Emile Mihière revient...
Après A bâtons Rompus, Rebelle pourquoi pas ? et Debout les morts !
On pouvait penser la trilogie bouclée et la verve de notre auteur de Quatre-vingt treize ans au bout de ses peines mais c'est une erreur ! Le rebelle est de retour.
Après une imposante apparition à Aubagne pour son coup de chapeau le 13 juin dernier où il déclamait lui-même son texte la route avec Denise Biondo (illustratrice habituelle de ses œuvres) la plume de Mihière nous reviendra, préfacée et illustrée, pour nous offrir le cadeau de Noël de certains :
LA BIBLE et après ?
Ci-dessous le texte extrait de la trilogie précédente qui a servi au coup de chapeau à l'auteur par Provence-poésie éditions.
La route
C'était la nuit, je crois, ou le jour qui s'achève.
Un inconnu marchait d'un pas très inégal
Sur un très long chemin, tout au long de mon rêve :
Car je rêvais, bien sûr, ce soir à l'hôpital…
Soudain j’entends son pas : c'était un petit gosse
Qui portait son cartable avec son tablier
Il avait le teint clair et les cheveux en brosse
Avec tous ses copains, il chantait, il riait.
Il grandit, le petit, et c'est l'adolescence…
Le jeune avec son père : un ancien combattant
Qui marchaient tous les deux, lentement, en silence
Et puis le père dit : « N'en ai pas pour longtemps ».
En effet, peu après, gazé pendant la guerre,
Ses poumons ont trahi le hussard de Verdun ;
Finis le chant d'air pur, la route carnassière ;
Le clairon sonne mal sinon pour les défunts.
Alors le fils meurtri continue sur la route
Ne rêve que de paix et d'amour infini.
Il chemine vaillant faisant fi de ses doutes,
Méprisant les "On dit". Mais c'est de l'utopie !
« Tu vas trouver partout vils pièges et obstacles
Le sentier est très rude où l'on peut trébucher.»
Le jeune était têtu et croyait au miracle :
Il a dégringolé du haut de son clocher...
À peine relevé, il lit « Route barrée »
Il fallait repartir et reprendre courage.
En devenant homme lucide et décidé
Il a enfin compris : il faut un équipage,
Choisir de s’encorder, car la montée est dure
Mais il n’est pas tout seul et puis « ça vaut le coup ! »
Tu seras plus prudent à cause des blessures,
Et au bout du chemin, vois le grand Rendez-vous !
Et si ce « rencart-là » conduit à une impasse ?
Si la vie est un leurr’, si « pas de Paradis » ?
Je ne veux pas y croire affirmant plein d’audace ;
Si Dieu n’existe pas… Eh bien… tant pis pour lui !
E.MIHIERE
Article FZ