Provence-poésie Propose un extrait tiré de ces livres :
DANYEL CAMOIN-2020
Les griffes du futur –Nouvelles fantastiques- Editions Le lys Bleu-Paris-2020
En 2000, parmi les oiseaux englués piaffant dans la marée noire et les poissons retournés, ventre offert au soleil, la nature semble vexée par les abus des pétroliers dégazant en polluant les plages, et des multinationales dont l’intérêt financier ignore l’écologie. Ces dernières contribuent à un déchaînement des éléments : de nombreuses catastrophes se produisent autour du globe et, notamment, une inondation due à une pluie inattendue bloque les automobilistes au cœur de Marseille : contraints d’abandonner leur véhicule, ils fuient par le vitrage des portières… Des blessés et des morts s‘additionnent au cœur des catastrophes…
Durant une tempête surprenante, justement, au bord du Verdon, un autobus, pris dans une avalanche de grêlons, ne peut suivre sa route… À l’intérieur, un jeune ingénieur de trente ans, séropositif, discute avec une jolie blonde aux yeux bleus, apparemment de son âge, qui prétend être sa destinée !
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Et si je vous contais- Contes Belle Epoque-Editions Provence-poésie 2020
…Un jour, les femmes obtiendront leur place, leur égalité, mais il faudra encore voir d’autres drames avant ! Le professeur de musique et le jeune délinquant sont deux des rares personnes assistant aux obsèques de la pauvre Eve. Pourtant, au loin, derrière un énorme tombeau, toute vêtue de noir, une épouse cache mal ses larmes qui coulent sur une joue gonflée par les hématomes.
On se demandera de quelle époque exactement j’ai pu tirer cette histoire, ce ne peut être qu’un conte noir de la belle époque chère à Zola ou à Maupassant, car bien sûr pareil traitement de dames ne saurait exister de nos jours, n’est-ce pas ?
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Les caprices du destin- Roman en trois actes- Editions du bord du Lot -2020
Grandie, éclatante, la jeune mère attire tous les regards mais inspire un certain respect peut-être parce qu'on l'appelle encore chez les anciens : la fille du sorcier. La peur du sort jeté et de la poupée aux aiguilles existe encore à cette époque, triomphant sur le dédain offert d'habitude à une fille mère. Elle regarde encore la morte et voit sa main gauche crispée qui traîne hors de la couverture lorsque les policiers l’emportent. Elle s'approche et écarte les doigts raidis avec peine. Ses paupières clignent, une pluie incontrôlée envahit son visage devant ce qu'elle voit…
Et dans cette main brisée s'ouvre un trèfle bleu à quatre feuilles.
Les griffes du futur
J’ai récemment semé quelques vers sur le vent,
En mémoire d'un grand nuage de trente ans.
Le bel arbre de vie, transformé en fantôme,
Laissait la lente mort s’emparer de l’atome
Quand nos vieux villages la rage enveloppait !
Or, le risque en ce temps, aux frontières stoppait,
Se mêlant au cocon de nos faiseurs de pluie
Jetant, pour endormir, le sable de l’oubli !
Mais maintenant que nos sorciers du nucléaire,
Contrôlent la fission par intense prière,
Avec les revenus fournis par l’addition,
Auront-ils préparé la grande solution ?
Protège-t-on l’enfant, si, même un seul instant,
Le noyau coléreux vient nous montrer ses dents ?
Le volatile noir ronge notre âme humaine
Inséré dans quelques visages de la haine !
Les sphères de vapeur, tout là-haut, s’émeuvent…
Lorsque certains oublient, d’autres ne le peuvent
L’éclatement soudain de glandes thyroïdes
Ne convainc pourtant pas le cœur des nimbés druides !
Les berges de l’espoir sont des marais mouvants
D’où la situation revient telle qu’avant…
Attendons-nous alors que s’ouvre notre terre
Pour ensevelir tous nos vils déchets en bière ?
Là-bas, les centrales nous sourient, elles chantent,
Ce divin paysage, étendu, les enchante.
À cette décennie souhaitons qu’il survive !
Que le sombre stratus maintenant en dérive…
Qu’il fonde dans d’autres, devenant parodie,
Pour border gentiment le lointain paradis.
Que peuvent quelques vers en proie au mauvais temps
Pour ôter du futur un nuage d’antan ?
poème primé en 2006 - Académie de Provence
Collection Frank Zorra :
Je suis né à Marseille- Enquêtes atypiques- Editions Baudelaire -relance-réédition 2020
En bas résille, elles pavanaient au casino, starlettes cannoises juchées sur échasses à talons et semelles doubles, peut-on encore nommer cela des escarpins ? Elles portaient en tous cas de beaux colliers autour du cou et de l'argent plein les sacs à main provenant des bijoux volés qu'elles avaient déjà revendus. Je m’étais présenté à elles, humblement, admirateur au regard plongeant qui creuse les décolletés jusqu'à l'extrême sans honte. Le travail ne m’a jamais fait peur et les yeux sont faits pour voir, non ? Il ne me manquait que le monocle des vieux vicieux qui rend la chose plus noble et la classe d’Aldo Maccionne mais il est vrai que j’étais encore jeune à l’époque.
« -Zorra, je m’appelle Frank Zorra, comme Zorro mais avec un a… pour vous servir ! »
Et oui, servir ! Cela leur laissait sans doute penser qu’elles pouvaient m’utiliser comme un kleenex ou pire encore, et cette présentation typique les a bien fait rigoler, franchement, sans retenue, d’un gloussement qui contrastait avec leurs trop belles manières.