L'univers de ZORRA...
Pour les fans de Frank Zorra qui ne sont pas partis en vacances, voici un article spécial qui va déployer quelques œuvres mais, en premier lieu, voici un hommage poétique au détective qui n'émane pas d'une dame mais d'un adhérent, lecteur des nouvelles de Nyons. C'est une lecture conseillée pour les vacances : visitez Nyons, ville sublime au parfum de lavande et d'olives, la ville qui a vu grandir René BARJAVEL et qui possède encore la dernière scourtinerie de France, tout en suivant les enquêtes de Frank. (recueil : 9 euros)
Prolongation de la promotion : Je suis né à Marseille-Mésaventures de détective-Il était une... Femme, la trilogie pour pour 30 euros.
La seule différence entre Nyons et le paradis, c'est qu'à Nyons on est bien vivant.
René BARJAVEL
Pour parler Frank
Pensant le temps tuer,
Tel un habitué
Qui change d’autobus,
Un jour sans aller loin
L'a voulu faire plus
Pour être le témoin
Des dessous de l’histoire,
Ceux qui fleurent si bon,
Ceux qui puent, c’est notoire
Car issus des bas-fonds,
Ceux qui créent le frisson
Jusqu’à la pâmoison,
Ceux qui restent troublants
Même s’ils sont tout noirs
Et tous ceux qui sont blancs
Mais qu’on ne peut pas voir…
Sans doute est-ce un secret,
Mais en quelle saison
Et pour quelle raison
(Je suis bien indiscret
De vous le demander
Car je le dis tout franc)
Avez-vous décidé
Un beau jour d'être Frank ?
De payer à Zorro
Jusqu’au dernier carat
Ce que le sieur Zorra
Devait à ce héros ?
De Nyons à Marseille
Épris du jus de treille
Vous voilà détective
Carburant au pastis
Ou à l’huile d’olive
Mais enquêtant gratis.
Nul besoin de discours :
Vite vous accourez
Pour voler au secours
De la veuve éplorée.
Dès que l’on vous appelle
Vous voilà sur les traces
(Même si c’est cocasse)
De qui se fait la belle !
Bref vous élucidez
Tout ce qui est mystère.
De l’amant trucidé
Qu’on retrouve par terre,
Des ciseaux dans le dos
À cette belle ado
Offerte en cadeau
En baisser de rideau…
On passe au fil des pages
De l’humour à l’orage
Du mot coquin
Mais pas grivois
Au mot taquin
Ou très courtois,
Celui qui émoustille
Ou celui qui pétille…
C’est joliment tourné,
Même les pieds de nez !
S’il reste un vague à l’âme,
Vite on sèche ses larmes
On joue tel le dauphin
Avec les sentiments,
Regrettant seulement
De lire le mot FIN.
Bernard Oursinus
Autre poème (quatrain) adressé à Frank dans le livre : Des nouvelles de Nyons, récompensé au concours des Apollons d'Or.
Quand tu signes Zorra de la pointe de ta plume
Cherchant en fin limier l'origine d'un crime
Ton esprit bouillonnant comme une mer d'écume
Nous offre encore quelques nouvelles sublimes
Geneviève CASABURI, co-auteur des Fantômes de Marseille.
Des barbelés sur la mémoire
Frank Zorra Drôles de Vacances.
Pourquoi je suis là ? Je n'en sais rien.
Là-bas, de l'autre côté de la montagne, c'est la France, mon pays, j'y retourne… Mais pas seul ! Je ramène une poignée de sans-abri ; pour eux la France c'est le salut, la liberté, le droit de dormir sans qu'une nuit un groupe d'hommes armés viennent vous réveiller pour vous frapper, le droit de manger en famille sans qu'un enfant pleure de faim ou plus simplement de la cruauté du paysage, de la mort d'un petit chien ou bien pire, celle d'un parent.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi moi ? Allez donc savoir !
J'étais tranquille dans mon Vieux Marseille, pénard, je jouais aux boules, je maugréais sur les impôts à payer, je mangeais la bouillabaisse, en ravivant des calembours à la fille qui ouvrait les coquillages, sourire aux lèvres, un clou dans le nez, la poitrine sans soutien balle en proue comme une publicité au lait maternel, et puis vlan ! Me voilà en mission, désigné pour aller chercher cette famille et lui faire passer les frontières.
Je m'imagine en 1941, la ligne de démarcation, les juifs, les passeurs ; « Heil Hitler » ! Finalement, le monde ne change guère : il conserve ses peurs, ses tremblements ; l’endroit change, il reste une terre d'asile où l'on accueille les malheureux parias sans papiers pour les coller dans un taudis dont ils devront se contenter sous peine d'être rapatriés, tapis dans l'ombre, livrés à la peur, vers leur village détruit ; moitié cendres, moitié décombres. Détruit par quoi ? La bêtise humaine…
C'est un mal, une gangrène, on ne sait pas vivre sans guerre, sans violence et sans accident. Nous sommes évolués maintenant. On se drogue, on s'irradie ; on ne se bat plus à la hache mais au virus mortel.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi eux ? Parce qu'ils ont un parent !
Là-bas, un cousin les attend sur un fauteuil roulant se demandant s’il les reverra un jour, bousculé par les gens qui crient : « Encore un immigré ! On est envahi, on n’est plus chez nous ! » Et oui ! C'est un peu vrai qu'il y en a trop ; trop de malheureux, trop de fuyards, trop d'enfants qui ont faim. La terre en gronde, le séisme est pour demain.
Et c’est l'an 2000 ; dérisoire !
Pourquoi cette petite fille ? Parce qu'elle a les yeux bleus ?
On dirait que des étoiles brillent dans ses pupilles quand on lui parle de là-bas, ce pays où les petites filles ont des poupées, des ordinateurs, des jeux électroniques… Et il paraît qu'elles ne sont pas contentes, qu'elles se plaignent de la vie dure ou du divorce de leurs parents… Je regarde cette enfant toute maigre habillée d'une veste mordue au coude, de sandales renforcées par des sachets plastiques pour protéger ses pieds dans la longue marche…
Et je me souviens de ma petite fille au milieu de sa montagne de jouets. Je me dis, Frank, assez fermé les yeux ! Il faut la sortir de là. Ma jambe me fait mal, il faudra opérer plus tard mais je la prends dans mes bras pour la porter… Pour effacer un instant les barbelés qui serpentent dans sa mémoire.
Et c'est l'an 2000, et c'est dérisoire !