Remise de prix du 13e concours : ovation à l'aubagnaise : Emilie COIGNARD et
Remise de prix du 18 mars 2023 à 18 heures
Provence-poésie remet, sans intervention de la mairie, les 11 trophées des gagnants en triomphe.
Surtout pour Julia GREVIN, photo, jeune violoniste, venant d'ANGERS qui décroche avec l'histoire très bien écrite de son papillon, emblème de Provence-poésie, le deuxième prix très prés de Emilie COIGNARD, auteur invitée connue des remises de prix de Provence-poésie qui présentait aussi son livre : "Secrets d'adolescente, rêve de femme" et remportait également un livre au tirage de l'Urne. La danse des étourneaux a séduit le jury et surtout Isabelle SACHOT de la médiathèque d'Aubagne qui a pratiquement désigné par ses notes le grand prix.
Les pronostics de Claudie CANU, présidente du jury 2023, allaient, eux aussi, dans ce sens et gratifiaient en troisième position : Céline LIDON et sa nouvelle : "Avec le temps" qu'elle a apparemment appréciée dans la lecture-spectacle mise en scène par Danyel CAMOIN avec l'interprétation de Dominique BAUDOUIN et Denise BIONDO en infirmières.
Voir l'article sur le journal La Provence.
Derrière ces trois lauréates nettement au-dessus des moyennes, il faut saluer la performance des huit autres lauréats qui se sont distingués par de très bons textes par-dessus la concurrence : 111 nouvelles lues au total.
Irène PODOGORSKA (Carpe Diem) et notre héroïne de la poésie Alice HUGO (L'agneau et le loup) primé pour la troisième fois dans nos concours de nouvelles, se taillent une place d'honneur avant les accessits remarquables : Bénédicte CHUREAU (Le topo), Sonia KITAEFF (L'ancienne et la nouvelle), Elie NICOLOPOULOS ( La Machine), Hélène MAGRON (L'évasion), Bernard MARSIGNY ( Les encombrants) et notre partenaire Belge Luc LEENS ( L'homme de ma vie) se montrent au-dessus des autres candidats avec leurs nouvelles respectives.
En prix de participation, les mentions d'honneur : Patrice BAHLOUL (Nulla remissio) Zavèn SARAFIAN (Transformation) Isabelle GARRIGOU ( Retenir le temps) et Daniel AUGENDRE (Attente).
Et à saluer ( "Le billet" de) Juliette PETIT (15 ans) qui sera partenaire de Denise BIONDO dans le prochain recueil de Provence-poésie en fin d'année.
Bravo à tous !
Article FZ
Un papillon pour l’éternité
D’après " L’éternelle quête de la beauté"
Nouvelle écrite par Julia GREVIN
Prix d'honneur du conseil départemental
Mise en scène de Danyel CAMOIN
Mouvements de scène : Denise fait glisser le papillon en carton le long du rideau de scène par le fil puis l’attache… (On place un scarabée sur une table ou agrafé au rideau noir à ce niveau.)
Danyel, casquette à l’envers, avec masque forme papillon s’écrie :
--Ce matin je sors de chez moi et je l’ai vu ; il était là, le papillon dans toute sa couleur, un papillon gravé dans mon cœur. Oh ! Ce que t’es beau, dis, le papillon, ne t’en vas pas !
Ce splendide papillon a quitté sa peau de chenille… Regardez ! C’est ce papillon aux ailes transparentes teintées de vert qui découvre pour la première fois les joies de l’existence. Il virevolte et s’émerveille devant le ruisseau d’argent, faisant l’éloge des roseaux et admirant le ciel. Dès son premier battement d’ailes, son regard s’était posé sur cette voûte bleutée habillée de lumières et ne l’avait plus quitté.
Edouard intervient :
--Papillon éphémère, rien qu’une nuit à vivre et pourtant il pense en avoir vécu des centaines. Né au crépuscule, ignorant sa mort à l’aube, il profite, encore innocent, d’un instant qu’il croirait éternel. Posé sur mon rideau, il observe avec curiosité ces lueurs fascinantes, il voudrait toucher les étoiles dans l’obscurité enrichie d’étincelles. Elles strient le ciel, lui abandonnant leur longue traîne blanche puis disparaissent soudainement dans les ténèbres de la nuit. Le ciel c’est le spectacle dont il était certain de ne jamais se lasser.
--Décidé à atteindre l’une de ces lumières célestes, l’éphémère a quitté les doux pétales de la rose qui l’avait accueilli pour s’aventurer au-dehors, découvrir ce monde qu’il ne verra qu’un instant. Il parcourt ainsi plusieurs kilomètres, puis se pose, épuisé sur mon rideau… Il s’envolera de nouveau non sans quelques difficultés. Son périple lui a paru interminable et tout à sa joie, il n’avait pas remarqué un scarabée sur une pierre voisine. Ravi de découvrir un autre insecte, il commence à deviser, interrogeant parfois son interlocuteur qui ne répond rien, l’obligeant à un monologue qui lui parait rapidement désagréable.
« Seriez-vous muet, monsieur ? Ou bien pensez-vous que je ne suis pas suffisamment important pour que vous daigniez me parler ? » (Musique : Papillon de Bachelet)
Après quelques minutes d’un silence agacé, il s’apprête à laisser là ce compagnon peu aimable quand une voix profonde le retient : « Les apparences sont trompeuses, mon pauvre ! »
Interloqué par cette réponse inattendue, l’éphémère espérerait d’autres explications mais déjà son partenaire est retombé dans son mutisme. Comprenant qu’il n’obtiendra rien de plus, il prend son envol, toujours décidé à toucher des ailes cette étoile à la lumière particulière.
Cependant, la phrase ambiguë de l’insecte lui restant en mémoire ; il ne sait qu’en penser.
Finalement, il décide d’oublier ces propos mystérieux et retrouve son entrain habituel.
« Eh ! Papillon, Où tu vas, dis, attends-moi ! Je viens avec toi. »
La nuit tardant à laisser place au jour ; la Lune l’observe avec curiosité. Le sort de cet insecte insignifiant est déjà tracé et pourtant elle ne peut s’empêcher de s’interroger :
« Parviendrait-il à éviter la funeste destinée que lui réservait le ciel ? »
De nouveau Edouard explique :
--Passant près d’une mare, il a voulu s’arrêter sur un nénuphar mais les ombres entretiennent l’illusion et, croyant se poser sur une fleur à la robe couleur lilas, il sent ses pattes s’enfoncer dans un liquide tiède. Comprenant qu’il se noie, le frêle éphémère se débat avec une force insoupçonnée. Son corps va sombrer sans pouvoir réagir.
--Mais l’éclat de la Lune plus vif a permis au scarabée d’apercevoir le malheureux. Pour le sortir de ces eaux fatales, il a fallu toute la puissance du coléoptère et enfin quand le papillon est hors de danger, il s’en retourne sans un mot.
Allongé sur l’herbe mouillée, l’éphémère, encore inconscient, ne voit pas la Lune sourire.
Une fois ses ailes séchées par le vent, il reprend son chemin sans plus attendre. Une allée d’étoiles bien alignées lui ouvre un chemin vers l’éternité. Enchanté de ce spectacle divin, il rassemble ses forces et, dans un dernier effort, parvient enfin à atteindre l’impossible.
« Attention, Papillon, c’est trop pour toi, ne vois-tu pas ? » (Musique accordéon)
(Denise lâche le fil et le papillon tombe…)
Et voilà « Ce qui t’a tant fasciné n’est en réalité qu’une vulgaire ampoule à l’éclat un peu trop vif. Tu as voulu toucher les étoiles et, comme Icare, tu t’es brûlé les ailes… »
(Avec l’aube, on s’arrête devant cet insecte.)
Edouard ramasse le papillon et le montre au public…
Danyel tourné vers l’assemblée reprend :
--S’extasiant sur ses ailes, toujours splendides dans la mort, on a décidé de le ramasser : une telle merveille ne méritant pas de se faire piétiner par les passants. On l’épinglera fièrement et, placé au centre d’une collection de papillons aux couleurs flamboyantes, les petites ailes transparentes continueront longtemps d’éblouir ceux qui les regarderont.
Ainsi… L’éphémère deviendra Éternité.