Détective marseillais atypique, il se nomme Frank Zorra (comme Zorro mais avec un A)
A l'occasion des trois concours qui ont pour thème annuel la mémoire, sous le titre global : Mémoires, et en attendant la remise de prix du concours de contes ( le troisième) en décembre dans l'ensemble lecture-spectacle : les contes de nos moulins, Provence-poésie vous offre : Rétrospectives, le dernier opus de notre détective qui avait récemment publié son "dernier rendez-vous" ! Non, Frank Zorra n'est pas mort et si l'auteur ne veut plus le projeter dans de nouvelles enquêtes atypiques et marseillaises, le héros vous replonge dans des rétrospectives de celles qui n'ont pas été publiées dans les autres livres avec en prime un dialogue tout à fait inédit entre partenaires et auteur.
Ce livre sera ouvert aux bons d'achats offerts pour les concours, lauréats et participants pourront donc se le procurer chez Provence-poésie sans que cela leur coûte.
Pour ceux qui ne connaissent pas toute l'oeuvre, nous offrons la même action pour tous les livres de Frank Zorra existants et nous vous passons les titres affiches en complément de cet article avec aussi un texte qui aurait pu participer au concours : Mémoires : Des barbelés sur la mémoire, déjà publié sur ce site.
La lecture est ouverte pour vous inspirer la nouvelle qui gagnera le concours qui vient de démarrer :" Et l'amour alors ? "
Des barbelés sur la mémoire
Pourquoi je suis là ? Je n'en sais rien.
Là-bas, de l'autre côté de la montagne, c'est la France, mon pays, j'y retourne… Mais pas seul ! Je ramène une poignée de sans-abri ; pour eux la France c'est le salut, la liberté, le droit de dormir sans qu'une nuit un groupe d'hommes armés viennent vous réveiller pour vous frapper, le droit de manger en famille sans qu'un enfant pleure de faim ou plus simplement de la cruauté du paysage, de la mort d'un petit chien ou bien pire, celle d'un parent.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi moi ? Allez donc savoir !
J'étais tranquille dans mon Vieux Marseille, pénard, je jouais aux boules, je maugréais sur les impôts à payer, je mangeais la bouillabaisse, en ravivant des calembours à la fille qui ouvrait les coquillages, sourire aux lèvres, un clou dans le nez, la poitrine sans soutien balle en proue comme une publicité au lait maternel, et puis vlan ! Me voilà en mission, désigné pour aller chercher cette famille et lui faire passer les frontières.
Je m'imagine en 1941, la ligne de démarcation, les juifs, les passeurs ; « Heil Hitler » ! Finalement, le monde ne change guère : il conserve ses peurs, ses tremblements ; l’endroit change, il reste une terre d'asile où l'on accueille les malheureux parias sans papiers pour les coller dans un taudis dont ils devront se contenter sous peine d'être rapatriés, tapis dans l'ombre, livrés à la peur, vers leur village détruit ; moitié cendres, moitié décombres. Détruit par quoi ? La bêtise humaine…
C'est un mal, une gangrène, on ne sait pas vivre sans guerre, sans violence et sans accident. Nous sommes évolués maintenant. On se drogue, on s'irradie ; on ne se bat plus à la hache mais au virus mortel.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi eux ? Parce qu'ils ont un parent !
Là-bas, un cousin les attend sur un fauteuil roulant se demandant s’il les reverra un jour, bousculé par les gens qui crient : « Encore un immigré ! On est envahi, on n’est plus chez nous ! » Et oui ! C'est un peu vrai qu'il y en a trop ; trop de malheureux, trop de fuyards, trop d'enfants qui ont faim. La terre en gronde, le séisme est pour demain.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi cette petite fille ? Parce qu'elle a les yeux bleus ?
On dirait que des étoiles brillent dans ses pupilles quand on lui parle de là-bas, ce pays où les petites filles ont des poupées, des ordinateurs, des jeux électroniques… Et il paraît qu'elles ne sont pas contentes, qu'elles se plaignent de la vie dure ou du divorce de leurs parents… Je regarde cette enfant toute maigre habillée d'une veste mordue au coude, de sandales renforcées par des sachets plastiques pour protéger ses pieds dans la longue marche…
Et je me souviens de ma petite fille au milieu de sa montagne de jouets. Je me dis, Frank, assez fermé les yeux ! Il faut la sortir de là. Ma jambe me fait mal, il faudra opérer plus tard mais je la prends dans mes bras pour la porter… Pour effacer un instant les barbelés qui serpentent dans sa mémoire.
Et c'est l'an 2000, et c'est dérisoire !
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