Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 14:16

 

L'enfant qu'on peignait en bleus de Denise Biondo

À l’aurore de cette jeunesse qui fuit la colère du « mange minutes », je me souviens d’une aventure inattendue vécue par mon remplaçant, à l’école, durant ma maternité. Laissons–le en parler lui-même…

Ce ne fut pas facile pour moi bien que le cours soit élémentaire. Ce ne sont pas mes faiblesses en math qui m'ont gêné. À leur âge, ces enfants n’en étaient qu'à l'arithmétique. Ce qui me glaçait, c'était l'assaut de cette classe : arriver à dominer une meute d'enfants, c'est encore plus dur que convaincre des adultes... et j'en ai bavé ! J'avais plus l'air d'un pion que d'un instit, il m'a fallu du temps pour parvenir à mes fins et ressembler à ce que j'aurais voulu être.

C'est sûrement à ce moment-là que je me suis rapproché de la petite Laurie, une gamine blonde aux yeux couleur de mer dont le soleil ne semblait pas baigner le paysage. Elle avait un caractère fermé. Elle se tenait à l'écart des autres en accrochant à ses oreilles son baladeur. Pour une petite fille, elle était « bizarre ». J’ai dit bizarre ; comme c’est étrange !

Un jour où je pensais avoir quelque peu apprivoisé ma menace infantile, en posant tendrement ma main sur son cou alors qu'elle était interrogée au tableau, je l'ai surprise à sursauter. J'étais étonné de lui avoir fait mal. J'ai doucement écarté le col de sa chemisette et j'ai aperçu des marques qui ne trompaient pas. J’ai compris subitement pourquoi elle s'absentait les jours de sortie à la piscine : sa peau était couverte de bleus. Pourtant, pour le constater vraiment, il eut fallu la déshabiller. Alors, je ne pouvais rien dire, on aurait pu m'accuser de pédophilie. Certes, j'aurais pu en parler à la directrice mais je n'étais qu'un remplaçant. Je n'étais pas habilité à dévêtir un enfant, encore moins une petite fille. Enseignant ou pas, on devait respecter les élèves cependant j'étais persuadé que son père la battait et cela « m’escagassait »…

J'avais tort : son père n’était pas le coupable. Je l'ai compris quand j'ai su qu'il avait déjà quitté la maison familiale. J'avais réussi à échanger trois mots avec cette petite fille au regard sublime de petit chien... battu.

Récemment sa mère s'était mise à boire et c'était plus grave pour moi. Un « mec », j'aurais pu lui « casser la gueule », excusez-moi l'expression, mais face à cette femme dévastée, observant ce fond d’œil où l'on voyait le ressac sauvagement battre les paupières, entraînant un radeau qui oscillait entre le dédain et l'appel à l’aide, comment garder la face et jouer au moralisateur ?

Elle battait sa fille, certes, mais elle était malheureuse. On n’apprend pas à être parents. Et moi, avec ma fille inconnue et mon amour inconscient pour une femme qui avait son âge, j'étais mal placé pour faire de la morale à une mère disjonctée. Mon cœur d'artichaut qui ouvrait ses bouquets de feuilles devant toute prunelle en détresse ne facilitait pas ma tâche. Au fond de son regard, les vagues de tristesse noyaient la raison dans un flot d'alcool. Si on ne l'arrêtait pas, on pouvait penser que le sang coulant dans ses artères deviendrait celui de la vigne.

Le numéro des enfants en détresse, je ne le connaissais même pas, de mon temps, il n'existait pas. Je savais pourtant comment on vivait le départ à l'école avec la joue ouverte par la boucle d'un ceinturon, et encore moi, j'avais de la chance : j'avais ma mère !

Je ne savais pas imaginer l'enfer que pouvait vivre cette petite fille. Elle se croyait punie parce qu'elle était méchante : elle cherchait ce qu'elle avait bien pu faire de mal. Elle cachait ses marques comme on dissimule sa honte sous le manteau de l'habitude. Moi, je connaissais les excuses faciles : tombé dans l'escalier ou cogné par une porte ! Tous ces mots que l'on dit pour ne pas que le lien familial porte sa honte. Comment l'aider ?

Que les hommes qui se sont trouvés à ma place me jettent la première pierre : à ce moment-là, il ne m'était pas plus possible de laisser choir Laurie que d'attaquer sa mère...

Le mal par le mal, à dose homéopathique, c'est encore trop !

Et le bien pour le mal, je ne suis pas Jésus : je n'ai jamais appris à tendre l'autre joue.

J’ai pris le « Ferry-boat », elle habitait sur l’autre rive du port et d’une rive à l’autre j’ai senti un frisson qui parcourait mon échine, c’était le cas chaque fois que je me traçais une mission impossible.

Quand j’ai rencontré en tête-à-tête cette femme que j'avais haïe sans la connaître, elle a compris mon mobile. Elle m'a dit, elle-même, d’emmener son enfant, qu'elle n'était pas digne d'être sa mère. Mais Laurie qui l’aimait ne voulait pas la quitter, sans doute.

Cette maman honteuse m'a frappé de ses petits poings comme elle tapait sur sa fille : la rage du désespoir l'animait et je me suis senti désarmé. Ne sachant quoi faire, je l'ai serrée dans mes bras. « Fan de chiche » ! Ce geste a déchaîné une rafale de larmes qui inondait son visage et mon épaule. Je n'avais pas un mouchoir propre pour éponger ; j'ai utilisé le revers d’un doigt en caressant doucement sa peau enflée lorsqu'elle a desserré l'étreinte. J'ai plongé tout entier dans le bleu de cet océan qui déversait maintenant cette eau claire au-delà de ses paupières, tout un petit monde qu'elle cachait au fond de ses pupilles dorées qui donnaient un aspect encore vert à ses prunelles. J'étais perdu ! Maudit artichaut ! Je lui ai préparé un bain et je l'ai aidée à se détendre en essayant de ne pas m'empêtrer dans « l'eau de Rochas » que je reniflais délicieusement dans son cou.

Jouer Zorro, c'est facile au cinéma, mais dans la vie, il y a des lois ! Et qui étais-je pour cette petite fille-là ?

Quelques mois plus tôt, je ne la connaissais pas, pourtant, d’un jour sur l’autre, je ne pouvais plus dormir la nuit sans voir une main de femme se lever sur moi et me « tabasser », puis, je voyais ma fille sans bouche qui se superposait à Laurie, juste les yeux égarés, qui m'appelait à son secours, sans voix, que personne n'entendait, et puis encore, la mère de Laurie entre deux gendarmes me menaçant des foudres de Zeus. La vierge Athéna avec les lances de la force publique pour maîtriser la menace qui planait sur ses droits de mère ; lui enlever son enfant, seule la loi pouvait le faire, pas un pion miteux qui n'avait même pas su élever sa propre fille ! Quand le cauchemar prenait fin, j'étais tout transpirant assis dans les draps livides et des traînées humides descendaient jusqu'à ma moustache.

Je n'ai plus à remplacer l’instit ; on m'a rendu à mes propres occupations, propres n'est peut-être pas le bon mot ! Vogue la galère en crescendo ! J'ai voulu jouer au cheval de Troie bien que dominer de l'intérieur n'était pas si simple. Je suis allé trouver la maman de Laurie une nouvelle fois avec... Un bouquet de fleurs ! Vous ne me croirez pas. J'ai de la peine à y croire moi-même. Je l'ai invitée à dîner car quand on vieillit, on peut encore manger et dominer de ses yeux ce qui meuble son rêve et vous poursuit sans trêve. Et si je me sentais vieillir, sa jeunesse à elle fuyait, verre après verre... Son whisky creusait peu à peu ses rides. Il fallait l'éloigner des soucis, la projeter dans un rêve paradisiaque. Ce n'était pas une mince affaire pourtant ma mère disait qu’avec un peu d'amour on peut tout faire ! Je les ai emmenées, toutes les deux, avec moi, chez Disney à mes frais.

Elle a passé une bonne journée sans boire. J'avais vu autrefois qu'on peut arrêter de fumer quelque temps lorsqu'on est heureux avec quelqu'un. Dans un éclat de rire, devant un Pluto géant, elle a embrassé sa fille et l’a serrée contre elle telle une vraie maman. J'ai vu briller une lueur d'espoir dans ses yeux : on aurait cru que la fée Clochette nous avait frappés de sa baguette. Certes, il y a eu les aléas du retour mais je l'ai soutenue. J'ai récupéré des allocations auxquelles elle avait droit. J'ai trouvé un travail à sa portée, sans le stress habituel du sien, et un logement plus petit mais confortable. Je suis devenu leur père Noël, leur chevalier servant. C'était très dur de remplacer le verre. J'ai même bu avec elle le dernier pour la route. J'ai zappé mes habitudes pour marcher sur son chemin cahoteux.

Quelquefois, vision fugitive, sur la tombe de l'amour, j'ai vu un crâne qui pleurait : un vrai remue-méninges ! C'est peut-être cette image crottée qui m'a aidé à aimer profondément cette épave au point d'arriver à la sortir de la vase dans laquelle je ne savais pas nager. J'ai encore sur les lèvres un baiser au goût de whisky, de malt, d'alcool de prune, enrobé d’un parfum de crainte et de sueur angoissée, un baiser profond dans un tremblement des membres, un baiser sur lequel la langue portait le soupir de l'âme.

J'aimais déjà la fille et j'ai aimé la mère, le temps d'une passion qui ne dure pas, à l'instar d’un conte de fées, mais qui vous change de cap et trempe une variante dans la sauce du journalier. Et puis...

Et puis plus rien ! Vous attendiez quoi ? Des remerciements, la divorcée éplorée qui se jette dans les bras du Sauveur ?

Je n'ai pas d'auréole, je ne suis qu'un écrivain miteux qui a exercé plusieurs métiers avant de jouer au mentor. C'est vrai qu'on attend tous, un peu, quelque chose en égoïste, moi, je me suis contenté de son sourire. Il était si beau, son sourire : une palette de rose en camaïeu sur l’émail blanc de ses dents.

Je lui avais tant expliqué sur elle, sur moi, sur les couples, qu'elle a dû comprendre qu'elle aussi était chargée d'erreurs vis-à-vis de son mari et elle l'a retrouvé... Et Laurie en était heureuse.

Aujourd'hui, elle a repris confiance. Sa vie recommence. La petite fille a grandi et le seul bleu qu'elle garde dans ce tableau, c'est le bleu du ciel de Marseille. Elle a pardonné. Et moi ?

Lorsque je passe à l’ancrage du Ferry, il m’arrive encore de regarder dans la direction de leur maison, d’une rive à l’autre…

Je laisse échapper une perle de la mère restée sous ma paupière, une larme amère, avant d’aller draguer une poissonnière.

Je suis fauché, comme une marguerite, ou une fleur d'artichaut, pourtant je suis content. Et je vais refaire ma page, je ne sais pas pourquoi mais, emporté par mon récit, je l'ai mouillée.

Et voilà, le temps peut continuer à effacer mon histoire…

Denise Biondo Avril 2010

Ce texte qui comprend tous les mots (soulignés) de la liste de la semaine de la langue française2010 a été conçu d’après une idée originale de Frank Zorra...

Retrouvez toutes les nouvelles de Denise Biondo dans :

Lcouverture au bout des doigts cover eaux b

Au bout des doigts prix net 10 euros 8 nouvelles de Denise

Entre deux eaux prix net 12 euros 12 dames-12 nouvelles

Que me dis-tu la vie ? prix net 9 euros les nouveaux poèmes de Rosette BP

Les fantômes de Marseille prix net 12 euros roman fantastique à trois auteurs

Un papillon sur l'aile du vent prix net 12 euros 16 auteurs

pour paiement d'avance le port est offert.

 

 

 

 

Article précédent--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Trois prix ont été remis par le maire ce samedi 9 octobre aux lauréats du concours de nouvelles de Cassis à la bibliothèque municipale de l'Ariane dans le cadre du printemps du livre 2010. Chaque candidat s'est vu remettre un recueil où figurent les trente nouvelles qui ont participé à ce concours ; d'une rive à l'autre en était le thème et Denise Biondo de Provence-poésie participait avec la nouvelle inspirée par une idée de Frank Zorra : l'enfant qu'on peignait en bleus (en sixième position dans le recueil) consacré aux enfants battus dans des circonstances particulières.

Pour appuyer cette publication en tirage limité, Provence-poésie publiait la nouvelle à la suite de cet article et adresse un grand merci à la ville de Cassis.

cassis.jpg

Thème d’une rive à l’autre

  -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 

 

Denise Biondo est une des treize pour 2013 et elle est aussi la muse poète du trimestre avec trois poèmes auquel répond le président. (voir notre rubrique)


DB 2n

 

Gagnante d'un concours de nouvelles à Gémenos, elle était publiée également dans le recueil de leur dernier concours pour son texte Une journée  d'enfer... Elle signait sur les stands de La Bouilladisse, Auriol, La Destrousse, Marseille-Longchamp, Solliès-Pont, etc... et sur la table des auteurs en pays d'Aubagne le 3 décembre 2011 pendant la journée des contes.

Certains ont une double casquette ; que dire de Denise à la fois nouvelliste, poète, interprète, organisatrice, décoratrice, gestionnaire, vice-présidente de l'association et musicienne quand il lui reste un moment. N'est-ce pas un multi chapeau ?

Ci-dessous: participation au petit guide poétique des trésors de Marseille, collection académie de Provence, puis interprétation de Maupassant : Madame Husson dans Quelques mots en passant pour Maupassant de Danyel Camoin et maintenant auteur de au bout des doigts...

Mais Denise était aussi correctrice de Les fleurs du vide Prix d'honneur académie 2009 et des éditions Pp en général depuis, décoratrice de Affabulations affables de Danyel Camoin et P.A Malsheres et de "les robertides II de Jean-Marie Arvieu, photographe du petit guide...

reporter pour Internet des stands de La Destrousse de Messieurs Révilla, Baril et Camoin, et de Garéoult en 2011,

pré-jury et décoratrice du recueil des concours de nouvelles des concours ainsi que

présentatrice des réunions porte-ouvertes de l'association et des rencontres externes, elle était aussi présente dans l'équipe qui travaillait sur les chemins d'Aubagne avec Danyel Camoin pour le recueil 2012.

 

le guidecouverture au bout des doigts chemins d'Aubagne 1-copie-1cover eaux b

 

 

 Denisedenise poupée

P6230011P6230019

provence-poésie%piesprovence-poésie%bea

 

 Un coup de Chapeau... à Madame Husson ?12 mars deniseaffiche-copie-1rosier

affabulationsfleurs videcover en provence cover libre

 

C'est vrai qu'elle n'aime pas ma façon d'écrire et n'a pas lu les parfums de Marseille, ni je suis né à Marseille, écriture trop personnelle sans doute qui escagasse le lecteur par le fumet  mi-aïoli, mi pastaga de l'haleine du héros atypique, mais elle a tout de même écrit une nouvelle formidablement bien menée à partir d'une histoire que je lui ai racontée : l'enfant qu'on peignait en bleus.

Et je vous conseille de lire son recueil qui mérite le détour...

 

_______________________________________________________Les autres auteurs piliers de Pp éditions:

 

les asSP A0053
Les auteurs présentent ici leurs oeuvres:
Nicole Manday                                            Frank Zorra                                    Danyel Camoin

Mes moires de Marseille                Les parfums de Marseille                    Les fleurs du vide                                              
Plein Phare (nouvelle)                     L'intruse (nouvelle érotique)               Affabulations Affables
Les Mages                                         L'encombrante (nouvelle)                    Les méandres de la pensée
Noir c'est Noir (nouvelle)                 Les secrets...(en cours )                      Mes moires de Marseille

Le petit guide poétique                    Des nouvelles de Nyons                     Au-delà du seuil...

Au-delà du seuil                                                                                                   Les Mages
                                                                                                                               Fabulations  du pays d'Aubagne

                                                                                                                                 Féeries et Légendes

                                                                                                                                Tous les chemins...

                                                                                                                                 Entre deux eaux

 

Et dans d'autres éditions      
                                                            Je suis né à Marseille                            Au seuil de l'inexplicable
                                                                                                                               J'ai même rencontré...
                                                                                                                               Les fantômes du vieux moulin
                                                                                                                               Des nouvelles de Provence
                                                                                                                               Au petit bonheur
                                                                                                                            Le monde magique de l'enfance

                                                                                                                                 Le petit guide poétique...

                                                                                                                                 Vers d'hier et de demain

                                                                                                                                 Les évadés du rêve

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 11:01

 joseph-i-copie-1.jpg

 Photos La Provence 

Joseph Lévonian, trésorier adjoint de l'association Provence-poésie, reprèsentant un lien direct avec le crédit mutuel,

était présent à l'inauguration par le Maire d'Aubagne de l'espace aux portes des Défensions qui recevra ultérieurement le centre Pompidou ouvert à la culture pour 2013.

Un moment de fête aux Défensions.

Rappelons que Joseph est aussi un fervent du théâtre et de la figuration au cinéma où il a tourné au côté de  Claudia

Cardinale et Omar Sharif dans Mayrig.

Il s'est également illustré récemment au cours des lectures-spectacle de Pp :

le voici ci-dessous en curé de Cucugnan :

tn lemaire.jpg

Ci-dessus photo de l'inauguration par le conseil municipal...

La qualité des photos est dûe à leur découpage dans l'article du journal.

Nicole Manday

 

 

 

 

Précédents articles sur Aubagne et l'huveaune:_____________________________________________________ 

Provence-Poésie démarre ses ateliers de lecture et écriture le 31 mars 2011 à Aubagne.

Tous les poètes et écrivains désireux de s'entraîner au sein d'un groupe volontaire pour améliorer leur texte ou leur diction

peuvent se joindre à nous pour un forfait annuel (gratuit pour les adhérents) comprenant deux heures trente par mois de 16h30 à 19h00 en principe le dernier jeudi du mois du 31 mars (cette année) au 22 décembre (atelier décalé).

La date du mois d'avril est exceptionnellement rapportée au  jeudi 14 avril.

L'atelier se compose de trois parties  principales :

composition d'un quatrain en partant de rimes ou de mots recherchés ensemble

étude de la structure de la nouvelle et montage de petites nouvelles

lecture ou interprétation de texte d'auteur ou de poèmes de participants.

 

Les personnes intéressées peuvent contacter les responsables par le truchement du blog ou du mail de Provence-poésie.

Les participants qui ont des recueils en cours  de montage et ont besoin de conseils peuvent également solliciter une entrevue avec un membre du bureau après ou avant l'atelier pour les conseiller

 

 

Associations, voici Ci-dessous, les points importants du discours réconfortant du Maire pour les abeilles que nous sommes :

voeux.jpg

 

Article de Nicole Manday

 

Cette année, 2011, la guinguette et la sardinade du RAMA ont été reportées au 14 juillet: beaucoup de monde rassemblé sur les berges de l'huveaune sur fond musical pour déguster les sardines grillées. Magali Giovannangeli, présidente de la région et quelques élus ont salué les membres de Provence-poésie installés à une table  à l'abri du soleil et du vent, fondus dans la verdure des abords. Jo Corbeau était bien sûr présent pour animer les retrouvailles.

 

 C'est Philippe-Auguste Malsheres qui  a écrit "rêve d'Huveaune, poème incorporé dans le petit guide poétique des trésors de Marseille  et qui sera certainement  aussi dans le nouveau recueil des auteurs associés qui parlera des chemins d'Aubagne.

 

huvo

_______________________________________________________________________________________________

 

Précédent :

Le dimanche 6 juin, dans une chaleur attendue, Denise Biondo et Danyel Camoin ont laissé de côté le stylo et la table de dédicaces pour participer à la sardinade sur les berges de l'Huveaune à Aubagne où ils ont retrouvé en musique Jo Corbeau qui avait dansé avec Denise, l'année précédente, une magnifique valse sur l'herbe, au même endroit. IMAGhuv.jpg

L'heure était à la détente et le maire et son adjointe ont salué les convives.

Provence-poésie publiera ultérieurement le texte écrit par Danyel sur l'huveaune : Ubelka.

 

Article Nicole Manday 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 10:58

Voulez-vous gagner un livre du catalogue de Pp éditions ?

Répondez au questionnaire ci-dessous : toutes les réponses sont dans le blog.

 

1  Dans quel livre édité par EmA a été publié la nouvelle : les araignées rouges ?

2  Quel instrument est à la base du recueil : Au bout des doigts ?

3  Sur quel compositeur a-t-on lancé les lectures-spectacles de Pp ?

4  Dans laquelle a-t-on vu Janine Ravel jouer une pie ?

5  Quel est le titre du premier recueil  poétique de Gaël Angélis ?

6  Avec quelle nouvelle Geneviève Casaburi a gagné aux Apollons d'or ?

7  Quel recueil d'Alice Hugo contient le poème qu'elle a interprété avec Danyel Camoin ?

8  Quel est le titre de la nouvelle gagnant le prix de la ville  d'Aubagne en 2011 ?

9  Dans quel roman J-C Beltramo parle-t-il d'une ville de l'Agglo ?

10 Quel est le titre du cahier poétique d'Albert Borelli ?

11 Quel livre de Danyel Camoin a été préfacé par Marie-Louise Bergassoli ?

12 Quelles sont les deux casquettes de Sonia Kitaëff ?

13 Par quel éditeur a été publié ; Je suis né à Marseille de Frank Zorra ? 

14 Quel auteur édité ensuite par Pp a gagné dans les deux concours de nouvelles ?

15 Qui était président du jury du concours 2011 ?

16 Qui a écrit le poème sur la gare dans le petit guide des trésors de Marseille ?

17 Quelle était la profession de l'auteur de Colère et Nostalgie?

18 Qui était l'invité d'honneur de : A nous,contes, des mots ?

19  A qui rend-on hommage dans tous les chemins mènent à Aubagne ?

20 Pourquoi y -a-t-il un clocher sur la couverture de " A bâtons rompus" ?

21 Qui est l'auteur de Cherche la lune... tu trouveras le soleil ?

22 Qui a été la troisième muse poète de notre rubrique ?

23 A quel thème se rapportent les fleurs du vide ?

24 Quel est le titre du livre  de Pp qui regroupe douze dames ?

 

et la question qui départagera les ex-eaquo:

25 Quel monument préhistorique du Var est présenté par le livre de Danyel Camoin

 les fantômes du vieux moulin  ?

 

Y a-t-il un vainqueur  ? Et tous peuvent participer sans exception...

On attend vos réponses sur le mail ou par courrier.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 09:35

 

Interview du président de Pp au sujet de la prochaine sortie d'un livre sur les chemins d'Aubagne :

"Il y a plus d'un an de travail pour réunir des textes de volontaires dans et autour d'Aubagne et plusieurs des communes des alentours y seront représentés.

Gémenos avec Mireille Talotti-Miau et Lucien Pignol, La Destrousse avec Geneviève Casaburi, La Bouilladisse par moi-même, j'y ai construit et vécu durant dix ans avec une native de l'endroit, Auriol avec Janine Ravel et Rosette Escoffier, Peypin vu par Louis Moulet, Cadolive par Denise Biondo, Cuges selon Jean Di Fusco, autour d'Aubagne par Denise Roman, Albert Borelli, Josette Pons et Sonia Kitaëff, L'Huveaune par Philippe-Auguste Malsheres et  moi-même, puis, la ville elle-même par Emile Mihière, Joelle Foin, Francis Triay et Gaël Angelis.

Le livre s'ouvrira sur un hommage aux images de Paul Dol dans un sonnet de Robert Bruguière. (avec l'autorisation de l'auteur).

Ce sera un poisson d'avril  mais réaliste...

Il sera suivi dans l'année du recueil personnel de poésie particulière de Emile Mihière."

 

A cet effet, Provence-poésie présente son nouvel adhérent : le doyen de l'association rejoint Francis Triay et Jean-Marie Arvieu au sein de Pp. Emile Mihière, "notre copain Milou" a réuni une pleiade de textes de sa poésie particulière quelquefois tranchante pour laisser aux générations futures un recueil fringant "A bâtons rompus".

Danyel Camoin qui a déjà  interprété son poème : "le train" lors de la Fève littéraire essaie de regrouper les meilleurs titres avec Denise Biondo

pour une édition en milieu d'année mais d'ici là,  Emile Mihière fera partie des copains d'Aubagne dont les textes regroupés par Danyel parcouront "les chemins d'Aubagne". Francis Triay est de la partie et d'autres amis de Milou également ...

Ancien troubaïre de Gémenos auprès de Robert Bruguière,  Emile a été aussi président du jury du concours de poésie. Il a quitté recemment Aubagne mais communique à distance.

Voici ci-dessous un extrait de l'hommage du doyen à Aubagne.

milou

 IMAG0755.jpg

A l’époque ligure, était une rivière

Du nom de « Ubelka » : c’est du Celte, ma foi :

Déesse irrésistible et souvent meurtrière,

Ils redoutaient  ses crues, nos ancêtres Gaulois.

 

C’est ainsi dans la plaine, sur le plateau des Aires,

L’huveaune remplaçant le nom de Ubelka

Arrosait la contrée avec son compère

Le ruisseau Merlançon  qui court cahin-caha.

 

Ces cours d’eau encadraient la blanche Albanià

Au temps du Moustérien: un habitat très fruste :

Il lui faudra attendre le clan « Térantina » :

Une tribu romaine aux oppida  robustes,

 

Pour qu’enfin ce hameau devienne important

Vers le deuxième siècle avant l’ère moderne.

C’est un marché de grain, laisse de bâtiments

Abritant des potiers et surtout des tavernes

 

Où les chasseurs vénèrent une déesse Diane

Et puis surtout Bacchus, le Dieu des vignerons,

Nul besoin de vanter les vignes gallicanes

Qui font naître partout les rires et les chansons....

 

 

Emile Mihière Extrait: le texte entier sera édité en avril.

Article Frank Zorra

 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques".(André Chénier) une pensée qui plaît beaucoup à l'auteur d'Affabulations affables, président de Provence-poésie..

Parmi nos poètes amateurs ou chevronnés, nous savons que l'écrivain aixois Jean-Marie Arvieu, membre lauréat de l'Académie Poétique et littéraire de Provence en 2009 comme Danyel Camoin s'est vu récemment décerner le grand prix de poésie 2010 du centre culturel européen à Abbeville pour son recueil de trente poèmes : Les Robert'Ides.

 

Et aujourd'hui les Robert'ides est devenu un petit livre de trente huit pages ou la poésie néo-classique réaliste de l'auteur s'éclate au soleil de la Provence, entre la Rotonde d'Aix et le Cours Voltaire d'Aubagne, J.m. Arvieu prépare son retour avec son nouveau recueil : 52 hebdorimes. 

Jean-Marie-Arvieu est né le 18/08/1926 à Aix-en- Provence: il est veuf depuis 2004.

Amicalement, il n'a pas hésité à rendre visite à Danyel Camoin  sur les stands de Fuveau : cet adepte du néo-classique réaliste, comme il se définit lui-même, a offert un petit recueil à Danyel.

Nicole Manday a demandé qu'il soit incorporé à la collection poétique comme ceux de Sonia Kitaëff et Jean DiFusco également lauréat de l'Académie de Provence (en 2010).

Jean-Marie Arvieu aura une table le 23 juin à Aubagne auprès de  Jean Di Fusco en espérant que son état de santé lui permettra de dédicacer ses oeuvres. Son livre est en vente librairie Le Blason Aix en Provence et sur les stands de Provence-poésie par Denise avec en quart de couverture une magnifique photo de la Rotonde.

Vous pouvez l'acquérir aussi par correspondance.

 

 

"J'écris pour me souvenir,

Pour adoucir mon avenir

Et procurer quelques plaisirs

A ceux qui veulent bien me lire..."

Jean-Marie Arvieu  arvieu-id.jpg

 

robertides.jpg 

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

triay.jpg 

Francis Triay connu comme artiste de variétés sous le pseudo de Tony Franck a écrit plusieurs textes sur "les chemins d'Aubagne", actifs au sein de plusieurs associations, il chantait récemment "la Montagne " de Jean Ferrat à l'assemblée générale de  l'Olive et l'Olivier et déclamait un poème de Robert Lamoureux à celle de Provence-poésie.

Voici ci-dessous un de ses textes...

 

 

             N  O  S  T  A  L  G  I  E     D  U     P  A  S   S  E

 

Je vous parle d’un temps que les jeunes d’aujourd’hui ne  connaîtrons  jamais. Aubagne en ce temps là n’était ni perturbé,  ni pollué par autant de véhicules à moteur.                                          

Je me souviens d’une époque où à la belle saison, les rues et les places s’animaient dans la tiédeur  des soirs d’été  alors que les cigales ralentissaient  le rythme endiablé de leur chant éternel, symbole de la Provence.

En ce temps là, nombreux étaient les aubagnais qui, le soir venu, sortaient leurs sièges et venaient "Prendre le frais " selon l’expression consacrée. Il n’y avait ni poste de radio  et ni télévision, c’était l’occasion de papoter sur toutes sortes de sujets ; certains racontaient des histoires  d’autres possédant quelques talents vocaux étaient conviés à chanter et tout le monde reprenait  le refrain en cœur. Et ainsi dans la douceur des soirs d’été ces braves gens oubliaient  pendant  quelques heures leurs soucis et leurs tracas, car en ce temps là, la vie était plus dure qu’aujourd’hui et le père de famille était seul à travailler pendant plus de 35 h et il n’y avait pas d’allocations d’aucune  sorte, pas de  C.P.C.A.M et les épouses ne possédaient  pas de machine à laver et rares étaient  les  personnes possédant un poste de radio.

Les enfants jouaient, couraient dans les ruelles, nous étions heureux sans nous douter qu’à l’horizon se profilait une période noire qui allait durer quatre années. J’étais l’un de ces enfants.

Depuis les temps ont bien changé, je suis heureux de constater toutes les possibilités et les avantages  dont  disposent  nos enfants dans différents  domaines,  l’instruction, les loisirs, les moyens de transport .

Et  cependant  certains individus  sont encore insatisfaits, ils devraient plonger dans mon passé pour mieux constater qu’aujourd’hui, ils sont heureux. Et comme dit le proverbe chinois  ( Si tu veux être heureux, regarde derrière et au dessous de toi !....... )

 

 

 Article Frank Zorra-Photos Denise Biondo

 

 

 

 

 

                                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 18:42

    Outre Jean-Claude Beltramo qui va faire partie des lectures spectacles de " A nous, contes, des mots !"  le 3 décembre de 16 h  à 19h30,  Denise Biondo a retrouvé sur le stand de la librairie Périclès au salon du livre de Toulon  Paul Di Giovanni convié à participer au concours de nouvelles de l'association dont Jean-Claude Beltramo devrait être président du Jury.

Avec Rosette Escoffier et "le rêve bleu", cela fait trois adhérents édités par "Les Presses du midi".

Voici ci-dessous une rétrospective des oeuvres de Paul suivi de l'article précédent sur les auteurs de Provence-poésie.

Les coordonnées de l'auteur seront communiquées par l'association à tout acheteur potentiel.

di-Giov.jpg

 

 

___________________________________________________________________________________________ 

 

L'association accueille les nouveaux auteurs qui n'ont pas d'éditeur, ceux qui ont un éditeur trop loin ou inopérant et qui leur accorde le soin de vendre leurs livres sur des stands plutôt que dans des librairies qui les laissent dormir sous une pile d'ouvrages en attente ainsi que ceux qui préfèrent prendre l'affaire en mains parce qu'ils ont aussi parmi leur stock des comptes d'auteurs ou ceux qui recherchent de nouveaux visages et des liens d'amitié. 

Parmi ces auteurs, des romanciers, des poètes et des nouvellistes.

Peu importe la motivation de chacun, pour Provence-poésie, ils deviennent des amis, ils font partie de la famille littéraire et peuvent participer aux causeries-spectacles qui tendent à mettre les écrits en valeur à l'heure où certains chantent la mort des livres.

La seule condition à leur participation, à leur publicité, à leurs retrouvailles: leur adhésion au principe de l'association qui est un partage respectant les trois lois: liberté, amitié et publicité. Six réunions par an dont trois en portes ouvertes au public les aident à communiquer entre eux ou avec d'éventuels fans et de multiples stands tentent de leur faire dédicacer leurs ouvrages en extérieur, puis, pour certains qui en ont besoin pour s'affirmer dix ateliers  écriture-lecture sont à disposition le dernier jeudi du mois sur la poésie ou la nouvelle.

         Voici ci-dessous quelques livres de ces adhérents plus ou moins connus dont certains bien que récompensés par de nombreux concours ont été édités par notre aide : ces livres peuvent être adressés de l'auteur par correspondance sous réserve de frais d'envoi et par l'intermédiaire de l'association.

Bien sûr la liste n'est pas close et une remise à jour de cet article interviendra régulièrement...

 

Jean-Marie Arvieu poète atypique pour les Robertides II et bientôt 52 hebdorimes ;

Jean-Claude Beltramo romancier du polar : Autopsie d'une tuerie 

Denise Biondo, décoratrice, comptable, correctrice et vice-présidente, nouvelliste dans Au bout des doigts

Albert Borelli conteur et poète pour Contes et poésies ;

Danyel et Marie-Anne Camoin pour Féeries et légendes,

Geneviève Casaburi nouvelliste : il était une fois... Les âmes blanches

Jean Di Fusco poète des Fables et sonnets et bientôt Colère et Nostalgie ;

Paul Di Giovanni, romancier pour Senteur d'opium, Le pacte du Silence.

Rosette Escoffier et son roman le rêve bleu ;

Claire Gilbert, nouvelliste ; femmes en flammes

Alice Hugo poète acclamée pour son recueil Anatomie d'une illusion tangible,

Sonia Kitaëff double casquette peintre et poète : palette et plume,

Erine Lechevalier, deuxième roman : le phare des amants et bientôt un recueil de ses nouvelles

Annabelle Léna en thriller à tort ou à raison ; 

Nicole Mutez-Figueras, poète: emmène-moi,

Sylviane Reboul, poète: Les funambules ;

Mireille Talotti-Miau poète à l'heure bleue...

et Frank Zorra nouvelliste des parfums de Marseille.

beltramo-copie-1couverture au bout des doigts

 

 borellicasaburi-livre.jpgface avant fées fabsonnetsreve bleuhugo recueil

essai plumele phareLénareboull'heure bleuecouverture mai 

 

avec bien sûr toujours

Denise Biondo, Albert Borelli, Jean-Claude Colay, Jean DiFusco, Sonia Kitaëff, Josette Pons, Janine Ravel, Mireille Talloti-Miau auprès de Danyel Camoin dans

le guide 

Carole Bergé, Philippe Deniard, Claire Gilbert, Alice Hugo, Lyliane Lajoinie, Erine Lechevalier, Louis Moulet, Josette Pons pour

cover en provence

 

et Gaël Angelis, Denise Biondo, Albert Borelli, Geneviève Casaburi, Jean-Claude Colay, Jean Di Fusco, Rosette Escoffier, Joelle Foin,  Sonia Kitaeff, Janine Ravel, Denise Roman, Mireille Talotti-Miau, Francis Triay 

qui vont  se retrouver dans "le livre d'Aubagne" en cours.

 

Gravures et article de Nicole M. 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 13:00

   A  Gémenos, la poésie vous invite à rejoindre les Troubaïre pour leur 20 e anniversaire avec vos poèmes pour une formidable soirée... Le samedi 26 novembre à partir de 18 h 30. Appel à tous les poètes des associations amies de Provence-poésie...

  chtr

__________________________________________________

 

Ci-dessous la soirée du 27 mai 2011

 

  prix-et-paysages 5181

Danyel Camoin(ancien du club) vous conviait vers l'association de poètes qui donne la parole aux enfants et fait vibrer l'hommage aux troubaïre..

Le 27 mai (18 heures ) Provence-poésie a rejoint Robert Bruguière entouré de Joelle, de Christiane et des Troubaïre dans leur soirée poétique.

Outre Danyel, neuf membres de l'association étaient présents :

Sonia Kitaëff, Jean-Claude Colay et Jean Di Fusco également troubaïre éclataient dans leur lecture publique avec Mireille Talloti-Miau en présence de Mme Di Fusco, Denise Roman, Janine Ravel, Erine Lechevalier présente pour retirer un prix en famille et Natacha Rosso, la révélation du concours de nouvelles, grand prix de la ville d'Aubagne 2011,(Photo en Attente) qui a gagné le deuxième prix de poèsie pour l'observateur, texte qui sera édité ultérieurement dans les chemins d'Aubagne prochain livre d'auteurs réunis autour de Danyel. 

A signaler la prestation des musiciens, guitare et saxo, et des autres troubaïre : Alexy, Francis Gonzallés-Mallet, Lucien Pignol,Jean-Claude Puletti, etc...

l'absence remarquée de "Milou" Mihière et la disparition de Christian Patural. 

Vive la poésie et la soirée poétique des Troubaïre !

 

Ci-dessous:

Christiane et Danyel passionnés dans leur poème.

IMG_5193.jpg IMG_5196.jpg

Photos: Janine Ravel 

 

 ____________________________________________________________________________________________

 

Ci-dessous une vision de l'année dernière où Mihière était président du jury: 

A Gémenos, à la salle municipale, se sont réunis le 5 juin, les amis de la poésie (lei troubaïre gemenen) qui offre la parole aux enfants : nombreuses récompenses et encouragements lors de la remise des prix au cours de laquelle les troubaire ont invité Denise Biondo à les rejoindre sur la scène pour chanter en choeur avec eux la chanson hommage écrite par Danyel Camoin et Jean-Claude Puletti en présence de l'adjointe au maire.

Ensuite chaque Troubaïre a déclamé un poème de sa création derrière celui du président en provençal et entre les récompenses de nombreux lauréats dont deux des co-auteurs du petit guide : Sonia Kitaeff et l'académicienne de Provence : Janine Ravel.
Comme chaque année, l'organisation et l'accueil étaient assurés par l'inégalable Christiane qui mérite la palme des amis de la poésie pour son travail !

La présidence du jury était assurée par Emile Mihière (le doyen) et la partition musicale par Jean-Claude Puletti. (photos ci-dessous)

IMAG0755.jpgIMAG0746.jpg

 

 

Article Nicole Manday

 

aff-printemps.jpg

Le printemps des poètes accueillait cette année Natacha Rosso en spectatrice du tour de table amical terminé en gigantesque apéro.

Denise et Danyel y ont inauguré la version duo de Regard vers l'invisible et l'ensemble des poètes présents a écouté une nouvelle fois les remarquables interprétations de Jean-Claude Puletti et des autres Troubaïre.

 

 

  L'équipe des Troubaïre pour le printemps, l'an dernier...

 

 

  Les-troug.jpg

C'n'est pas seulement à Paris qu'la poésie fleurit, à Gémenos aussi l'on a des poètes de choix"

Le choeur des amis de la poésie, peut-on dire en fan de Brassens "des copains d'abord", a accompagné Jean- Claude Puletti (à droite sur l'image) pour chanter la chanson du club (paroles de Danyel valorisées par les arrangements musicaux à la guitare de Jean-Claude) au milieu d'un fantastique tour de table poétique où le même Jean-Claude s'est distingué dans l'interprétation du dormeur du val. A noter les présences féminines de Denise Roman et des épouses des poètes. Une belle soirée du 27 mars  2010 que Provence-Poésie  infos ne pouvait laisser sous silence.

(de gauche à droite sur la photo après Danyel et Denise Biondo, Jean-Claude Colay et Jean Di fusco (auteurs partenaires du guide poétique des trésors de Marseille avec Denise et Danyel) Emile Mihière, le doyen, à côté du président Robert Bruguière, Francis Gonzalès-Mallet, Christianne Pot,la superbe animatrice, Alexy et Lucien Pignol à côté du guitariste)

 

 

Le concours de poésie de Gémenos et la soirée poétique des Troubaïre Gemenen sont de retour.

Amateurs et poètes confirmés : à vos plumes !

Danyel Camoin, ex-Troubaïre lance un appel à tous ceux qui ne font pas partie du club pour participer à ce concours dédié à la musicalité de la poésie plus qu'au ghetto de la prosodie classique. Poésie libérée, lyrique et humoristique, lâchez-vous et participez dès maintenant à l'un des meilleurs concours de la région avec une superbe soirée de remise des prix le vendredi 27 mai à partir de 18 heures.

Réglement du concours dans les pages associations.

 

Hommage aux troubadours

 

Arrangements musicaux de Jean Claude Puletti sur des paroles de Danyel Camoin

En hommage aux amis de la poésie de Gémenos

 

C’n'est pas seulement à Paris

Qu’ la poésie fleurit.

À Gémenos aussi l’on a

Des poètes de choix.

Ils ont de maigres revenus

Mais un cœur ingénu :

Ils font revivre le printemps

Comme pour leurs vingt ans.

Et dans leur crèche en plein hiver,

La lumière brille clair !

Quand le miracle se produit,

le rêve se reconduit.

La réunion n’fait pas de bruit

Mais le résultat luit

Telle une étoil’ dans le ciel ;

C'est un peu d'éternel.

Et les lignes du parchemin

N'apportent qu'un seul gain ;

C'est la richesse de l'esprit,

Cela n'a pas de prix !

Et durant leur tour de table,

Minute admirable,

On s'évade de sa vie de rat ;

La langue en revivra.

Troubadours, tous simples et fous,

Trouvères sans le sou,

Réunis pour le seul plaisir,

N'ont que mots à offrir.

Bouquets de rimes en accord,

Vibrantes métaphor’s,

Si à l'oreille, ils sont doux,

On en tombe à genoux.

C'est cette larme au bord des yeux

Qui va les rendre heureux.

Puis, leur tirade, maintenant,

S'installe sur le vent.

Certains d'entre eux, depuis ce temps,

Sont beaucoup plus contents.

Car, ainsi, pouvoir se retrouver

Renforce une amitié.

C’n'est pas seulement à Paris

Qu‘ la poésie fleurit

À Gémenos aussi l’on a

Des poètes de choix.

 chtr

 

Le doyen Emile Mihière a écrit à la gloire d'Aubagne un texte qui figurera en ouverture du prochain recueil de Danyel Camoin et ses amis : les chemins d'Aubagne.

IMAG0755milou

Lucien Pignol sera sûrement de la partie avec la déception du Fauge.

D'autres troubaïre sont également inscrits dans ces chemins d'Aubagne  où l'on ne manquera pas de donner un coup de chapeau au président des Troubaïre, le poète provençal Robert Bruguière.

  brug-2010.jpg

 

 

 

 Article: Nicole Manday

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 11:02

La prov article

 

 

Merci La Provence !

de soutenir notre action par cet article bien imagé...

Interview matinal de Denise Biondo  et Danyel Camoin sur le stand décoré par Denise

Assistée par le passage d'adhérents dont Gaël Angelis, Jeanine et  Albert Borelli, Rosette Escoffier,

Rose-Marie Palun, Simone et Joseph Lévonian.

 

Provence-poésie fêtait son premier anniversaire dans la fête des associations.

Le samedi 10 septembre, une semaine avant la réunion des adhérents à qui l'association a offert une soirée pizza-textes le 16 à 17h00 avec la remise de prix du concours interne. (voir article : Une bougie...)

Le stand de Pp  à droite en partant de l'horloge sur le cours Barthélémy distribuait des réglements pour le nouveau concours : Inspiration libre. Possibilité aussi de feuilleter les nouveaux livres de l'association et de cueillir des renseignements.

 

Magali Giovannangeli, Présidente de la commauté d'agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Etoile s'est aperçue sur les photos exposées de la remise des prix lorsqu'elle est passée saluer notre stand accompagnée par Daniel Fontaine, maire d'Aubagne et vice-président du conseil général.

 

Difficile tour d'horizon de la multitude d'association réunies de l'horloge jusqu'au stade ; à signaler toutefois parmi tous nos amis de L'olive et l'olivier, Au bout du conte,  les amis du vieil Aubagne, Art et musique 13 et le piano itinérant.

Signalons aussi notre rencontre avec Pause récréation et Allauch Country.

 

La journée s'est terminée par un verre sous les platanes en compagnie de Marie -George Pruneau, conseillère municipale déléguée à la vie associative et des souriantes hôtesses de la maison de la vie associative.

mg 

 

fête asso

stand-1.jpg 

 

 

 

 

 

 

Article Nicole Manday

Partager cet article
Repost0
5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 16:23

evol2002.jpg

Arts-et-lettres-1.jpg

 

arts-et-lettres-2.jpg

 

 

 

 Nicole Manday et Danyel Camoin présentent un avant goût de leur prochaine collaboration : au-delà du seuil…

 

  Evolution 2022

 

(Ce conte d’anticipation a été primé au concours de Arts et lettres de France)

 

 

            Thierry soupire en tirant son attelage de fortune sur la côte recouverte d’un manteau cotonneux où seules deux tranchées tracent son passage. Par temps clair, de ces hauteurs, on voit la ville  dans la plaine jusqu’à la mer, mais là, la vision est trouble.  La seule couleur qui domine la crête voisine le blanc, la blancheur dans tout son camaïeu. Dire qu’il était venu habiter là parce qu’on lui avait dit que la plaine marseillaise risquait une énorme inondation ! C’est vrai qu’en l’an 2000, il a failli mourir noyé dans sa voiture et s’est échappé en sortant à travers sa portière avec une atroce angoisse car il nage très mal à cause d’un problème d’articulation. Depuis les dérèglements climatiques, il existe tant de zones inondables…

 

 Le village est isolé à cause de la neige depuis plusieurs jours. On n'avait jamais vu une couche aussi tenace et rien n'avait été prévu. D'habitude, elle fondait au bout de quelques heures. Il ne neige plus depuis trois jours déjà, et les cinquante centimètres se maintiennent. On a dégagé la route à la pelle ; les chasse-neige ne montent là que par le chemin charretier élargi. Selon la volonté du maire, tout avait été conservé pour le site touristique, un des meilleurs revenus de la petite commune, mais en hiver, il faut peiner pour monter « le lacet », c'est ainsi qu'on avait surnommé la côte à virage dangereux souvent verglacée.

La camionnette de l'EDF a basculé dans le petit ravin et, à moins d'intervenir en hélicoptère, les sociétés extérieures, qui ont déjà beaucoup de travail ailleurs, ne peuvent rétablir le courant sur les poteaux ; le poids de la neige a cassé les fils. Le maire disait depuis longtemps qu’il fallait câbler le réseau mais cela n'avait toujours pas été fait et les derniers habitants l'accusaient de promesses électorales. Le malheureux député vient de mourir en dérapant, sa tête a heurté un pylône.

Rien que des poteaux en ciment ! Aucune utilité dans le foyer… Pense Thierry.

Nombreux parmi les villageois étaient partis habiter dans les villes, mieux défendues contre les intempéries. Celles-ci redoublaient depuis laissant penser que la planète tout entière était en colère.

            Thierry, employé municipal, a été choisi dans le but de convaincre chaque propriétaire environnant de donner des provisions et de quoi se chauffer pour le bien de tous. C’est le regroupement communal d’intérêt public qui décide : c’est fou ce que les politiciens savent trouver des mots nouveaux enjolivés à seule fin de dire qu’on est dans « la merde » pense Thierry  qui s'est mis en demeure de trouver du bois pour la salle publique. On y recueille les sans-abri qui ne peuvent rejoindre un habitat correct et ceux qui ont déserté leur logement beaucoup trop isolé en préférant donner ce qu’ils avaient en communauté.

 

Lorsqu'il arrive chez Marie-Madeleine, il s'attend à être refoulé mais elle lui ouvre en ronchonnant sur le fait qu'elle n'a toujours pas de courant : la belle chaudière qu’on lui a installée ne démarre plus malgré le fioul en réserve... Vêtue de noir jusqu’au pied, à l’instar d’une nonne sans coiffe, elle se prend pour une sainte rattachée au blason de sa famille de haute noblesse autrefois. Thierry lui dit que même le réseau fourni par les éoliennes n'alimente plus la maison du peuple parce qu'il n'y a plus de vent. Les nouveaux systèmes de chauffage comme les anciens basés sur le courant ne fonctionnent donc plus. Il faut utiliser les anciennes ressources. On remet en action les cheminées, le bois, les inserts et le charbon de bois qui permettent de tenir plus longtemps. Dans l'entrepôt adjacent à sa maison, sont entassés de vieux meubles, il lui propose de les brûler.

La vieille s'écrie qu'il est fou ! Ce sont des chaises et des bahuts de prix ; du Louis XV authentique ! Des meubles venant de sa famille. Thierry dit que si la situation persiste, elle sera bientôt condamnée à mourir, alors Louis XV ou pas, ce n'a plus d'importance ! La vieille le traite de malotru et le chasse à coups d'ombrelle. Thierry pense que même Guy De Maupassant aurait brûlé ses livres par instinct de survie mais la veuve s'accroche à quelques stères de bois parce que celui-ci s'appelle Louis, peu importe le chiffre ! Patrimoine, patrimoine, s'il a tant de valeurs, elle aurait dû le vendre à la ville au lieu de l'entasser le laissant, peu à peu, « bouffer » par les termites. Il pense encore au superbe feu de joie que donnerait la commode devant les yeux brillants des enfants, eux qui « crèvent » de froid dans la salle commune nourris au chocolat chaud sucré. Il ramasse sur son chemin quelques brindilles et une branche cassée un peu trop verte.

            Dans l'orage qui a précédé la neige, le sol s'est enfoncé à cause de zones dépourvues d’arbre qui favorise le glissement et les éoliennes qui garantissaient le village ont descendu la pente dans un glissement de terrain. On croirait que Dieu ou la terre elle-même veuille punir le village ! Sur la place, narguant la commune, le bonhomme de neige construit par les enfants sourit. La carotte qui lui sert de nez brille au soleil et sa neige se lisse pareille à un costume de cristal ; il ne fond même pas sous le soleil qui perce parfois le rideau de nuage semblant n’être là que pour éclairer la fin du village.

 

Thierry a atteint la dernière habitation au sommet : la maison de l'ermite. Sa petite remorque attachée au bœuf qui la tire dans la neige, à l’instar d’une luge, renferme les quelques morceaux de bois.  En grimpant sur l’aiguille rocheuse qui la surplombe, on pourrait peut-être se glisser de l’autre côté, en sens inverse de la mer, vers la vallée… Distrait un instant par sa pensée, en attendant, c’est sur la neige glacée devenue dangereuse qu’il glisse.

Un homme tout mince, au nez proéminent en lame de couteau, est sorti dans son grand manteau noir et ses bottines. Tel un véritable corbeau sur le tapis blanc, il a levé les bras à l'horizontale. Marius, le boulanger, le comparait souvent à un épouvantail. Thierry trouve cette ressemblance frappante ; il l’imagine quelques corneilles jacassant autour de lui. Il a prononcé sa fameuse phrase de sa voix très aiguë :

« Laissez-moi me concentrer ! »

Instantanément, il se contracte, les veines de son visage grossissent prêtes à éclater… Là, juste au bout de ses doigts, la neige fond à la façon d’un tapis se roulant en dégageant un moignon de bois. La base d'un arbre, un énorme morceau de tronc apparaît. Il faut l'extraire de là. Malgré sa hache de bûcheron, Thierry ne se sent pas de taille. L'homme noir répète sa phrase et, peu à peu, la base de l'arbre éclate. Le socle se fend, mieux, les racines paraissent sortir de terre et se secouer... Le bois s’écartèle en offrant quelques morceaux plus faciles à charger dans la remorque. L'homme saisit Thierry par l'épaule et lui murmure à l'oreille :

« Moitié, moitié, moi aussi, j'ai une cheminée. »

Thierry est éberlué. Il entre dans la maison en portant une part de bois jusqu'à l'insert qui trône au milieu du séjour. L'ermite lui dit :

« J'ai condamné quelques pièces à seule fin que Mademoiselle et moi subsistions. »

Thierry observe la demoiselle en question : une poupée, une splendide poupée au visage très pâle, presque blanc, qui reproduit bien l'image humaine, inerte, assise à table devant le couvert. Il pense aux articles qu’il a lus sur les femmes robots aux Etats-Unis. Une Blanche-Neige rousse mais on n’est pas dans un conte, pense Thierry. D’un mouvement mécanique, l’automate pose ses deux mains aux ongles faits sur le bois de chêne qui aurait durablement garni la cheminée... Cependant, l'ermite a suffisamment donné ce jour.

            Le maître de maison lui offre un verre de vodka qui lui réchauffe l'intérieur, presque une brûlure d’estomac et pourtant il sait boire ; il est vrai que la température extérieure peut entraîner un choc thermique. Après l’avoir avalé, il se met en devoir de redescendre jusqu'au village dont il pense s'être beaucoup trop éloigné. Sans le soleil, la pente serait encore plus dangereuse.

Lorsqu'il reprend le petit couloir, par une porte entrouverte, il croit entrevoir la poupée debout devant un miroir peignant ses longs cheveux bouclés. Il s'arrête interdit au niveau de la porte d'entrée. Il recule discrètement de quelque pas, puis deux autres par la porte intérieure et il ne voit que sa propre image dans le miroir : la fille a disparu ! Il pense qu'il n'a plus l'habitude des alcools forts. Il sort. Il reprend le bœuf par la bride pour le faire tourner et redescendre dans la direction du village mais, juste ce moment, il voit bouger les rideaux de la fenêtre de la maison et, là encore, il croit voir la poupée derrière les carreaux. Il ferme les yeux, secoue sa tête et tire l'animal pour s'en aller...

Derrière les carreaux concernés, l’homme en noir s'approche de la jeune fille et lui glisse doucement à l'oreille :

« Non, ma belle, il ne vit pas dans notre monde. Il est comme les autres humains, trop matérialistes ! Il vaut mieux l’oublier ! »

Si Thierry le voyait, il penserait simplement qu'il tient dans ses bras une poupée, d'un mètre soixante sur escarpins, dont la texture imite à la perfection la peau humaine, portant une coiffure rousse de marquise. Encore Louis XV, décidément…

            Mais le brave homme est déjà loin déplaçant sa stature en cahotant dans la neige et les pierres. La main crispée sur la bride, il dirige l'animal. Il s’arrête un instant devant un cylindre bosselé, un tronc d’olivier qui a échappé à la cognée des nouveaux bûcherons. Les branches ont été coupées. Ils l’ont cru mort et ont craint qu’il ne soit qu’un refuge aux fourmis rouges.

Pourtant, là, en haut, une petite feuille trône dans un vert de gris impeccable, elle a osé poindre voulant sans doute annoncer le printemps et le léger vent la fait pointer vers l’aiguille rocheuse derrière la demeure de l’ermite, c’est par-là le salut. Thierry hésite un instant puis il arrache la feuille, il vaut mieux que les autres ne voient pas que l’arbre vit encore.

 

            Il continue son trajet et passe ainsi devant le bonhomme de neige qui paraît se moquer de lui. S'arrêtant un instant, il ramasse de la neige, en fait une boule, la jette en visant la carotte mais il a l’impression que la boule rebondit contre le bonhomme sans altérer son costume blanc ou son visage immobile, imperturbablement souriant. Plus rien n'est logique ; la nature semble révoltée et donne aux gens une image de sa supériorité magique. Il y a sûrement une raison mais Thierry n'est pas un savant, il se contente de ramener son bois.

Particularité incompréhensible, les portables ne reçoivent plus. Depuis la bourrasque, il semble que les ondes ne franchissent plus le col enneigé. L'isolement est parfait. On ne sait plus si le reste du monde est dans le même état : plus de télé, ni de radio. Les automobiles ne roulent plus. On ne voit plus un seul oiseau voler et les chiens ont dû être enfermés parce qu’ils ne s’arrêtaient plus d’aboyer. Marius le boulanger dit que le monde est en marche arrière.

 

Au bout de quelques jours, affreusement, plusieurs enfants sont morts de froid et maintenant d'autres vont mourir de faim car les provisions manquent, le lait de vache est insuffisant pour compenser et le chauffage reste toujours aussi difficile… Les vaches, elles-même menacées, mangent la paille qui les protégeait du froid : on n’est plus au temps où le bœuf réchauffait le nouveau-né en soufflant. Les bêtes sont victimes aussi de la faim des hommes et la salle des fêtes dépourvues des banquets de mariage, située plein nord, est transformée en abattoir où œuvre le boucher.

Thierry décide de remonter à la maison de Marie-Madeleine. Il est sûr de trouver de quoi manger pour les enfants. Cette fois, il parvient à convaincre la vieille femme de le laisser entrer. Même s'il ne parvient pas à lui faire lâcher ses meubles, il repart avec quelques bocaux de conserves qu’elle a bien voulu donner pour les enfants.

Mais lorsqu'il rejoint ses camarades, il ne trouve pas la compréhension à laquelle il s'attendait. Ne respectant pas la priorité que Thierry destinait aux enfants, les hommes se servent eux-mêmes dans la brouette qu'il ramène chargé de nourriture et au sortir d’une violente dispute, il est repoussé par le nombre avec une bosse au front. Une barre de fer l’a frappé et les hommes en général  ne le jugent plus digne d'être leur représentant. Un vieux patriarche réussit à convaincre Marius le boulanger,  dont le four à pain est stoppé par manque de farine, de prendre sa place et d'emmener tout le petit groupe à l'assaut de la maison de Marie-Madeleine pour récupérer le bois et la nourriture qui deviennent indispensables.

 

Lorsque Thierry reprend connaissance et se précipite sur le chemin à son tour, il a trop pris de retard. Il ne rejoint la vieille dame que pour cueillir son dernier soupir. Sa demeure a été mise à sac et les meubles chargés sur une charrette ont été conduits à la maison du peuple. La vieille dame résistant mal au coup qu'elle a reçu préfère mourir plutôt que d’assister à la suite de la tragédie : elle s’éteint dans les bras de Thierry. Juste à ce moment-là, une partie de la maison délestée de ses piliers en bois s'écroule sur lui. Il doit abandonner le corps de la vieille dame s’il veut pouvoir s'en sortir.

Enragé par sa colère, Thierry poursuit les autres hommes. Il s'en suit un combat sanglant contre Marius le boulanger. Il faut pourtant se rendre à l'évidence. Même Marius hors de combat, le patriarche incite toujours les autres à ne plus considérer l'avis de Thierry. Ecœuré par ses compatriotes celui-ci s'en va avant la tombée de la nuit qu'il va passer dans la partie encore debout de la maison de Marie-Madeleine dans laquelle il trouve des provisions dont il charge son sac à dos.

Il a pris sa décision. Au lever du jour, il partira dans la montagne et s'il arrive à redescendre sur l'autre versant, il verra bien s’il y a encore une possibilité de vie de l'autre côté en dehors de ce grand manteau blanc. Au passage, il demandera de l'aide à l'ermite puisque, paraît-il, celui-ci a un pouvoir magique : une sorte de sorcier moderne qui lit dans le marc de café et les nuages dans le ciel. Ce dernier avait prévenu le maire des risques encourus par les villageois.

 

Comme prévu, le lendemain matin Thierry se met en route, seul, avec son sac à dos chargé. Il parcourt le chemin qui le sépare de l'Ermitage. Cependant, il entend derrière lui un brouhaha quasiment anormal. Une horde sauvage semble de nouveau monter le chemin pour venir cette fois chez l'ermite. Il doit accélérer le pas afin d’aller le prévenir.

 

Quand il a atteint l'endroit, il appelle de l'extérieur. Personne ne sort. Il a pourtant l'impression qu'un rideau a bougé. Il est persuadé d'avoir aperçu la silhouette féminine qu'il a déjà vue avec la coiffure de marquise qui ressemble à celle de la poupée. Il faut qu'il rentre dans la maison, il faut qu'il parle à l'ermite. Il a l’impression que quelque chose s’est passé. La neige semble commencer à fondre…

Il frappe à la porte d’entrée : elle s’ouvre lentement en grinçant. Il parcourt le couloir vide. Lorsqu’il trouve le corps étendu devant la cheminée, Thierry est très étonné. Le cadavre paraît se dessécher à vu d’œil : on dirait qu’on lui a retiré la vie avec un aspirateur. Son visage est creux à la manière d’un  masque ! Pas de sang ni de blessure quelconque ! Mais ce qui est le plus étrange, c'est que cet homme qui impressionnait tout le monde… n'était qu'une femme ! Une sorcière ?

Le corps tout desséché de l'ermite laisse bien voir l'absence de sexe masculin sous les rares vêtements qu'il, ou elle, portait sous sa grande cape noire. Pas d'affolement ! Il faut rester calme. Thierry entend un bruit alors que la maison lui paraissait vide. Il se dirige vers la porte où il a déjà cru voir quelqu'un devant le miroir et là, miracle ! Une femme, une très jeune femme se dresse devant lui sur de hauts talons. C'était elle, c'est la poupée ! Il la reconnaît à sa coiffure de marquise mais elle est bien vivante ! Il pose sa main sur elle et caresse ses cheveux ; des vrais cheveux ! Il pense à cette histoire de marionnette de bois qui se transformait en petit garçon qu’on lui racontait autrefois.

De la folie ! Mais une telle femme, une peau pareille sans maquillage n’existe pas au village, aucune n’est aussi… Enfin, nombre d’entre elles ont des poils sous les bras et même un peu de moustache ! C'est incompréhensible. Il sent la chaleur de son corps. Il retire sa main en s’excusant.

Les autres vont arriver et tout détruire... Il faut la sauver. Il la soulève par la taille et l'assoit sur une tablette. Il lui enlève ses chaussures à talons tout en caressant ses petits pieds froids. Il lui dit qu'il lui faut des chaussures différentes et plus chaudes. « Il faut que nous partions d'ici. Les villageois sont en colère : ils vont tout casser ! » Il récupère les chaussures et la cape noire de l'ermite. Il chausse la jeune fille et lui rabat la capuche sur les cheveux. Ensuite, il la repose sur le sol et ferme la cape sur sa poitrine. Elle court vers la bibliothèque et en sort un gros livre à reliure rouge doré. Il lui répète : « Il faut qu'on sorte d'ici discrètement ! » Elle murmure :

 «- Mais, c’est le livre !

-Bon, on le mettra dans le sac. »

Elle le regarde étrangement fourrer le livre avec le reste, puis, le prend par la main et le conduit vers une porte condamnée... Là, elle appuie sa main contre la paroi et une partie de la murette paraît basculer, leur ouvrant un passage dans une sorte de hangar qui donne sur l'extérieur. Lorsque Thierry parvient à la porte vitrée, il actionne le penne mais la porte est fermée et la clé n'est pas là. La jeune fille lui chuchote à l’oreille :

« Laisse-moi me concentrer. »

Thierry la regarde intensément : les mêmes paroles ! Elle  fronce les sourcils, les bras tendus, son front et ses joues se gonflent de veines bleues et rouges qui enlaidissent son visage durant un instant. Elle pose sa main sur la serrure et le penne glisse, leur ouvrant la porte. Elle lui dit :

« Maintenant, on peut partir !

-Comment t'appelles-tu ?

-Claude...

-Mais Claude, n'était-ce pas le prénom de... »

Il pense à l'ermite mais ne sait plus comment il doit l'appeler. Claude, c'est à la fois un prénom de femme et d'homme. Est-ce que la poupée a pris l'identité, voire la vie de l'ermite qui était en fait une femme ? Sa créatrice, donc sa mère ; quelquefois la laideur engendre la beauté…

Autant cette femme ignorée était laide et autant la poupée est jolie, sauf que ce n'est plus une poupée c'est vraiment une femme ! S'il avait eu plus de temps, Thierry serait peut-être resté là à se poser des questions à examiner la chose avec plus d’attention mais le temps presse alors il la prend par la main et il court avec elle au-delà du jardin dans la direction de la montagne. Il se souvient de la feuille de l’olivier !

Sur son dos, il a de quoi survivre quelque temps. Mais après ?

 

            Les voix des autres résonnent en bas de la pente, ils ont perdu du temps, ils se sont attardés à détruire le bonhomme de neige à coup de barre à mine et de hache. Il leur a fallu longtemps, tellement longtemps que c'est inimaginable que de l’eau condensée puisse autant résister à la supériorité de l’humain. Le vieil homme qui les mène n’en revient pas ; il est si fatigué qu'il retarde la meute. Il traîne. Cette horde sauvage ne pense qu'à tout massacrer alors qu'à la suite d’un pareil orage, il aurait fallu plutôt s’entendre et reconstruire...

C'est bien ce que pense Thierry et lorsqu'il s'arrête afin de grignoter sur la montagne avec sa jolie partenaire, il ne peut s'empêcher de se dire qu'il a maintenant près de lui celle qu'il lui faut pour tout recommencer : une jolie magicienne ! Mais d’une certaine façon, toutes les femmes sont des magiciennes, non ?

 

Lorsque la horde sauvage pénètre dans la maison de l'ermite et commence à tout casser en cherchant l'homme et la poupée, un des grands chandeliers renversés met le feu aux rideaux et personne ne sort vivant de la maison dont les poutres s'écroulent sur les survivants.

Thierry regarde Claude. Comment pourrait-on penser qu'elle soit à la base de ce massacre ? Elle n'a pas bougé, à côté de lui, elle n'a pas fait un geste, elle a seulement regardé intensément la maison s'écrouler avec dans les yeux une lueur verdâtre luisante qui changeait la couleur de ses pupilles, et, maintenant, elle se blottit  telle une petite fille contre le seul homme qui peut l’amener de l'autre côté de la montagne. Il a les épaules et la carrure pour le faire et pour recréer de l'autre côté avec elle. Elle ? Mais qu'est-elle vraiment ?

Après tout, est-ce que cela a vraiment une grande importance en cette occasion ?

 

Ils marchent longtemps. Ils escaladent, glissent, se rattrapent. Les mains écorchées par les rochers, ils persistent… Thierry sent soudain ses joues rougir. Il a chaud. Sur le versant opposé de la colline, un courant chaud les surprend. Le soleil darde sur un ciel sans nuage comme si ceux-ci restaient accrochés à la crête au moment de leur arrivée. Impossible de supporter les vêtements d’hiver ! Décidément, la planète…

Claude se débarrasse de ses habits. Il en fait autant. L’air est chaud…

Un peu plus loin, une cascade coule du rocher ; ils vont l’utiliser comme douche.  Il la regarde. Un air serein coule avec l’eau sur son visage. Maintenant, ils sont deux, comme à la création, bien décidés à reconstruire, et là-bas, de l'autre côté des monts, au plus loin que l’homme puisse voir, la plaine est verte et dépourvue de neige. On voit même des arbres qui portent des fruits…  et des petits oiseaux qui chantent dans leurs branches !

Un monde meilleur ?

 

 

 

 

 

Ecrit par Danyel Camoin en 2009

D’après une idée originale de Nicole Manday inspirée par Au seuil de l'inexplicable

Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 13:21

Louis et Monique Moulet, resplendissants parmi une assemblée formidable de conteurs, nous ont fait rêver, ont dit Danyel Camoin et Denise Biondo après avoir suivi le fil au bout du conte...

Provence-poésie les remercie de cette invitation à la découverte.

moulet-pub.jpg

 

Partager cet article
Repost0
5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 11:12

Encore une fois la nouvelle est à l'honneur dans le recueil : Au fil des mots.

Moins expansif que la première fois où il publiait 101 nouvelles dans une réception gigantesque, le recueil de Gémenos révèle des talents dont certains figurent déjà dans les pages de notre blog.

Provence-poésie a particulièrement remarqué (coup de coeur) parmi les nouvelles sélectionnées et publiées dans le recueil :

Les nouvelles de Erine LECHEVALIER (deuxième prix : une journée inoubliable), de Denise BIONDO ( une journée d'enfer) et surtout celle d'un nouvelliste de douze ans : Timoté BERGE (Elisabeth II).

Provence-poésie  qui les félicite publiera ces trois nouvelles dans nos pages. Voir ci-dessous.

Denise Biondo avait remporté il y a deux ans le troisième prix à Gémenos (pour Insolitude).

Signalons la sortie prochaine de son recueil : Au bout des Doigts édité par Provence-poésie.

Signalons aussi les premiers prix de Au fil des mots : Loïcia Bluteau (14 ans : inspiration) et Emmanuelle Della Monica (matin pressé). Bravo à tous !

 

 

erine-gem.jpg

news-gem.jpg

ELISABETH  II

 

Timoté BERGE 

 

Dans un château entouré d’un jardin magnifique où poussent de splendides roses, iris et tulipes, vivait Elisabeth II.

C’était une reine très jolie, aimée et admirée de tous mais elle avait un terrible défaut : elle avait toujours raison et n’écoutait jamais personne.

Un jour, un soldat faisant partie d’une patrouille d’une cinquantaine d’hommes revint seul et effrayé.

On le conduisit jusqu'à la reine et il raconta qu’ils avaient été attaqués par des assaillants d'une violence extrême et qu’il était le seul survivant. La bataille avait été rude et sanglante.

Le maréchal dit à la reine qu’il fallait construire la muraille la plus solide qui puisse exister sur cette terre. Elle lui répondit que le château était indestructible et qu’une toute petite muraille suffirait.

Elle fut faite tellement rapidement que dans l'heure qui suivit, elle s’écroula sur les ouvriers.

 

Le maréchal voulut faire faire à tout prix un entraînement intensif à ses soldats mais la reine lui répondit que tout le monde, soldat compris, devait participer à la fête nationale. Le maréchal essaya de négocier avec la reine qui refusa et s’éloigna en riant : « Un entraînement le jour de la grande fête, avez-vous déjà vu cela dans ce royaume ? ». Or les soldats burent beaucoup. Ils furent incapables de se battre.

La reine ordonna de faire poser des centaines de pièges mais un soldat ivre les déclencha tous en tombant dessus.

 

Le lendemain les assaillants attaquèrent le château sans défense. Ce fut un vrai carnage. La reine, les soldats et tous les habitants furent tués.

 

Le surlendemain, le jardinier de son prénom Pitit Jack s’aperçut que la fourmilière avait été détruite par des termites.

Quand on n'est que la reine des fourmis et qu'on en fait qu'à sa tête, voilà ce qui arrive.

 

 

Elisabeth II (avec l'autorisation de Carole BERGE, lauréate Provence-poésie 2011 pour Opération Blanche-neige )

  

Timoté BERGE

12 ANS

13420 GEMENOS

 

 

 

UNE JOURNÉE INOUBLIABLE

©

D’Érine LECHEVALIER

Chaque fois que Lucien pénètre dans cette forêt, des frissons parcourent son corps et

un mal-être l’envahit. L’odeur entêtante de la terre et des arbres lui donne la nausée.

Cependant, il se force à y venir mais il ne va jamais plus loin que le vieux chêne. Sa douleur

s’amplifie et son coeur saigne lorsqu’il aperçoit à travers les arbres, la clairière ensoleillée. Le

soleil estival réchauffe ce petit bout de terre où une brise légère caresse les pétales délicats de

coquelicots qui poussent et s’épanouissent sans retenue.

 

Les pluies diluviennes de ces derniers jours ont provoqué des dégâts dans les

alentours et la forêt n’a pas été épargnée. La foudre s’est même abattue sur le vieil arbre, le

fendant complètement de haut en bas l’amputant d’une partie de ses branches. Depuis, cellesci

barrent le chemin qui mène à la clairière.

 

Lucien ne se déplace jamais sans sa canne, son soutien depuis dix ans maintenant.

Elle l’aide non seulement à marcher mais lui permet de chercher ce que son épouse lui

réclame depuis des jours. Alors pour lui faire plaisir, il est là les yeux rivés au sol, traînant sa

jambe invalidante tout en évitant soigneusement les feuillages trempés de rosée. Mais las de

cette recherche infructueuse, Lucien s’appuie contre l’infirme séculaire pour se reposer, sa

canne glisse mais il ne la ramasse pas. Il tend son visage vers les rayons du soleil qui jouent

avec les feuilles tout en écoutant le chant des oiseaux et celui très distinct du coucou. Un peu

plus loin, il entend les bois des cervidés qui s’entrechoquent ainsi que le brame puissant du

vieux cerf. Celui-ci prévient les plus jeunes que cette année ils devront compter encore avec

lui.

Lucien s’apprête à s’en aller quand, en se baissant pour prendre sa canne, son regard

est attiré par quelque chose qui scintille à l’intérieur même du tronc. Il s’agenouille non sans

difficulté malgré la douleur qui monte le long de sa cuisse et de sa colonne vertébrale.

L’émotion est telle qu’il ne peut s’empêcher de trembler et de crier sa douleur. Il sent son

corps s’engouffrer dans un tourbillon infernal tandis que, privé de ses forces, il s’écroule sur

le sol humide.

Il entend le rire des enfants qui gambadent dans la clairière et l’orchestre champêtre

qui joue un peu plus loin. Dans cette cacophonie musicale, il reconnaît parfaitement le son

doux et envoûtant du hautbois.

 

Comme tous les ans à la pentecôte, les habitants du village se réunissent pour piqueniquer.

Tôt le matin, des volontaires ont chargé les chaises et les tables dans le camion du

laitier puis les ont transportés sur le terrain habituel et, malgré les restrictions que la

population subit depuis trois années, chacun se débrouille comme il peut pour apporter de

quoi régaler tout ce petit monde. Les premiers arrivés sont le médecin et son épouse sur leur

tandem, les plus petits n’ont jamais vu un tel engin et veulent se hisser dessus pour l’essayer.

Ainsi, guidé par le responsable, ce vélo devient une attraction bien agréable pour les bambins.

Finalement, lorsque les cloches de l’église sonnent midi tout est fin prêt pour accueillir les

villageois. Un sympathique concert de sonnettes annonce encore des retardataires qui arrivent

pendant que d’autres, un peu essoufflés viennent à pied, ce chahut bon enfant promet une

journée mémorable. Entre temps, quelques parents installent les tout-petits sur une grande

couverture au milieu des coquelicots pendant que les fillettes font la razzia de ces fleurs

fragiles, oubliant un instant que le suc laiteux tachera irrémédiablement leurs jolies robes du

dimanche ainsi que leurs mains. Quant aux plus grands, ils jouent à cache-cache en se

dissimulant derrière les adultes ou les arbres.

 

Le village possède sa propre formation musicale et, après le repas champêtre elle se

réunit pour jouer quelques airs pour le plus grand plaisir de tous. Quelques musiciens sont

restés assis pendant que d’autres ont choisi de jouer debout, il fait si chaud que certains ont

retiré leur veste.

Depuis l’âge de huit ans Lucien va au conservatoire de musique. Talentueux et à

l’aise avec la plupart des instruments, ses parents voient en lui une carrière prometteuse de

musicien. La veille, jour de sa communion solennelle, il a reçu en cadeau un hautbois. Il

nécessite une grande maîtrise pour en jouer correctement et Lucien aime beaucoup sa

sonorité. Son père — prénommé comme son fils, est fier de lui et a pour l’occasion, sorti son

appareil photographique pour immortaliser l’événement.

Une farandole se forme et vient encercler les musiciens. Tout en sautillant et en

chantant quelqu’un prend le bras du jeune garçon pour l’entraîner dans la danse. Il se plie de

bonne grâce non sans avoir remis l’instrument à son père pour libérer ses mains. La chaîne

humaine s’élance dans la clairière et tourne autour des tout-petits sous les applaudissements

des anciens qui préfèrent rester assis bien sagement à l’orée du bois.

Soudain un son étrange venant de nulle part se fait entendre. La musique s’arrête et

la farandole s’immobilise. Chacun cherche d’où vient ce bruit assourdissant, les jeunes

adolescentes cessent de cueillir les coquelicots et lèvent les yeux au ciel. Une escadrille

d’avions de combat vole à basse altitude et pique droit sur eux. Sur le coup, les habitants

restent cloués sur place quand brusquement une salve d’artillerie fait voler en éclats la terre et

la végétation. La panique s’empare alors des villageois qui courent vers leurs petits pour les

mettre à l’abri mais les avions pilonnent ce petit bout de terre atteignant sans pitié les cibles

humaines.

Le jeune Lucien ne comprend pas ce qui arrive. Il porte ses mains à sa poitrine et

s’écroule à genoux. Terrifié, il regarde autour de lui et voit ces petits corps sans vie. Il cherche

du regard ses parents et aperçoit son père blessé grièvement aux jambes qui rampe vers lui

avec beaucoup de difficulté. Sa mère se tient debout, par miracle elle n’a pas été touchée. Le

père rejoint enfin le fils qui baigne dans une mare de sang et le prend dans ses bras mais déjà

la mort voile ses yeux. Il l’appelle et le secoue pour qu’il revienne à lui mais en vain. Il le

berce contre son coeur et pleure comme jamais il n’a pleuré.

Le souffle impitoyable de la mort se répand doucement, sournoisement dans la

clairière rougie du sang des innocents. Les plaintes finissent par se taire définitivement pour

laisser place à un silence oppressant. Ce jour de pentecôte 1943 devait rester à jamais une

journée inoubliable.

 

Lucien met ses mains sur ses oreilles mais il entend toujours l’écho de leurs cris

enfantins. Il veut mourir mais la mort fait la sourde oreille et préfère le laisser dans sa

souffrance. Tant bien que mal, il se redresse avec l’aide de sa canne, et, dût-il couper le vieux

chêne en menus morceaux il le ferait sans aucun remords. Il réussit cependant à arracher des

fibres centenaires ce qui l’avait tant bouleversé un peu plus tôt ; le hautbois de son fils

disparu.

 

FIN

Concours de nouvelles (Nouvelle protégée le 10.02.2008).

UNE JOURNÉE INOUBLIABLE Érine LECHEVALIER

 

 

Une journée d’enfer

 De Denise BIONDO

 

 

            Et ça continue ! Jean veut se faire un café et, juste à ce moment-là, sa femme l'appelle et lui reproche d'avoir laissé le robinet de la baignoire ouvert. Le ton monte... Il est pressé. Une dispute de plus ! Et dire qu'autrefois, il se mirait en prince charmant dans les yeux noisette de sa compagne ! Elle disait alors : « Comme toi, on n’en fait plus, on a cassé le moule ! » Cette phrase a disparu de ses répliques: elle aussi est stressée. Ils s’agitent tous deux comme des marionnettes manipulées par les banquiers.

 

Déjà de bon matin tout va mal... Il est fatigué car il a mal dormi. Toujours débordé, surchargé de boulot, il reste surexcité par habitude. Il a glissé sur sa savonnette en prenant son bain. Une douleur au bas des reins va accompagner sa journée !

Il veut cuire un oeuf pour son petit déjeuner mais quand il le pose sur le plan de travail, celui-ci se met à rouler jusqu’au bord… C’est la chute ! Une omelette immangeable s'écrase sur le sol !

Le téléphone sonne. Il décroche : une voix d'homme veut parler à Madame. Qui est-ce ? Il le lui demande. Son coiffeur ! Elle a rendez-vous avec lui juste avant le boulot ! Il paraît sceptique. Il trouve qu'elle se fait un peu trop belle pour aller travailler. C'est vrai, il ne l'avait pas remarqué mais elle est presque en tenue de soirée. Cette robe noire qui la mincit, ce décolleté, publicité évidente pour le lait maternel, et ses orteils soignés, nacrés, qui scintillent presque entre les lanières dorées des escarpins ; est-ce une tenue de travail ? L’an dernier, elle partait en jean et en tee-shirt.

Il la questionne. Elle affirme vouloir se sentir bien dans sa peau pour affronter le stress de sa journée. Elle a sûrement un amant profitant que le vilain mari est débordé et n'a plus le temps de lui susurrer une romance. Qui est-ce ? Un chômeur. Ils ont tout le temps ces gens-là ! Il y en a de plus en plus ! À moins que ce ne soit le coiffeur, lui-même, sous son faux air homosexuel, il en pince peut-être pour ses rotondités !

 

La cafetière déborde et inonde le brûleur à gaz qui s'éteint. Il faut nettoyer ! Peu après, en réfléchissant un instant, il trempe trop longtemps son croissant qui se sépare en deux parties dont une l'éclabousse en plongeant dans le bol. Il n'a plus qu'à changer de chemise avant de mettre sa cravate.

Ses chaussures ! Il y a longtemps qu’elles n'ont pas vu de cirage. Un frottement sec et rapide contre le mollet de son pantalon, ça suffira ! Il tousse. Il cherche le flacon de sirop. Quand elle lui indique son emplacement, il est vide ! Une bonne gorgée de whisky fera l’affaire. Et le portable ? Où s’est cachée cette machine ? Le voilà dans les coussins du canapé ; on n’a pas idée…

 

En plus, ce matin, aucune crèche ! Il doit amener sa fille de trois ans chez sa belle-mère pour qu'elle la garde parce que Madame pressée n’a pas le temps de l’accompagner. Il emporte donc le fauteuil spécial. Il porte la fillette pour aller plus vite et l'installe à l'arrière de son automobile. Voilà, ainsi harnachée, elle ne risque point de s'échapper ! Il vaut mieux : elle s’endort souvent en voiture. En route vers Mamy ! 

 

En chemin, il va s'arrêter au tabac pour acheter son paquet de Marlboro. Hélas ! Le stock paraît épuisé. Il gesticule en criant : « Qu'attendez-vous pour renouveler : la grève des fumeurs ? » Furieux, il reprend donc le volant et continue son trajet en maugréant contre les encombrements routiers. Il mâchonne une allumette. Il se sent déjà étouffé par sa cravate. La canicule s’annonce. Heureusement, au bureau, il aura la ‘’clim’’. Les yeux sur la route, il détaille par avance la journée qui l’attend.

Lorsqu'il arrive en retard devant son usine, Il aperçoit un attroupement anormal qui s’intensifie ; cela finira par devenir une habitude. Les syndicats ont voté la grève. Il bondit hors du véhicule. D'un « clic » de sa clé, il verrouille les portes sans se retourner. Il doit se frayer un chemin au milieu des grévistes qui agitent leurs banderoles de revendications. Il ne peut leur en vouloir : il y a trop de licenciements. Compression de personnel ! Lui-même risque d'en être menacé.

Et le pire ne décevant pas, il imagine déjà les bâtiments déserts sans personnel, les machines revendues qui fuiraient par camion. Le désastre !

 

Une secrétaire se précipite vers lui dès son entrée pour le rappeler à l'ordre. Il subit ensuite les reproches de son patron parce qu'il est en retard à la réunion administrative. Et voilà, comme d’habitude, on perd du temps à discuter pour décider de la date d'une autre réunion qui solutionnera l'avenir. Pourquoi pas celle-là ?

 

À la sortie de la salle de réunion, on lui signale un appel de sa belle-mère ; il lui répond de dire qu’il est en déplacement. Au moment de rejoindre son bureau, une camarade le gifle en jaillissant des toilettes, les yeux exorbités et les gestes mécaniques. Il a dû oublier un rendez-vous. « Elle a failli en tomber de ses échasses ! On n’a pas idée de travailler sur des talons si hauts. Elle n’a qu’à chausser des baskets comme la petite blonde du standard. Pour arpenter les couloirs en souriant de la lime à ongle jusqu’au café, ce sera moins éprouvant. »

Plus jeune, il était souriant et « cool » comme ils disent, mais la responsabilité a fait plier son dos.

Le repas, la cantine ? Un sandwiche suffira avec un « coca » au distributeur ! Plus de temps perdu. Il faut qu'il téléphone lui-même ! Sa femme passe trop de temps à son travail et elle n'est plus proche de lui comme avant. Il l’imagine devant son coiffeur. La jolie robe tombe et se froisse sur ses talons…

La sonnerie n’en finit pas. Un répondeur froid lui succède. Il ne parvient pas à la joindre. Elle est toujours en train de répéter qu’il oublie sa famille au profit de son travail, mais n’est-ce pas ce qui les fait vivre ? D'un geste rageur, il jette son portable insatisfaisant dans la corbeille à papier du corridor.

 

Déjà, on le réclame à grands cris. Les dossiers s'empilent. L'heure tourne. Et son téléphone sur le bureau n'arrête pas de gémir. Des clients pressés, sans doute. Il ne décroche pas. Comment satisfaire les commandes quand les ouvriers débrayent ? Tout cela va mal finir...

Il transpire dans sa tenue. Il aimerait être nu au bord d'une plage sous un pin parasol. Et pourquoi pas à l’ombre d’un palmier sur une île ? Il sent un ruissellement sur sa colonne vertébrale. Comment ont-ils donc réglé la « clim » ? Encore une chemise à laver et Madame devient même réticente à déclencher le programme... La vie à deux, tu parles... Après quelques années, les doux mots d'amour se transforment en reproches. Il travaille trop. Il sent ses pieds brimés par les chaussures. Tout se dégrade avec le temps !

Finalement, tant bien que mal, la journée se termine vers seize heures trente. Il est tiré d’affaire pour aujourd’hui, du moins il le croit. Quelques enjambées vers les véhicules toujours garés dans le « parking ». Il rejoint alors sa voiture en plein soleil comme d'habitude. Il s’amuse avec la télécommande pour se décontracter.

Quand il ouvre la portière, il se met soudain à trembler ; il claque des dents. Son visage livide se décompose, il se cramponne à la carrosserie : à l'arrière, sa fille est toujours assise, inerte dans le fauteuil ! Tout semble se figer autour de lui : le temps s'est arrêté ! Elle est déshydratée. Il l’a oubliée dans le véhicule fermé depuis le matin !

 

 Denise Biondo 2010 

 

Cette nouvelle écrite par Denise à la suite d’un fait divers sera insérée dans le recueil : Au bout des doigts   à paraître en mars 2011.
 
Article nicole Manday

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Provence-poésie
  • : Présentation de nouvelles, poèmes et livres de Provence-Poésie avec ses auteurs attitrés : Denise BIONDO, Frank ZORRA, Danyel CAMOIN, Emile MIHIERE, Joëlle SOLARI... Infos sur les lectures-spectacles et les autres activités avec collège ou maison de retraite...
  • Contact

Recherche

Liens