, mais il porta sa main sur ses yeux pour ne point trop en voir, la seule vue des pieds nus écartés de chaque bord de la masse de poils qui tortillaient leurs orteils en rythmant les gloussements nuptiaux qui s’échappaient des lèvres charnues, le mit déjà dans un état insupportable ; elle était encore sous son… "Mari" plein de poils noirs.

Erasmus se retira sans bruit plus effondré que la première fois et courut interroger le juge sur l’avance de l’enquête simiesque ; celui-ci lui révéla que jusque là, personne n’avait perdu ou réclamé un singe de cette taille !

            Rentré chez lui, Erasmus marcha comme un automate vers la baignoire en zinc qui siégeait au milieu d’une toute petite pièce de sa demeure et se baigna dans l’eau chaude qu’il y versa en utilisant deux grosses bouilloires.

Un instant, il parut très calme puis un bruit le surprit et il vit un chat doré tout rayé de noir qui sautait sur une tablette reniflant une cloche à fromages vide déposée par-là ; d’où sortait ce chat, il ne pouvait être entré par la porte, une fenêtre avait dû rester ouverte. En l’observant mieux, il reconnut Mouna, la chatte de sa voisine, laquelle était absente depuis deux ou trois jours, Erasmus présuma qu’elle n’avait plus assez de nourriture et était venue en chercher chez lui !

Il l’appela et lui caressa le dos avec sa main ; elle sauta alors dans le bain avec lui et se colla contre son épaule mais il n’appréciait pas ce genre de familiarités, il la sortit de là par la peau du coup, elle miaula en le regardant d’un air de déception et partit dans une autre pièce en laissant des traces mouillées derrière elle ; elle remuait son popotin bizarrement, en soulevant sa queue…

            Erasmus sortit de son bain, une serviette autour de la taille et saisit une jarre de lait, il en versa une rasade dans une soucoupe et la posa au sol devant la chatte qui le regardait.

Au fond de la pièce, il distingua un cadre qui portait le portrait de sa femme fait par un grand peintre de passage : celle-ci avait été emportée par l’épidémie de peste qui avait sévi à Aix en Provence, bien des années auparavant. Elle si belle et si coquine qui relevait souvent sa jupe pour aérer ses dessous, dans quel animal sournois serait-elle réincarnée, si elle l’était, ou plutôt dans quel corps bestial son âme libertine aurait-elle pu aller se nicher ?

Tout en rassemblant les restes de poisson de son dîner de la veille pour les offrir à la chatte, il se mit à regarder celle-ci avec des yeux ronds scrutateurs… Il lui trouva bientôt les yeux un peu étranges et il les compara au même vert émeraude des yeux d’Esméralda, son épouse !

Son regard dut agacer la pauvre chatte qui sauta dans la cuisine de la chaise à la table puis sur le potager renversant au passage des verres et des plats qu’elle fit chuter au sol en débris avant de sauter par la fenêtre et de disparaître dans le jardin !

La pauvre Esméralda était fugueuse, elle retournait souvent dormir chez sa mère, quand elle était là, pourtant elle était sublimement câline, coquine et gourmande, elle se blottissait contre lui jusqu’à lui donner la chair de poule et le rejoignait même… Dans son bain ! En outre, c’était un désastre dans la cuisine… Comme la chatte de la voisine !

Mouna… Esméralda ?

Il se mit en devoir de la retrouver et il fut particulièrement comique en robe de chambre et bonnet de nuit, une lanterne à la main, remuant les buissons en courbant le dos, en train de crier : "Minou, minou".

Heureusement que la voisine n’était pas encore rentrée. Personne ne pouvait le surprendre ainsi. Il ne retrouva pas la féline aux yeux de biche. Il rentra bredouille, la journée avait été dure…

Suis-je devenu fou ? Pensait-il, je parlais déjà seul et voilà que je pense à tuer un singe et à installer chez moi une chatte ! Il prit une petite bouteille ventrue dans un vieux buffet d’époque et s’asseyant à sa table ronde, il se laissa aller à boire abondamment. Il s’endormit près de la carafe de liqueur de verveine qu’il avait dû confondre avec une tisane.

 

             Quand il s’éveilla, sa colère s’était quelque peu calmée apparemment mais il n’en croyait pas ses yeux, dans le grand fauteuil de cuir brun, un corps de femme s’étirait, tendant vers lui deux volumes roses, bombés, qui ondulaient à loisir dans leur simple appareil ; il voyait aussi deux jolis mamelons se balancer entre ses bras posés sur l’accoudoir et la plante de ses pieds enveloppés de bas sombres qui s’arrêtaient au niveau de ses cuisses… Il n’en crut pas ses yeux, subjugué, il ne se rendit pas compte immédiatement qu'il n'avait point vu son visage, et les frotta des deux poings fermés, quand il les ouvrit, il distingua son visage et sentit un frisson se glisser sous le peignoir et descendre le long de son dos, elle avait une tête de chatte ! Elle miaulait, ouvrant sa gueule d’un air méchant ! Ses dents pointues couvertes de bave donnaient un aspect répugnant à son visage poilu implanté sur ce si beau corps féminin ! Mouna s’était transformée, elle avait le corps d’Esméralda  et ses propres yeux verts de bête en furie !

Il tenta de la calmer en caressant son dos du bout des doigts, mais il se sentit griffé au visage et un peu de sang gicla, elle tendit ses jambes et il reçut un coup de pied au... menton, en même temps, elle sauta sur la table, la carafe se brisa au sol et elle s’accroupit en se griffant elle-même le ventre de ses ongles saillants et bondit encore vers la porte de la chambre.

Il se dirigea de l’autre côté vers le miroir de l’entrée et il resta consterné, il était tout habillé de neuf avec une cravate mais sa tête était affreusement transformée ; une vraie tête de porc !

Serait-il mort lui aussi dans la nuit et son âme avait fui dans un … Cochon ! C’est vrai qu’il pensait trop à manger les charcuteries, les boudins surtout le régalaient, puis ses pulsions l’amenaient surtout dans ses rêves depuis la disparition d’Esméralda à des envies terrestres de bon vivant ; il était porc-nographique, et bien sûr la religion pouvait le blâmer d’autant que l’église le voyait très peu depuis la mort de l’épouse, n’ayant plus à confesser d’œuvres de chair réelles ; aurait-il dû aller conter ses parties d’échec ?

Mais avec une tête pareille et un groin en place de nez, comment pourrait-il embrasser sa chatte, enfin Esméralda !

Il ôta ses habits avec rage et courut vers la chambre, elle était allongée sur son lit, une jambe levée vers le plafond et l’autre grattant le lit avec ses orteils. Il arracha ses bas pour embrasser ses pieds et les lécher comme le singe l’avait fait à Dame Eve puis il s’allongea sur la chatte et la sentit remuer doucement sous lui dans un miaulement  plus tendre.

Emporté comme dans un rêve, il vit les rideaux bouger sans qu’elle ne s’y soit accrochée et toute la chambre se mit à tourner autour d’eux puis les ongles des mains de sa compagne devinrent griffes acérées et se plantèrent dans son cou ! Affolé, il se recula et déséquilibré, il tomba du lit et... il tombait, il tombait toujours sans jamais toucher le sol ! Quand enfin il réussit à se poser à quatre pattes sur un terrain humide, à même la terre, il n’était plus qu’un cochon qu’on tirait avec une corde vers un baquet d’eau : la douche froide !

On le poussa dans le bac en l’arrosant d’un jet de forte pression qui semblait lui arracher le visage. Il voulait supplier mais l’eau lui emplissait la bouche…

 

        Soudain, il sentit son visage normal, humain, ses mains à côté de lui étaient posées sur sa table ronde et devant lui, le facteur, Jérôme lui souriait :

« Docteur, excusez-moi, mais quand je vous ai vu tout pâle la tête baignant dans votre verre renversé, je vous ai cru mort alors je vous ai aspergé avec un peu d’eau ; j’ai un paquet pour vous, quand j’ai cogné, la porte mal fermée m’a livré le passage… »

Ainsi, il avait trop bu puis s’était endormi et toute cette horreur n’était qu’un cauchemar causé par son esprit tourmenté ! La carafe était toujours intacte et posée sur la table.

Il remercia le postier, signa le registre et se mit en devoir de se laver la face avant d’ouvrir le fameux paquet !

 

            Le juge ne l’ayant pas débarrassé de ce singe envahisseur qui lui enlevait la seule compagne possible dans sa vie actuelle et la chatte ayant disparu, il résolut de se débrouiller seul, il rendit visite à Madame Eve ; celle-ci devant sortir pour approvisionner son garde-manger que son nouveau compagnon avait dévasté le laissa seul à la maison pour un moment avec le singe qu’elle considérait par instant comme son mari et quelquefois comme… le fils qu’elle n’avait pas eu.

            Erasmus prit un éclair de l’orage pénétrant par la fenêtre des cuisines comme un signe du destin, de l’au-delà ou d’une divinité ! Comme il n’en pouvait plus, il saisit le grand couteau du salon ! Il pénétra sur la pointe des pieds dans la chambre où le grand singe se reposait en fumant un cigare, vêtu d’un peignoir d’Edouard ; il paraissait bien décidé à le castrer ! Un mouvement inattendu du singe fit glisser le couteau et il se planta dans le ventre du mammifère qui perdit énormément de sang !

Au moment où Madame revenait, le singe expirait… Elle leva les bras au ciel en le traitant d’assassin, appela la police, le fit arrêter à sa grande surprise oubliant cette amitié, voire cet amour secret qui les liait depuis des années ! Etranges étaient les femmes de ce temps !

  

            Erasmus confia aux policiers que c’était un accident, qu’il n’avait pas voulu priver l’âme d’Edouard de son corps et qu’il voulait simplement empêcher l’accouplement de cet être avec la dame de ses pensées. Les inspecteurs interrogèrent Madame de Montmajour qui nia avoir reconnu son mari dans l’animal qu’elle avait simplement recueilli par bonté. Evidemment, elle nia également toute relation physique avec un singe mais laissa entendre qu’elle avait pu en avoir avec le docteur Erasmus, et que son cerveau avait pu par jalousie vouloir exterminer l’animal !

            Erasmus consterné fut conduit à l’asile des aliénés où il entra forcé dans une cellule d’aspect singulier, étroite où la cheminée, la fenêtre et le miroir étaient solide

ment grillagés ; le lit métallique était boulonné au plancher par une cornière et aucun autre meuble n’existait ! Il cria si fort qu’il n’était pas fou que les barreaux tremblèrent ! On le conduisit alors dans une grande pièce au centre de laquelle une sorte de bassin rond et vide siégeait. Complètement déshabillé par les gros infirmiers vêtus de blanc, il fut précipité dans ce qu’ils nommaient la baignoire : ses pieds nus glissaient sur le fond quand il sautillait de rage : une avalanche d’eau glacée s’abattit sur lui ! On le doucha jusqu’à ce qu’il admit que le singe n’avait aucun rapport avec Edouard, qu’Esméralda et Mouna n’avaient pris ressemblance que dans ses rêves et qu’il avait volontairement tué par jalousie. Il eut alors droit à la promenade dans la cour carrée entre les allées de platanes et les jardinets de fleurs protégées par des barrières. Des individus s’y promenaient autour de lui ; certains conversaient seuls, d’autres riaient de le voir, quelques-uns sur les bancs de bois paraissaient mélancoliques. Erasmus pensait que rester dans cette ambiance ne pouvait mener qu’à la folie !

 

           On le libéra six mois plus tard comme guéri, la mort d’un animal n’étant pas l’apanage des juges et des jurés, son ami le juge le déclara apte à vivre normalement sous son éventuelle surveillance.

            Erasmus n’avait cependant pas digéré cette infamie, le soumettre lui à tout cela pour simplement avoir soupiré durant des années à se rapprocher d’un cœur solitaire… Il voulut que la dame lui rende raison de son geste et il alla la trouver : elle avait repris son air digne, renfilé ses bas noirs, remis ses jolis pieds dans des bottines, sortait avec une voilette et ne touchait la main des hommes qu’avec des gants ! Quand il lui demanda pourquoi tous ces mensonges, elle répondit :

« -Auriez-vous préféré que je leur dise que vous aviez tué mon mari ?

-Votre mari, Madame, est mort sur un champ de bataille et même si l’on admet que son âme ait pu s’abaisser à entrer là, cela n’en faisait pas l’être humain qu’il vous manquait au point d’en faire votre amant !

-Avec lui, j’ai connu des heures fantastiques, il me suffisait de fermer les yeux et je m’envolais au-dessus des nuages avec Edouard…

-Ne voudriez-vous point les fermer un peu avec moi qui soupire depuis si longtemps ?

-Avec vous, Docteur, son assassin, je ne regrette pas les bons moments que nous avons eus ensemble mais je vous conseille de ne plus paraître dans la maison que vous avez souillée de sang ! Je n’ai eu de gestes d'amour qu’avec mon mari, du moins par la pensée !

-La fidélité partagée en quelque sorte ! »

Erasmus venait de remarquer son gros ventre dissimulé sous la capeline.

Effrayé, en tremblant, il bredouilla :

« -Mais si vous n’avez… Cet enfant sera celui du…

-Cet enfant sera l’enfant que vous m’avez laissé élever seule après notre séparation à cause de votre folie…

-Mais c’est vous qui êtes folle, on ne sait ce qui vous attend… Pourquoi serais-je le père de cette horreur ?

-Parce que vous êtes le seul à savoir et m’ayant séparé de l’âme de mon mari, vous me devez bien de me laisser mon fils ! »

 

            Erasmus courut jusqu’à la porte du juge mais il se revoyait nu sous le jet d’eau qui le meurtrissait, non il ne voulait pas retourner à l’asile ! Il refit le chemin en sens inverse, son parapluie à son bras, il s’aperçut alors qu’il marchait nus pieds sur le pavé, il avait oublié de se chausser ; sa raison vacillait-elle ? Une simple inattention.

Il rentra chez lui mais chaque fois qu’il passait devant le miroir, il se voyait avec une tête de sanglier, image fugitive sans importance ou retour d’une violence sangli-ante ?

Pendant son sommeil, il assista à l’accouchement d’une femme dont il ne voyait pas le visage, on retirait d’elle un tout petit singe et on le lui tendait en disant ; voilà votre fils, Monsieur ! Quand il voyait le visage de la mère, elle avait une tête de chatte et écartait ses mâchoires pour le mordre !

À un autre moment, il voyait entrer une jeune fille chez lui, ressemblant quelque peu à Madame Eve, elle venait lui offrir une nuit d’amour en échange d’un peu d’argent, étonné, il hésitait, puis s’approchait d’elle pendant qu’elle se retournait pour se dévêtir et lui demandait :

« -Pourquoi êtes-vous venue chez moi ? »

-Pour venger mon père !  criait-elle. »

Elle se retournait brusquement avec un visage de singe !

            Il se réveillait en sursaut, transpirant comme une bête, haletant, fiévreux, hirsute…

Si bien qu’il eut bientôt peur de dormir et but d’énormes cafés pour rester éveillé mais toutes ces nuits sans sommeil le conduisait, il en était conscient, vers la folie, vers les douches… Il n’osait plus parler à personne, plus sortir… Sa seule amie, Mouna, la chatte qui s’échappait quelquefois mais revenait toujours boire son lait pour se blottir un instant contre lui pendant qu’il lui caressait l’échine de ses doigts.

 

            Un jour, n’y tenant plus, à force de réfléchir, il convint que pour éviter l’asile et supprimer cette probabilité d’enfant singe qui le hantait, il n’y avait qu’une solution : tuer la mère porteuse ! Madame Eve ! Il se rendit chez elle et pénétra en escaladant une fenêtre puisqu’elle ne le recevait et la poignarda dans le ventre, ce faisant il pensait qu’on exterminait les vampires avec un pieu ; il était sûr ainsi que cette créature ne viendrait pas au monde ! Il repartit comme il était venu et alla directement se livrer à la police en racontant son histoire ; on le fit monter dans un fourgon bleu mais quand on lui ouvrit les portes et qu’il descendit, il reconnut les portes de l’asile… Il voulut fuir en criant mais des infirmiers le ceinturèrent et le poussèrent vers l’intérieur. Il demanda qu’on appelle le Juge en gesticulant !

            Quand celui-ci vint le voir, il était sous la douche, il était nu, calme, le visage dévasté, les mains crispées sur son sexe comme s’il craignait que la pression de l’eau le lui arrache ; il le trouvait soudain si petit, si inférieur à celui des gorilles, juste un escargot sans coquille, fragile à la merci du coup de pied sans pitié des veuves... 

Apercevant son visiteur, il  lâcha son organe pour s’accrocher à cet homme tel un naufragé aggrippé à un radeau ;

« -Pourquoi suis-je ici ? Je suis un assassin mais pas un fou ! J’ai tué Madame Eve !

-C’est justement ce qui ne colle pas, cher ami ! Madame Eve était déjà morte à l’heure où vous dites l’avoir tuée ! On a arrêté son meurtrier : il avait du sang dans ses chaussures et lui avait volé tout son argent : il a avoué ! Depuis sept mois, il vivait à ses crochets : elle était enceinte de sept mois ! Il lui avait fait un enfant sans le vouloir ! Fallait voir ses attributs ; je vous promets que quand on voit les vôtres, la comparaison... Enfin, n’assumant pas sa paternité, il voulait partir ! Comme elle menaçait de le faire traquer s’il partait, d’un geste de colère, il l’a éventrée avec un pieu de jardin !

Vous, on n’a trouvé aucune trace de votre passage, vous avez donc fabulé une fois de plus ! Cher ami, vous n’avez tué qu’un singe, il vous faudra vivre avec cette idée ! »

 

            Après le départ du juge, Erasmus retourna de lui-même vers la douche… Il murmurait que l’eau à l’instar des océans absorbait la lumière alors que les murs comme les continents la réfléchissent.

            Ensuite, dans sa cellule de l’asile, dans sa robe de bure, semblant un moine, les pieds en sabots, le docteur Erasmus, calme et résigné, écrivit ses mémoires, en attendant qu’on le relâche, et quelquefois, vers le soir, on affirme qu’il recevait une visite qui faisait renaître sur son visage, barbu et ravagé, un sourire éclatant ! Une chatte dorée se glissait entre les barreaux pour venir se coller à lui en miaulant ; on dit qu’il lui parlait, en la caressant, comme s’il parlait à son épouse !

Peut-être, est-il mort sans être guéri ? Qui sait ?

 

 

Vous ne me croirez  peut-être pas mais, dans la ferme, aujourd'hui, en repensant à lui, j'ai eu du mal à saigner le cochon. C'est quelque chose... La métempsycose !

 

      

Article et conte de Frank Zorra 

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 Archives

Samedi 18 décembre :  dans la salle de la MDVA à Aubagne, une quarantaine de personnes  se sont retrouvées pour la présentation publique de Provence-poésie parmi lesquelles des réprésentants d'associations et de simples visiteurs.

C'était la date de rencontre pour les adhérents de Provence-poésie et les co-auteurs du guide des trésors de Marseille qui, après une conférence de Danyel Camoin : Si Brassens m'était conté, ont pu déclamer leurs textes écrits dans le livre tout en présentant les deux nouveaux livres de Provence-poésie : Palette et plume de Sonia Kitaeff et Fables et Sonnets de Jean Di Fusco.

Sur les 14 Auteurs du  petit guide de Marseille, huit étaient présents pour la lecture (photo ci-dessous) de droite à gauche : Denise  Biondo, Sonia Kitaeff, Mireille Miau, Janine Ravel, Jean Di Fusco, Albert Borelli, Jean-Claude Colay et Danyel Camoin (tous les huit à la fois co-auteurs et adhérents ; Josette Pons, dans l'impossibilité de se déplacer, est également co-auteure et adhérente)

L'invitée d'honneur : la romancière académicienne de Provence : Erine Lechevalier participant par amitié au concours de nouvelles de Provence-poésie s'est dévouée gentiment pour photographier le groupe.

 

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La présentation éclatante de Denise Biondo, assistée à la réception et au service par une de ses soeurs et l'irremplaçable Jean-Claude Colay, a captivé l'assistance autant que ses prestations dans la conférence où se sont illustrés Mireille Talotti-Miau et Joseph Lévonian.

Quelques applaudissements ont salué cette transformation en petit théâtre des textes de Brassens tout en faisant découvrir des poèmes inconnus.

Un tirage au sort par une jeune demoiselle a récompensé deux visiteurs.

Provence-poésie remercie tous ceux qui étaient présents.

Sur les photos ci-dessous, quelques moments de la soirée :

 

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Danyel  a imité Frank Zorra pour présenter le petit guide de Marseille et ses co-auteurs avant de reprendre son propre aspect pour la photo avec Erine et Denise. 

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Résumé administratif :

Présentation de l'association par Denise Biondo

Invitée d'honneur : Erine Lechevalier

Dédicaces des nouveaux livres de Pp éditions avec Sonia Kitaëff et Jean Di Fusco

(voir les articles Palette et plume et Préférez-vous une fable?)

Conférence: Si Brassens m'était conté... Danyel Camoin (sur réservations)

Récital des auteurs  présents du petit guide  poétique de Marseille

3 guides vendus.

Annonce de prochain livre et prochaine réunion.

Tirage au sort d'un livre pour Noël.

Nouveaux adhérents

Verre de l'amitié

 

Ci-dessous récital de quelques auteurs suivi du poème clé :

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Provence-poésie

 

  

Nos deux âmes circulent presque librement

Tous nos doigts arpentent un feuillage trop blanc…

Et soudain apparaît une petite fée

Qui rend cette page aussitôt dessinée.

Voici la mouche qui agace l’olivier.

De doux oiseaux chantent posés sur nos pieds.

Mais nul besoin d'aller en Asie

C'est ici, Provence poésie.

 

L’ancêtre en pleine possession de ses moyens

Mesure le temps gradué sur son chemin.

Un peintre dessine sur son chevalet, leste,

Le parfum coloré d’un poème qu’il teste.

Nos héros habillent de fleurons leur moitié

Liberté, amitié, sont nos publicités.

Et sans Montaigne ou La Boétie

C'est ici, Provence poésie.

 

Groupez quelques copains autour d'un vieux radeau,

Lancez quelque phrase relevée en drapeau,

Alors, les étoiles s'installent dans les yeux

De tous ces visages à l'écoute, radieux.

La cigale stridule en nos verts feuillages

Pour accompagner ces différents mirages.

Nul besoin de mille facéties

C'est ici, Provence poésie.

 

Quelquefois, on est au seuil de l'inexplicable

Et un passant trouve un regard très aimable.

Croyez qu’en souriant au final d'une fable,

Même un méchant chauffard peut devenir affable.

Aucun risque en faisant publier nos nouvelles

Qu’ouvrage déployé ne laisse de séquelles ;

Ce sont des mots qui anesthésient…

Ici, c'est Provence poésie !

  

Danyel Camoin 2010

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Photos Erine Lechevalier

 

 

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